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Transcription de la cassette audio  de Maria SIMMA :

« Les âmes du purgatoire ont dit ».

 
 
 
 
 

Je connaissais un jeune homme qui avait une vingtaine d’années, dans un village à côté du mien.
 
            Le village de ce jeune homme avait été cruellement meurtri et endeuillé par une série d’avalanches qui avait tué énormément d’habitants. Et puis un soir ce jeune homme se trouvait dans la maison de ses parents et il entend des cris, des cris perçants, des cris  déchirants qui disent : « sauvez-nous, sauvez-nous, venez nous sauver, nous sommes pris sous les avalanches ».
 
D’un bon, il se lève de son lit et il se précipite en bas pour aller porter secours à ces gens. Et voilà que sa mère avait entendu les cris et l’empêche de passer. Elle bloque la porte, elle dit : « que d’autres aillent les secourir, ce n’est pas toujours nous. Il y a trop de dangers dehors, je ne veux pas qu’il y ait un mort de plus ». Mais lui, parce qu’il avait été transpercé par ces cris, il voulait vraiment secourir ces personnes, a bousculé sa  mère.
 
            Il lui a dit si, j’y vais. Je ne peux pas les laisser mourir ainsi.
           
            Il sortit et alors lui-même sur le chemin fut pris par une avalanche et il fut tué. Et voilà que deux jours après sa mort, il vient me visiter la nuit et il me dit : « fais dire trois messes pour moi, ainsi je serais délivré du purgatoire ». j’ai été prévenir sa famille et ses amis. Ils ont été très étonnés de savoir que seulement après trois messes, il sera délivré du purgatoire. Ces amis m’ont dit : « Oh bien, si, je n’aurais pas été, je n’aurais pas aimé être à sa place au moment de mourir ; si tu voyais toutes les bêtises qu’il a  faites ». Et ce jeune homme m’a dit : « voilà, j’ai fais un acte de pur amour en donnant ma vie, en risquant ma vie pour ces personnes, et c’est grâce à cela que le Seigneur m’accueilli si vite dans son ciel ». Oui, la charité couvre une multitude de péchés.
 
            Il y a quelques mois, j’ai lu avec grand intérêt, un livre sur les âmes du purgatoire. Et il m’a beaucoup frappé, parce qu’il relatait des témoignages tout à fait actuels et par ailleurs il expliquait très bien la doctrine de l’Eglise à ce sujet. Et il s’agit d’un livre de Maria Simma qui s’appelle « les âmes du purgatoire ont dit ». Alors,  après avoir lu ce livre, vite j’écris à l’éditeur qui me dit que Maria Simma est encore vivante. Alors,  vite, je la contacte et elle accepte de me rencontrer pour répondre à mes nombreuses questions. J’étais absolument ravie parce qu’ à chaque fois que j’ai eu l’occasion de parler et de prêcher sur les âmes du purgatoire, j’ai constaté un intérêt absolument immense et inouïe de la part de mes auditeurs. Et souvent, ils me suppliaient de leur en dire davantage. Ils me poussaient dans mes retranchements. Il me disaient : « racontes-nous encore d’autres sur ces âmes ». Et je voyais bien que ça répondait à une soif très vive, à une soif de savoir ce qui nous attend chacun de nous après la mort.
 
            Il faut dire aussi que ces choses ne sont plus guère enseignées dans les paroisses, enfin dans les catéchèses  habituelles, dans les aumôneries, nul part pratiquement. Si bien qu’il y a un grand vide, un grand manque, si vous voulez une grande ignorance et même une certaine angoisse devant ces réalités des fins dernières.
 
            Alors justement, cette cassette va nous aider non seulement à faire complètement disparaître cette angoisse qui n’a absolument pas lieu d’être vis à vis du purgatoire, mais aussi j’espère qu’elle va nous éclairer et nous faire comprendre qu’en fait le plan de Dieu sur nous, sur notre devenir,  eh bien, ce plan est absolument magnifique, splendide et vraiment enthousiasmant.
 
            Et aussi que nous avons entre nos mains, un pouvoir immense sur cette terre de donner le bonheur aux âmes de nos défunts d’une part et aussi de le trouver nous même ce bonheur dans notre propre vie.
 
            Maria Simma a aujourd’hui soixante treize (73) ans et elle vit seule dans sa petite maison de Santack, Santack c’est un très beau village dans la montagne de Voralbergue en  Autriche, et c’est là que je l’ai rencontré. Alors,  qui est-elle ? Une simple paysanne et depuis son enfance, elle prie beaucoup pour les âmes du purgatoire. A l’âge de vingt cinq (25) ans, elle a été favorisée d’un charisme d’être visité par les âmes du purgatoire. C’est une catholique fervente, je dois dire, d’une grande humilité, ça m’a frappé et aussi d’une grande simplicité. Elle est très encouragée dans sa tâche par le Curé de sa paroisse et aussi par son Evêque, comme nous le verrons tout à l’heure. Et malgré l’aspect assez extraordinaire de son charisme, elle vit très pauvrement, très, oui très dépouillée. Par exemple, c’est à peine si on avait la place de tourner au tour des sièges qu’elle nous avait offerts dans la petite pièce d’accueil où nous avons été. Alors, charisme extraordinaire, oui, mais en fait qui plonge ses racines dans l’Eglise, dans l’histoire de l’Eglise, car nombreux sont les Saints canonisés ou non qui ont exercé ce charisme. Alors je citerais par exemple Sainte Gertrude, Sainte Catherine de Gène qui a beaucoup écrit là dessus, Sainte Maria de Jésus, Sainte Marguerite Marie de Pareminiale qui a eu la vision du Sacré Cœur, le Saint Curé d’Ars aussi, Saint Jean Bosco, la Bienheureuse Mariame de Bethléem etc….
 
            On pourrait écrire un livre là-dessus. D’ailleurs, je crois qu’il y a en un. Et quand on se penche attentivement sur les enseignements de ces Saints, eh bien, on voit  qu’ils disent tous, tous, tous la même chose. Et Maria Simma de son côté en fait, ne fait que revivre leurs beaux témoignages. C’est pourquoi je n’ai pas hésité à l’interroger, puisque elle, elle a le mérite de vivre notre époque, donc elle est joignable. Alors, vous doutez que je l’ai abreuvé de questions. J’en ai profité. Alors, le problème était qu’elle ne parle pas un seul mot du français.
 
            J’ai utilisé un interprète, eh oui, alors,  afin de ne pas surcharger la cassette, je vais donc tantôt vous rapporter ses paroles moi-même, tantôt vous faire entendre la traduction de ses réponses avec ses propres paroles en voix off. J’ajouterais des commentaires personnels.
 
            Voilà, Maria, pouvez-vous maintenant nous raconter comment vous avez été visité pour la première fois par une âme du purgatoire ?
 
            « Oui c’était en 1940, une nuit vers 3 ou 4 heures du matin, j’ai entendu quelqu’un aller et venir dans ma chambre, cela m’a réveillé. J’ai regardé qui pouvait être entré dans ma chambre ».
 
            Vous avez eu peur ?
 
            « Non, je ne suis pas du tout peureuse. Même étant petit enfant, ma mère me disait que j’étais une enfant particulière, parce que je n’ai jamais peur ».


            Ah oui, alors,  cette nuit-là racontez-nous !
 
            « J’ai vu que c’était un étranger. Il allait et venait lentement. Je lui ai dit d’un ton sévère : comment es-tu rentré ici ? qu’est-ce que tu as perdu ? Mais il continuait à marcher dans la chambre en faisant ses cents pas, et comme s’il n’avait rien entendu.
 
Alors, je lui est encore demandé : qu’est-ce que tu fais ? Mais comme il ne répondait toujours pas, je me suis levée d’un bon, je voulais l’empoigner,  je n’ai saisi que l’air. Il n’ y avait plus rien. Alors, je suis repartie me coucher, mais à nouveau, je l’ai entendu aller et venir.
 
Je me suis demandée pourquoi je le voyais cet homme et que je ne pouvais pas l’empoigner. Je me suis levée de nouveau pour l’empoigner et l’arrêter de marcher à nouveau je fonçais dans le vide. J’étais alors perplexe. Je me suis recouchée.
 
            Il n’est pas revenu, mais je n’ai pas pu me rendormir. Et le lendemain après la messe, je suis allée voir mon directeur spirituel et je lui ai tout raconté. Il m’a dit que si cela recommence, ne demande pas qui es-tu ? Mais, que veux-tu de moi ?
 
            Alors, la nuit suivante, l’homme est revenu et c’était bien le même homme et je lui ai demandé : que veux-tu de moi ? Il m’a répondu : « fais célébrer trois messes pour moi et je serais délivré ».  Alors, j’ai compris que c’était une âme du purgatoire.
Mon père spirituel me l’a confirmé. Il m’a aussi conseillé de «ne jamais repousser les  âmes du purgatoire».
 
            Et après, les visites ont continué ?
 
            « Oui, pendant quelques années, il venait trois ou quatre âmes seulement, surtout au mois de novembre. Par la suite, il en est revenu davantage».
 
            Et que vous demandent ces âmes ?
 
            « Dans la plupart du temps, elles demandent de faire dire  des messes et d’assister à ces messes. Elles demandent de dire des chapelets et aussi, le chemin de croix ».
 
            Ah oui, et maintenant, la question, la vrai question se pose, le purgatoire en fait, qu’est ce que c’est  exactement ?
 
            Eh bien,  je dirais que c’est une invention géniale de la part de Dieu.
 
            Et alors,  je vais vous donner une image, une image qui est de moi. Supposons qu’un jour, une porte s’ouvre et qu’il apparaisse un être extraordinairement beau, d’une beauté telle que vous, vous en n’avez encore jamais vu sur la terre. Alors vous êtes fasciné ; bouleversé par cet être de lumière et de beauté d’autant plus que cet être vous montre qu’il est fou amoureux de vous et vous ne pouvez pas imaginer avant d’être ainsi aimé.  Vous devinez ainsi qu’il a un grand désir de vous attirer à lui, de vous étreindre et le feu de l’amour qui brûle déjà votre cœur vous pousse bien à vous précipiter dans ses bras, mais voilà ; vous vous rendez compte en ce moment là que vous ne vous êtes pas laver depuis des mois et des mois, que vous sentez horriblement mauvais. Vous avez le nez qui coule, vous avez les cheveux gras, tout collés de grosses tâches horribles sur vos vêtements etc...
 
            Alors,  vous dites non, mais ce n’est pas possible que je me présente dans cet  état. Il faut que j’aille me laver, prendre une bonne douche et ensuite vite je reviendrais le voir. Seulement voilà, l’amour qui est né dans votre cœur est si intense, si brûlant, si, si fort que ce retard dû à la douche est absolument insupportable et la douleur de l’absence, même s’il dure seulement quelques minutes est une brûlure atroce dans le cœur  et elle est bien sûr proportionnelle à l’intensité de la révélation de l’amour. C’est une brûlure d’amour. Eh bien,  le purgatoire, c’est exactement ça. C’est un retard imposé à cause de notre impureté, un retard avant le train de Dieu. Une brûlure d’amour qui fait terriblement souffrir, une attente si vous voulez, une nostalgie de l’amour et c’est précisément cette brûlure, cette nostalgie qui nous lave de ce qui est encore impur en nous.
 
            Le purgatoire, je dirais, c’est un lieu de désir fou de Dieu. Le désir de ce Dieu que l’on connaît déjà parce qu’on l’a vu, mais auquel on est pas encore réuni. Les âmes du purgatoire parlent souvent à Maria de ce désir, qu’elles ont de Dieu et combien ce désir leur est profondément douloureux. C’est vraiment une agonie. En fait, je dirais le purgatoire, c’est une grande crise de manque, du manque de Dieu. Mais là, je vais demander à Maria de nous préciser un point fondamental.
 
            Maria, est-ce que les âmes du purgatoire ont quand même la joie et l’espérance au milieu de leur souffrance ?
 
            « Oui, aucune âme ne voudrais repasser du purgatoire sur la terre. Elles ont une connaissance qui nous dépasse infiniment et elles ne pourraient plus se décider à retourner dans les ténèbres de la terre ».
 
            Oui alors,  voilà toute la différence avec les souffrances que nous, nous connaissons sur la terre. Parce qu’au purgatoire, même si la souffrance de l’âme est terrible, eh bien, la certitude qu’on a de revivre pour toujours avec Dieu, certitude inébranlable, eh bien, cette certitude est si forte que la joie dépasse encore la douleur et pour rien au monde, nous ne voudrions revivre sur la terre. La terre où on est finalement jamais sûr de rien.
 
            Maria, maintenant, pouvez-vous nous dire si c’est Dieu qui envoie une âme au purgatoire ou bien si c’est elle même qui  décide d’y aller ?
 
            « C’est l’âme elle-même qui veut aller au purgatoire pour être pure avant d’aller au ciel.
 
            Mais alors,   il faut dire aussi que l’âme, quand elle est au purgatoire, elle épouse pleinement la volonté de Dieu. Par exemple, elle se réjouit du bien, elle désire notre bien et elle aime beaucoup Dieu et nous aussi, elle nous aime beaucoup. Elles sont parfaitement unies à l’esprit de Dieu, à la lumière de Dieu, si vous voulez ».
 
            Maria, au moment de la mort, est-ce qu’on voit Dieu en pleine lumière ou d’une manière encore confuse ?
 
            « D’une manière encore confuse, mais c’est quand même d’une telle clarté que cela suffit pour avoir la nostalgie ».
 
            Ah oui, bien sûr, ou au fait, c’est une clarté éblouissante par rapport aux ténèbres de la terre, mais ce n’est rien par rapport à la pleine lumière que l’âme connaîtra quand elle ira au ciel. On peut d’ailleurs se rapporter à ce niveau aux expériences décrites dans la vie après la vie. L’âme est fascinée par cette lumière que ça lui est une agonie de retourner dans son corps sur la terre après cette expérience.
 
            Alors Maria, pouvez-vous nous dire quel est le rôle de la Sainte Vierge auprès des âmes du purgatoire ?
 
            « Oui, elle vient souvent les conseiller en leur disant qu’elles ont fait beaucoup de choses bien ».
 
            C’est pratique !
 
            « Eh oui, elle les encourage».
 
            Est-ce qu’il y a des jours où elle les délivre ?
 
            « Oui, surtout le jour de la Noël, le jour de la Tout Saint, le vendredi Saint et elle les délivre le jour de l’Assomption et de l’Ascension de Jésus ».
 
            Eh ! Maria pourquoi va-t-on au purgatoire ? Quels sont les péchés qui entraînent le plus au purgatoire ?
 
            « Ce sont les péchés contre la charité, contre l’amour du prochain, la dureté du cœur,  l’hostilité,  la calomnie ».
 
            Tous ça ?
 
            « Ah Oui ! »
 
            Je sais que la médisance et la calomnie sont parmi les pires souillures qui nécessitent une longue purification. Alors là,  Maria nous cite l’exemple qui l’a beaucoup frappé . C’est un témoignage que je vais vous raconter, d’un homme et d’une femme pour lesquels, on lui avait demandé de se renseigner s’ils étaient au purgatoire ? Et au grand étonnement de ceux qui ont demandé, la femme était déjà au ciel et l’homme  était au purgatoire. En fait, cette femme était morte alors qu’elle se faisait faire un avortement, tandis que l’homme lui était très souvent à l’Eglise et il avait apparemment une vie très digne et très pieuse. Et alors, elle s’est bien renseignée, pensant qu’elle s’était trompée, mais non, c’était bien ça. Ils étaient morts pratiquement en même temps, mais la femme avait un  grand repentir et elle était très humble, tandis que l’homme lui critiquait tout le monde. Il était toujours à se plaindre, à dire du mal des gens, à critiquer et c’est pour ça que son purgatoire a été très long.
 
 Elle dit  : « comme ça, il ne faut pas juger sur les apparences ». Alors, contre la charité, bien sûr, il y a les péchés aussi qui sont tout le rejet de certaines personnes que nous n’aimons pas. Le refus de faire la paix, le refus de pardonner et toutes les rancunes que nous entretenons. Et là Maria, nous a confié un témoignage très, très frappant à ce sujet. C’était l’histoire d’une personne qu’elle connaissait très bien. Cette personne est morte, c’était une femme et elle était dans le purgatoire le plus terrible avec des souffrances terribles, terribles et quand elle est venue voir Maria, elle lui a raconté pourquoi. C’est parce qu’elle avait une amie avec laquelle, il y avait une inimitié. Une inimitié très grande, et cette inimité était dû à elle-même et elle avait entretenu cette inimitié des années et des années. Alors son amie à plusieurs reprises était venue demander la paix avec elle, la réconciliation et chaque fois, elle avait refusé. Et lorsque cette femme est tombée gravement malade, elle continuait à fermer son cœur, à refuser la paix qui est proposée par son amie, jusque son lit de mort, cette amie est revenue la relancer pour faire la paix et jusque son lit de mort, elle a refusé de faire la paix et de se réconcilier. Et  c’est la raison pour laquelle, elle s’est retrouvée dans un purgatoire extrêmement douloureux et elle est venue demander de l’aide à Maria.
 
Je crois que ce fait est très significatif.  Eh oui, sur la rancune entretenue qu’aux paroles. Oui, on ne dira jamais assez combien une parole malveillante peut tuer vraiment. Et combien une parole peut guérir.
 
Alors Maria, pouvez-vous dire quels sont ceux qui ont la chance d’aller droit au ciel ?
 
« Ceux qui ont bon cœur ».
 
 Bon cœur avec tout le monde. La charité couvre une multitude de péchés.
 
Oui, c’est Saint Paul qui nous dit ça.
 
Et quels sont les moyens que nous pouvons prendre sur la terre pour éviter le purgatoire et aller directement au ciel ?
 
« Nous devons faire beaucoup pour les âmes du purgatoire puisque c’est elles qui, nous aident à leur tour. Il faut avoir beaucoup d’humilité.
C’est la plus grande arme contre le malin. L’humilité chasse le mal ».
 
Alors ici,  je ne résiste pas  à l’envie de vous lire un très beau témoignage du  Père Berlegnou qui écrit un beau livre sur les âmes du purgatoire à propos de l’aide offerte par les âmes du purgatoire à ceux qui les soulagent par leurs prières et leurs souffrances.
 
On raconte qu’une personne particulièrement amie des âmes du purgatoire avait consacré sa vie à les soulager. Etant arrivée à l’heure de sa mort, elle fut assaillie avec fureur par le démon qui la voit sur le point de lui échapper. Il semblait que l’abîme tout entier léguait contre elle, l’entourait de ses infernales cordes. La mourante luttait depuis quelques temps au milieu des plus pénibles efforts, lorsque tout à coup, elle vit entrer dans son appartement une foule de personnages inconnus, mais resplendissant de beauté qui mirent en fuite le démon et s’approchèrent de son lit et lui adressèrent des encouragements et des consolations toutes célestes. Poussant alors, un profond soupir et transporter de joie, elle s’écriait : « qui êtes-vous ? de grâce, vous qui me faites tant de bien ».
 
« Nous sommes répondirent les visiteurs bienfaisants des habitants du ciel que votre aide a conduit à la béatitude et nous venons à notre tour et par reconnaissance vous aider à franchir le seuil de l’éternité et vous tirer de ce lieu d’angoisse, pour vous introduire dans les joies de la Sainte Citée ».
 
 A cette parole, un sourire éclaira le visage de la mourante, ses yeux se fermèrent et elle s’endormit dans la paix du Seigneur. Son âme, pure comme une colombe se présentant au Seigneur des Seigneurs, trouva autant de protections et d’avocats qu’elle avait délivré d’âmes et reconnue digne de la gloire, elle y entra comme en triomphe au milieu des applaudissements et des bénédictions de tous ceux qu’elle avait tiré du purgatoire. Puissions-nous avoir un jour le même bonheur !
 
Alors,  il faut dire que les âmes, oui, les âmes délivrées par notre prière, sont extrêmement reconnaissantes. Elles nous aident dans notre vie.  C’est très très sensible, je vous conseille énormément de faire l’expérience. Oui, elles nous aident. Elles connaissent nos besoins et elles nous obtiennent beaucoup de grâces.
 
Alors,  Maria, maintenant, je pense au bon larron. En fait, c’est le bon larron qui était près de Jésus sur la croix, et j’aimerais bien savoir qu’est-ce  qu’il a fait pour que Jésus lui promette qu’il serait dès aujourd’hui dans le royaume avec lui ?
 
« Il a accepté humblement sa souffrance en disant que c’est justice. Il a encouragé l’autre larron d’accepter aussi. Il avait la crainte de Dieu, c’est-à-dire qu’il avait  l’humilité».
 
 
 
Oui, il est important aussi quand on envisage la mort, on doit s’abandonner complètement à la volonté du Seigneur, et Maria m’a raconté le cas très beau d’une mère de quatre (04) enfants qui allait mourir et au lieu de se révolter, de s’inquiéter, elle a dit au Seigneur : « j’accepte la mort, puisque tu le veux, et je remets ma vie entre tes mains. Je te confie mes enfants, je sais que tu en prendra soins ».
 
 Et Maria me disait qu’à cause de cette immense confiance en Dieu, qu’elle a eu, eh bien, cette femme a été tout droit au ciel sans passer par le purgatoire.
 
Un très bel exemple aussi est celui de ce jeune que nous avons raconté au début de la cassette, et qui avait risqué sa vie pour sauver ses frères, pris sous l’avalanche. Et là encore, on voit que la charité, qu’un seul acte d’amour gratuit, couvre une multitude de péchés, parce que ce jeune homme avait quand même une vie assez dissolue et le Seigneur a profité  de ce moment d’amour pur, si vous voulez pour le reprendre, parce que, il a précisé à Maria, ce jeune homme, que jamais plus peut être dans sa vie, il n’aurait l’occasion d’exercer un acte d’amour aussi fort et qu’il serait peut être devenu un mauvais homme et le Seigneur dans sa miséricorde l’a repris juste au moment où il était le plus beau, le plus pur, à cause de cet acte d’amour.
 
On peut dire vraiment que l’amour, l’humilité et l’abandon à Dieu, voilà les clefs en or qui nous font entrer directement au ciel.
 
            Alors Maria, pouvez-vous maintenant nous dire quels sont les moyens les plus efficaces pour aider à la délivrance des âmes du purgatoire ?
 
            « C’est la messe ».
 
            Pourquoi la messe ?
 
            « Parce que la messe est le Christ qui s’offre par amour pour nous. C’est l’offrande du Christ lui-même à Dieu. La plus belle des offrandes. Le prêtre est le représentant de Dieu. Mais c’est lui-même qui s’offre et se sacrifie pour nous ».
 
            L’efficacité de la messe pour les défunts est d’autant plus grande que ceux-ci ont eu de l’estime pour la messe de leur vivant. Ils y ont prié de tout leur cœur  et qu’ils y ont été aussi en semaine, selon leur temps disponible. Ceux-la tirent un grand profit des messes célébrées par eux.  Là aussi, on récoltera ce qu’on a semé.
 
            J’ajouterais une chose, c’est qu’une âme du purgatoire voit  très bien le jour de ses funérailles, si on prie vraiment pour elle ou bien, si on a simplement fait acte de présence pour montrer qu’on est là et elles disent que les larmes ne servent à rien.
 
Pour les aider, c’est vraiment la prière et souvent, elles se plaignent  que les gens vont à leur enterrement et n’ont pas une seule prière vers Dieu et qu’ils y versent beaucoup de larmes. C’est unitil ».
 
Alors, je vais vous citer un très très bel exemple donné par le Curé d’Ars à ses paroissiens à propos de la messe justement.
 
 
 
 
 
« Mes enfants, un bon prêtre avait eu le malheur de perdre son ami qu’il chérissait tendrement. Aussi priait-il beaucoup pour le repos de son âme. Un jour, Dieu lui fit connaître qu’il est au purgatoire et qu’il souffre horriblement. Ce Saint prêtre ne craint rien faire de mieux que d’offrir le Saint sacrifice de la messe pour son cher défunt. Au moment de la consécration, il prit  l’hostile entre ses mains et dit : « Père Saint et Eternel, faisons un échange ; vous tenez l’âme de mon ami qui est au purgatoire et moi je tiens le corps de votre fils qui est entre mes mains. Eh bien, Père bon et miséricordieux, délivrez mon ami et je vous offre votre fils avec tous les mérites de sa mort et de sa passion. » . Sa demande fut exaucée.
 
En fait, au moment de l’élévation, il vit l’âme  de son ami toute rayonnante de gloire qui montait au ciel. Dieu avait accepté l’échange.
 
Eh bien, mes enfants, ajoutait le Curé d’Ars, quand nous voulons délivrer du purgatoire une âme qui nous est chère, faisons de même.
 
Offrons à Dieu par le Saint sacrifice, son bien aimé fils avec tous les mérites de sa mort et de sa passion. Il ne pourra rien nous refuser.
 
Il y a un autre moyen très très puissant pour aider les âmes du purgatoire. C’est bien sûr l’offrande de notre souffrance et de nos pénitences.
 
Alors, la souffrance volontaire comme c’est le cas de la pénitence, le jeûne, les privations etc.
 
Eh bien sûr la souffrance involontaire, comme la maladie, le deuil etc.
 
Alors Maria, vous-même vous avez été invitée à de nombreuses reprises à souffrir pour les âmes du purgatoire, afin de les délivrer. Pouvez-vous nous dire ce que vous avez vécu et éprouvé à ces moments-là ?
 
            « La première fois, une âme a demandé si je voulais bien souffrir pendant trois heures dans mon corps pour elle, et qu’après je pourrais reprendre mon travail. Je me suis dit si tout finit au bout de trois heures, je veux bien accepter. Pendant ces trois heures, j’ai eu l’impression que cela durait trois jours, tellement c’était douloureux. Mais à la fin, j’ai regardé ma montre et j’ai vu que cela n’a duré que trois heures. L’âme m’a dit qu’en acceptant cette souffrance avec amour, pendant trois heures, je lui ai épargnée vingt ans de purgatoire ».
 
            Ah oui, mais pourquoi vous avez souffert seulement trois heures, pour éviter vingt ans de purgatoire ? Qu’est -ce que vos souffrances avaient de plus ?
 
            « C’est parce que les souffrances sur la terre n’ont pas la même valeur.
 
            Sur la terre quand on souffre, on peut grandir dans l’amour, on peut gagner des mérites. Et ce qui n’est pas le cas dans les souffrances du purgatoire.
 
            Au purgatoire, les souffrances servent seulement à nous purifier du péché, sur la terre, on a toutes les grâces, on a nos libertés de choisir ».
 
 
 
 
            Tout cela est très encourageant. Ça peut donner un sens extraordinaire à nos souffrances. Puisque  cette souffrance offerte, cette souffrance volontaire, ou involontaire, les souffrances mêmes les plus petites que nous pouvons faire, la souffrance de la maladie, le deuil, les déceptions. Eh bien, ces  souffrances peuvent avoir une puissance inouïe pour aider les âmes. Et la meilleure à faire, Maria nous le disait, c’est d’unir nos souffrances à celles de Jésus, en les déposant dans les mains de Marie, car c’est elle qui saura la mieux les utiliser, puisque souvent nous-mêmes, nous ne savons pas les besoins les plus urgents qui sont autour de nous, et tout cela bien sûr, Marie nous le rendra à l’heure de notre mort. Et cette souffrance là, vous voyez, eh bien, il faut se dire et nous encourager quand on souffre ; parce que ces souffrances là offertes, ce seront nos trésors les plus précieux dans l’autre monde.
 
            Alors, un autre moyen très efficace nous dit Maria, c’est le chemin de croix. Parce qu’en contemplant les souffrances du Seigneur, nous commençons petit à petit à haïr le péché et à désirer le salut de tous les hommes et cette inclination du cœur, apporte un grand soulagement aux âmes du purgatoire et cela donne aussi le repentir, cela suscite le repentir de nos péchés. Autre point très recommandé pour les âmes du purgatoire, c’est de dire le chapelet, le rosaire même en faveur des défunts. Par lui, par le chapelet, de nombreuses âmes sont chaque année délivrées du purgatoire et il faut dire là aussi que c’est la mère de Dieu, elle-même qui vient au purgatoire pour y délivrer les âmes et c’est très beau ce que les âmes appellent la Vierge Marie, mère de miséricorde. Très très beau.
 
            Alors les âmes disent que les indulgences ont une valeur inestimable pour leur délivrance. Et pour nous c’est quelques fois de la cruauté de ne pas mettre à profit ce trésor que l’Eglise nous propose au profit des âmes.
 
            Alors au sujet des indulgences, ce serait très long de tout expliquer ici, mais je vous renvoie aux merveilleux textes écrits par Paul VI en 1968 à ce sujet. Vous pourrez demander soit à votre prêtre, soit dans votre librairie religieuse.
 
Alors bien sûr, on peut dire que le moyen, un grand moyen efficace pour les âmes du purgatoire, c’est la prière en général. Toute forme de prière.
 
 Et là je voudrais vous donner un témoignage de Herman Kowen qui est un artiste Juif converti et qui a beaucoup vénéré l’Eucharistie. Reconverti au catholicisme et cela se passait  en 1964. Alors il avait quitté le monde, il était rentré dans un ordre religieux très austère et il adorait énormément le Saint Sacrement, pour lequel il avait une grande vénération et pendant ses adorations, il suppliait le Seigneur de convertir sa mère, parce qu’il aimait  beaucoup sa mère, et voilà que sa mère est morte et elle ne s’était pas convertie. Alors Herman a été fou de douleur et il se prosterne devant le Saint Sacrement  en donnant libre cour à sa plainte et il priait ainsi : « Seigneur, je vous dois tout, il est vrai, mais que vous ai-je refusé ? Ma jeunesse, mes expériences dans le monde, le bien être, les joies de la famille, le repos peut-être légitime, j’ai tout sacrifié dès que vous m’avez appelé. Mes cent génisses données  de même. Vous, Seigneur, vous éternelle bonté, qui avez promis de rendre au centuple, vous m’avez refusé l’âme de mère. Mon Dieu, je succombe à ce martyre. Le murmure va s’exhaler de mes lèvres ».
 
Le sanglot étouffait ce pauvre cœur. Tout à coup, une voix mystérieuse frappe son oreille et dit : « homme de peu de foi, ta mère est sauvée, saches que la prière a tout pouvoir auprès de moi. J’ai recueilli toutes celles que tu m’as adressées pour ta mère et ma providence lui en a tenu compte à son heure dernière. Au moment où elle expirait, je me suis présenté à elle et elle ma vu. Elle s’est écriée mon Seigneur et mon Dieu. Relèves donc ton courage, ta mère a évité la damnation et tes supplications ferventes délivreront bientôt son âme de la prison du purgatoire ».
 
Et on sait que le Révérend Père Herman Kowen très peu de temps après,  a appris par une seconde apparition que sa mère montait au ciel. Voilà ce très beau  témoignage d’Hermann Kowen.


            Je recommande aussi beaucoup les prières, les oraisons de Sainte Brigitte qui sont très recommandées pour les âmes du purgatoire. Les oraisons de Sainte Brigitte, c’est pareil, vous les trouverez en demandant à votre Curé ou à votre librairie.
 
J’ajouterais à cela, une chose importante : c’est que les âmes du purgatoire ne peuvent plus rien pour elles-mêmes. Elles sont totalement impuissantes et si les vivants ne prient pas pour elles, elles sont totalement délaissées. C’est pour ça que c’est important de réaliser le pouvoir immense, le pouvoir incroyable que chacun de nous a entre les mains comme du feu pour délivrer et soulager ces âmes qui souffrent.
 
            Par exemple, on n’aurait jamais à l’idée de ne pas secourir un enfant qui serait tombé devant nous, d’un arbre et qui se serait horriblement fracturé. Bien sûr, on ferait tout pour lui. Et de même nous devons prendre à cœur ces âmes qui attendent tout de nous et qui sont suspendues à la moindre de nos offrandes, à la moindre de nos prières pour être soulagées de leurs peines et c’est peut être la manière la plus belle d’exercer la charité. Je pense par exemple au bon samaritain dans l’Evangile, vis à vis de l’homme qui est à moitié mort au bord de la route et qui sans doute baignant dans son sang. Eh bien, cet homme dépendait complètement bien d’un bon cœur du passant.
 
Eh  Maria pourquoi ne peut-on plus gagner des mérites au purgatoire, alors qu’on le peut encore sur la terre ?


« Parce qu’au moment de la mort, les mérites sont terminés. Tant qu’on est  vivant sur la terre, on peut réparer le mal qu’on a fait avant. Les âmes du purgatoire nous envient de cette possibilité de grandir tant que nous sommes sur la terre ».
 
Mais souvent, l’apparition de la souffrance dans nos vies, nous révolte et nous avons bien du mal à l’accepter et à bien le vivre. Alors comment vivre la souffrance pour qu’elle puisse porter du fruit ?
 
« Les souffrances sont les preuves les plus grandes de l’amour de Dieu. Et si on les offrent  bien, elles peuvent gagner beaucoup d’âmes ».
 
Mais comment faire pour accueillir la souffrance comme un cadeau, vous dites que c’est un cadeau et non une punition, comme souvent on le fait et même quelque fois un châtiment.
 
« Il faut tout donner à la Sainte Vierge, car c’est elle qui sait le mieux qui a besoin de telle ou telle offrande, de souffrance pour être sauvé ».
 
Alors ainsi, à ce propos de la souffrance, je voudrais citer un témoignage que Maria nous a raconté. Cela s’est passé en 1954,  et une série d’avalanches très meurtrière avait déferlé sur un village voisin de celui de Maria et puis on avait su que plus tard d’autres avalanches avaient déferlé et elles avaient été arrêtées d’une manière tout à fait miraculeuse avant le village de sorte qu’il n’y avait eu aucun dégât et  les âmes ont appris à Maria, oui que dans ce village, il y avait une femme qui était morte et qui pendant trente ans avait été malade et elle a été très très mal soignée, et qu’elle a souffert énormément pendant trente ans,  que le village avait été épargné par les avalanches. Et elle avait offert donc ses souffrances et elle les avait  supporté avec patience. Et Maria nous dit que si elle avait eu la santé, elle n’aurait pas pu ainsi protéger le village. Elle nous dit ; par la souffrance supportée avec patience, on sauve plus d’âmes que par la prière.
 
Ne regardons pas toujours la souffrance comme une punition. Elle peut être acceptée comme expiation non seulement pour nous-mêmes, mais avant tout  pour d’autres. Le Christ était l’innocence même et c’est lui qui a souffert plus pour l’expiation de nos péchés. Ce n’est qu’au ciel que nous saurons tout ce que nous avons obtenu par la souffrance supportée avec patience en union avec les souffrances du Christ.
 
Maria est- ce  qu’il y a la révolte de la part des âmes du purgatoire devant leurs souffrances ?
 
« Non, elles veulent se purifier, elles comprennent que cela est nécessaire ».
 
Et quel est le rôle alors de la contrition ou du repentir au moment de la mort ?
 
« La contrition est très importante. Les péchés sont remis en tout cas, mais restent les conséquences des péchés. Si l’on veut obtenir une indulgence plénière au moment de la mort donc ça veut dire aller tout droit au ciel, il faut que l’âme soit libre de tout attachement ».
 
Alors ici, je voudrais donner un témoignage très significatif que nous a raconté Maria. On lui avait demandé de se renseigner sur une femme que sa parenté croyait perdue, parce qu’elle avait une vie épouvantable. Une très très mauvaise vie et jusqu’au cou dans le péché et elle en rajoutait. C’était terrible. Et voilà qu’elle a eu un accident, elle est tombée du train et cet accident l’a tué. Et une âme a dit à Maria que cette femme a été sauvée, elle a été sauvée de l’enfer parce que au moment de mourir, elle dit à Dieu : «  tu as raison de me reprendre la vie, parce que comme cela, je ne pourrais plus t’offenser ». Et cela a extirpé tous ses péchés. Alors c’est très significatif, parce que ça montre qu’un seul élan d’humilité et de repentir au moment de la mort, peut nous sauver. Ça ne veut pas dire qu’elle n’a pas fait le purgatoire, mais au moins, elle a évité l’enfer que peut être, elle le méritait par son  impiété.
 
Alors Maria, je voudrais vous demander maintenant ; au moment de la mort,  est-ce qu’il y a un temps où l’âme a encore la possibilité de se retourner vers Dieu, même après une vie de péchés avant d’entrer dans son éternité ? Un temps si vous voulez entre la mort apparente et la mort réelle ?
 
« Oui le Seigneur est en quelques minutes dans chacun, pour regretter ses péchés et pour se décider ; j’accepte ou je n’accepte pas d’aller voir Dieu. Là on voit le film de sa vie. Moi je connais un homme qui croyait aux préceptes de l’Eglise, mais pas à la vie éternelle. Et un jour, il est tombé gravement  malade. Il a sombré dans le comma et il s’est vu alors dans une chambre avec un tableau sur lequel toutes ses œuvres étaient écrites. Les bonnes et les mauvaises.
 
Et puis le tableau, il a disparu ainsi que les murs de cette chambre, et c’était infiniment beau. Puis il s’est réveillé de son commas et il a décidé de changer sa vie ».
 
            Ah oui, ça ressemble beaucoup aux témoignages de la vie après la vie. Cette expérience de la lumière et ce retour donc sur la terre. Mais ces personnages ne peuvent plus vivre après comme ils ont vécu avant de voir cette lumière.
 
            Et alors Maria,  est-ce qu’au moment de la mort, Dieu se révèle avec la même intensité à toutes les âmes ?
 
            « A chacun, est donné la connaissance de sa vie et aussi la souffrance à venir. Mais ce n’est pas pareil pour tout le monde. L’intensité de la révélation du Seigneur dépend de la vie de chacun ».
 
            Maria, est-ce que la diable a la permission de nous attaquer au moment de notre mort ?
 
            « Oui mais, l’âme a aussi la grâce de lui résister et de le repousser, car si l’âme ne veut pas le démon ne peut rien faire ».
 
            Ah ! c’est bien. Et quand quelqu’un sait qu’il va mourir bientôt, à votre avis, qu’elle est la meilleure préparation qu’il puisse faire ?
 
            « S’abandonner totalement au Seigneur, offrir toute sa souffrance, être heureux de Dieu ».
 
            Ah ! Et quelle attitude à avoir devant quelqu’un qui doit mourir ? Qu’est-ce qu’on peut faire de mieux pour lui ?
 
            « En tout cas, beaucoup prier et le préparer à mourir. On doit lui dire la vérité ».
 
            Et Maria, quels conseils donneriez-vous à celui qui voudrait devenir Saint  dès cette terre ?
            « Etre très humble. Il ne faut pas s’occuper de soi-même. C’est l’orgueil qui est le piège le plus fort du malin ».
 
            Et Maria, pouvez-vous nous dire ; est-ce qu’on peut demander au Seigneur de faire son purgatoire sur la terre, pour ne pas avoir à le faire après la mort ?
 
            « Ah oui, je connaissais un prêtre et une jeune fille qui étaient tous malades à l’hôpital et la jeune fille disait  au prêtre qu’elle demandait au Seigneur de pouvoir souffrir sur la terre au tant que nécessaire pour aller tout droit au ciel. Et  le prêtre lui a répondu que lui-même, il n’osait pas demander cela. Et il y avait près d’eux, une religieuse qui a entendu toute  la conversation. Et puis la jeune fille, elle est morte la première et le prêtre lui aussi, il est mort plus tard. Et ce prêtre est apparu à la réligeuse, en lui disant : si j’avais eu la même confiance que cette jeune fille, moi aussi, je serais directement aller au ciel ».
 
            Merci pour ce beau témoignage Maria. Alors, ici, Maria nous demande cinq minutes de break parce qu’elle doit donner à manger à ses poules.
 
Voilà, nous la retrouvons maintenant et nous continuons nos questions.
 
Maria, y-a-t-il des différences de degré au purgatoire ?
 
« Oui, il y a une grande différence de degré dans la souffrance morale. Chaque âme a une souffrance unique qui lui est propre, des milliers, des milliers de degrés ».
 
Ah oui, est-ce que les âmes du purgatoire savent ce qui va arriver dans le monde ?
 
« Oui pas tout, mais beaucoup de choses ».
 
Est-ce que ces âmes vous disent  ce qui va arriver quelques fois ?
 
« Elles disent simplement qu’il y a quelque chose devant la porte, mais elles ne disent  pas  quoi. Elles disent simplement ce qui est nécessaire à la conversion des hommes ».
 
Ah d’accord. Eh Maria est-ce que les souffrances du purgatoire sont plus pénibles que les plus pénibles souffrances sur la terre ?
 
« Oui, c’est difficile à décrire bien sûr ».
 
Mais est-ce que Jésus lui-même vient au purgatoire ?
 
« Jamais une âme l’a dit. C’est la mère de Dieu qui vient. Une fois, j’ai demandé à une âme du purgatoire, si elle devait elle-même chercher l’âme pour laquelle je demande un renseignement. Elle m’a répondu que non. C’est la mère de miséricorde qui nous dit ce qu’il en est. Les Saints non plus ne viennent pas au purgatoire.
 
Mais par contre, les anges sont là, Saint Michel et chaque âme a son ange gardien avec elle ».
 
Eh ! Super, les anges sont avec nous.
 
Mais qu'est-ce qu'ils font les anges au purgatoire ?
 
« Ils soulagent, ils consolent. Les âmes peuvent les voir même ».
 
Houm ! Extraordinaire.
 
Alors Maria, mais si ça continue, vous allez presque me donner envie d'aller au purgatoire avec vos histoires d'anges et tout ça.
 
Autre question, vous savez beaucoup de gens à l'heure actuelle croient à la réincarnation. Alors, que vous disent les âmes à ce sujet ?
 

« Les âmes disent que Dieu nous donne une seule vie ».
 
 
Mais certains disent qu'avec une seule vie, ce n'est pas assez pour connaître Dieu et pour avoir le temps de se convertir vraiment et que ce n'est pas juste. Alors que leur répondez-vous ?
 
« Tous les hommes ont une foi intérieure, même s'ils ne pratiquent pas. Ils reconnaissent implicitement Dieu. Quelqu'un qui ne croit pas, ça n'existe pas. Chaque homme a une conscience pour reconnaître le bien et le mal. Une conscience donnée par Dieu et une conscience intérieure à différents degrés bien sûr, mais il sait discerner le bien et le mal. Avec cette conscience, chacun peut devenir bienheureux ».
 
Mais que deviennent les personnes qui se sont suicidées ? Est-ce que vous avez déjà été visité par des personnes comme ça ?
 
 
« Jusqu'à présent, je n'ai jamais rencontré le cas d'un suicidé qui se soit perdu. Cela ne veut pas dire bien sûr que cela n'existe pas. Mais bien souvent, les âmes disent que les coupables qui se sont reconnus  par des personnes qui s'étaient auto-détruites par la drogue, une overdose par exemple, Oui, ils ne se sont pas perdus. Cela dépend des causes de la drogue. Mais ils doivent souffrir au purgatoire ».
 
Mais, si je vous dis par exemple, je souffre trop dans mon corps, dans mon cœur, c'est trop dur pour moi et je voudrais mourir que puis-je faire ?
 
« Oui cela, c'est très fréquent. Je dirais : mon Dieu, je peux offrir ma souffrance pour sauver des âmes. Cela redonnera la foi et le courage. Mais plus personne ne dit cela aujourd'hui hein. On peut dire aussi qu'en faisant ainsi, l'âme gagne une grande béatitude, un grand bonheur pour le ciel. Et au ciel, il  y a des milliers de bonheurs différents. Mais chacun est un bonheur plénier et tout désir est comblé. Chacun sait qu'il n'a pas mérité plus ».
 
Ah oui, Maria j'avais demandé est-ce que des personnes d'autres religions par exemple, est-ce que des juifs sont venus vous visiter ?
 
« Oui, ils sont heureux. Celui qui vit sa foi est heureux, mais c'est à travers la foi catholique qu'on gagne le plus pour le ciel ».
 
Y a-t-il des religions qui sont mauvaises pour les âmes ?
 
« Non, mais il y a tant de religions sur la terre. Les plus proches sont les orthodoxes et les protestants. Il y a beaucoup de protestants qui disent le chapelet. Mais les sectes sont très mauvaises. Il faut faire tout pour en sortir ».
 
Maria est-ce qu'il y a des prêtres au purgatoire ?
 
Oh là, je vois Maria qui lève les yeux au ciel d'un air de dire hélas !
 
« Oui, il y en a beaucoup. Ils n'ont pas aidé à avoir le respect de l'Eucharistie. Et alors, toute la foi en souffre. Ils sont souvent au purgatoire pour avoir négligé la prière et leur foi a diminué. Mais y en a aussi qui sont allés tout droit au ciel hein ».
 
Ah bon !
 
Que diriez-vous alors à un prêtre qui voudrait vraiment être selon le cœur de Dieu ?
 
« Je lui conseillerais de beaucoup prier l'esprit saint et de dire son chapelet tous les jours ».
 
Maria est-ce qu'il y a des enfants au purgatoire ?
 
« Oui, mais pour eux, le purgatoire n'est pas très long et pas très pénible parce qu'il leur manque le plan de discernement ».
 
Et je pense que certains sont venus vous voir, vous me disiez, oui l'histoire de la plus jeune que vous avez vu, la petite enfant, c'était une petite fille de quatre ans.
 
 
 
« Eh pourquoi est-ce qu'elle est au purgatoire ? C'est parce qu'elle avait reçu en cadeau de Noël de ses parents, une poupée. Or, elle avait une sœur jumelle qui avait reçu elle aussi une poupée. Et voilà que cette petite fille de quatre ans a cassé sa poupée et a alors subrepticement, sachant que personne ne la voyait, elle a été mettre sa poupée cassée à la place de celle de sa sœur et faire ainsi l'échange en sachant très bien dans son petit cœur qu'elle allait faire beaucoup beaucoup de peine à sa sœur et elle savait très bien aussi que c'était un mensonge et une injustice. A  cause de ça, la pauvre petite fille, eh bien,  a fait le purgatoire.
 
 Oui, les enfants ont souvent une conscience plus vive que les adultes. Il faut surtout lutter contre le mensonge et les entrées sensibles ».
 
Maria, comment est-ce que les parents peuvent aider à la formation de la conscience de leurs enfants ?
 
« Tout d'abord, par le bon exemple. C'est le plus important, et puis par la prière. Les parents doivent bénir les enfants et bien les instruire aux choses studieuses ».
 
Très important. Est-ce que vous avez été visité par des âmes, qui, sur la terre pratiquaient des perversions ? Heu, oui, je pense par exemple au domaine sexuel.
 
« Oui, elles ne sont pas perdues, mais elles ont beaucoup à souffrir pour se purifier.  L'homosexualité par exemple, ça vient vraiment du mal ».
 
Mais alors quels conseils donneriez-vous à toutes ces personnes qui sont atteintes par l'homosexualité, qui ont cette tendance si vous voulez.
 
« C'est de prier beaucoup, prier pour avoir la force de se détourner de cela. Il faut surtout prier l'arc ange  Saint Michel parce que, c'est lui par excellence qui combat contre le mal ».
 
L'Arc ange Saint Michel ?
 
« Oui »!
 
Quelles sont les attitudes du cœur qui peuvent nous conduire à la perte de notre âme ? A la perte définitive de notre âme ? C'est-à-dire à l'enfer.
 
« C'est lorsque l'on ne veut pas aller vers Dieu. C'est- à- dire, je ne veux pas. De dire je ne veux pas ».
 
Oui alors, merci Maria, parce que je voudrais signaler ici que j'ai interrogé sur ce sujet Vicka, vous savez, l'une des voyantes de Medjurgorijé et qui me disait que ceux qui vont en enfer, elle a vu l'enfer. Ceux qui vont en enfer, sont uniquement ceux qui décident d'y aller et ce n'est pas Dieu qui met en enfer. Au contraire, lui il est là, il supplie l'âme d'accueillir sa miséricorde. Le péché contre l'Esprit Saint dont parle Jésus et qui n'est donc pas pardonné, alors eh bien, c'est le refus radical de la miséricorde et cela en pleine lumière, en pleine conscience. Je signale que Jean Paul II l'explique très bien dans son encyclique sur la miséricorde.
 
Et là encore, nous pouvons beaucoup faire par la prière pour les âmes qui sont en danger de se perdre.
 
Et là, je vais demander à Maria un petit témoignage.
 
 
« Un jour, j'étais dans le train et dans mon compartiment, il y avait un homme qui n'arrêtait pas de dire du mal contre l'Eglise, contre les prêtres, contre Dieu même. Il n'arrêtait pas de dire du mal et moi, je lui ai dit "écoutez, vous n'avez pas le droit de dire tout ça, ce n'est pas bien. Ensuite je suis arrivée à la gare, je suis descendue du train et en descendant les deux marches, je disais simplement à Dieu. Seigneur, que cette âme ne se perde pas. Et dans des années plus tard, l'âme de cet homme est venue me visiter et elle m'a raconté qu'il est passé tout près de l'enfer et qu'il était sauvé de l'enfer simplement par cette prière que j'ai faite en ce moment-là ».
 
C'est assez extraordinaire de voir que simplement une pensée, un élan du cœur, une simple prière pour quelqu'un peut l'empêcher de tomber en enfer.  Parce que oui, c'est l'orgueil qui met en enfer. L'enfer c'est de s'entêter dans le non contre Dieu et vos prières peuvent provoquer un acte d'humilité chez celui qui meurt. Un seul élan d'humilité si minime soit-il de telle sorte qu'il évite l'enfer.
 
Mais Maria, c'est quand même incroyable. Comment est-ce qu'on peut arriver à ce stade de dire complètement non à Dieu au moment de la mort, alors qu'on le voit ?
 
« Par exemple, un homme m'a dit qu'il ne voulait pas aller au Ciel ».
 
Et pourquoi ?
 
« C'est parce que Dieu accepte les injustes et je lui ai dit, c'était les hommes, pas Dieu. Il disait, j'espère que je ne rencontrerais pas Dieu après ma mort, car alors, je le tuerais avec une hache. Il avait une haine profonde contre Dieu. Et Dieu, il laisse à l'homme sa volonté libre.
 
Il pourrait empêcher cette volonté, mais non, il veut laisser à chacun son libre choix. Dieu donne à chacun dans la vie sur terre et à l'heure de sa mort, assez de grâce pour se convertir, même après une vie dans les ténèbres. Si on demande pardon sans calcul, bien sûr, on peut être sauvé ».
 
Eh oui.
 
Et Jésus a dit qu'il était difficile à un riche d'entrer dans le royaume des cieux. Est-ce que vous avez vu des cas semblables ?
 
« Oui, s'ils font de bonnes œuvres, mais des œuvres de charité, s'ils pratiquent l'amour, ils peuvent y arriver comme les autres ».
 
Maintenant Maria, à l'heure actuelle, est-ce que vous avez encore des visites d'âmes du purgatoire ?
 
« Oui, deux ou trois fois par semaine ».
 
Hum, quand même bien !
 
Et alors, je voulais vous demander, qu'est-ce que vous pensez des pratiques de spiritisme ? Par exemple quand on appelle les esprits des défunts, qu'on fait tourner les tables, etc.
 
 
« Ce n'est pas bien. C'est toujours le diable qui fait bouger les tables ».
 
Hum ça c'est important de le dire, parce qu'il y en a de plus en plus maintenant. Et précisez-nous, s'il vous plaît, quelle différence y a-t-il entre ce que vous vivez avec les âmes des défunts et les pratiques de spiritisme ?
 
« On ne peut pas appeler les âmes, moi je ne cherche pas leur venue. Dans le spiritisme, on provoque les esprits, on les appelle ».
 
Est-ce que personnellement vous avez déjà été trompé par de fausses apparitions, par exemple, le diable qui se déguise en âme du purgatoire, pour vous parler ?
 
« Ah oui, Une fois, une âme est venue me voir et elle m'a dit : n'acceptes pas l'âme qui va venir après moi, parce qu'elle va te demander des souffrances. Ça ne va pas être à ta portée, tu ne pourras pas faire ce qu'elle te demandera. Alors, j'étais troublée parce que je me souvenais de ce que m'avait dit mon curé. Il m'avait dit qu'il voulait que j'accepte chaque âme avec générosité et j'étais vraiment éprouvée dans l'obéissance.
 
Alors d'un coup, je me suis dite mais, est-ce que ce ne serait pas le démon qui est devant  moi et pas une âme du purgatoire ?
 
Le démon qui s'est déguisé, alors j'ai dis à cette âme, si tu es le démon, vas-t-en. Et en ce moment là, il a poussé un grand cri et il est parti. Effectivement, l'âme qui venait après lui, c'était une âme qui avait vraiment besoin de mon aide, c'était vraiment important qu'elle venait me voir et que je l'ai écouté ».
 
Et quand le diable apparaît, est-ce que l'eau bénite le fait toujours partir ?
 
« Oui ».
 
Maintenant, Maria, vous êtes très connue surtout en Autriche, en Allemagne aussi, grâce à vos conférences et votre livre, mais au départ, vous étiez quand même très très caché, comment est-ce que du jour au lendemain les gens ont reconnu que votre expérience surnaturelle était authentique ?
 
« C'était lorsque les âmes m'ont demandé de prévenir leur famille afin qu'ils rendent un bien mal acquis, ils ont vu que ce que je disais c'était vrai ».
 
Alors là,  Maria m'a raconté plusieurs témoignages. Il serait très long de les citer, mais à plusieurs reprises, des âmes sont venues la trouver pour lui dire : « vas dans ma famille, dans tel village, ce village, elle ne le connaissait pas,  dire à mon père, à mon fils, à mon frère de rendre telle propriété, telle somme d'argent qui a été mal acquise par moi, et je serais délivrée du purgatoire, quand ce bien sera rendu ».
 
Alors Maria avait tous les détails du champ, de la somme, de la propriété dont il était question et les familles étaient bouleversées de savoir qu'elle connaissait tous ces détails, parce que même quelques fois les familles n'étaient pas au courant que ce bien  qui avait été mal acquis par leur parent. Et c'est de ce fait là que Maria a commencé à être très connue.
 
Maria, y a-t-il une reconnaissance officielle de l'Eglise devant ce charisme particulier que vous pratiquez envers ceux qui sont touchés par votre apostolat ?
 
« Mon évêque, il m'a dit que tant qu'il n'y a pas de faute théologique, je dois continuer et il est d'accord. Le Curé de ma paroisse qui est aussi mon guide spirituel, confirme aussi ces choses ».
 
Mais, je vais vous poser une question peut-être indiscrète, mais vous avez tellement fait pour les âmes du purgatoire, que sûrement quand vous mourriez à votre tour, des milliers d'âmes vous feront une escorte jusqu'au ciel. Vous n'auriez certainement pas à passer par le purgatoire, j'imagine.
 
« Je ne crois pas que j'irais au ciel sans purgatoire parce que j'ai eu plus de lumière, plus de connaissances et les fautes sont plus graves, mais j'espère quand même que les âmes m'aideront à monter au ciel».
 
Certainement.
 
Mais est-ce que vous êtes contente d'avoir ce charisme ou bien, est-ce que cela est pesant et pénible pour vous, toutes  ces demandes continuelles de la part des âmes.
 
« Non, je ne me plains pas de la difficulté, parce que je sais que je peux les aider beaucoup et je peux aider beaucoup d'âmes et je suis heureuse de le faire ».
 
Maria, je vous remercie beaucoup, beaucoup de la part de tous ceux qui nous écoutent pour ce beau témoignage que vous nous avez donné et toutes ces questions auxquelles vous avez bien voulu répondre, mais j'en ajouterais une petite dernière. Pour que nous vous connaissions mieux, est-ce que vous auriez la bonté de nous raconter en deux mots, votre vie.
 
« Bon, je voulais rentrer au couvent déjà toute petite, mais maman me disait d'attendre d'avoir vingt ans d'abord, je ne voulais pas me marier. Maman me parlait beaucoup des âmes du purgatoire et déjà à l'école, ces âmes m'ont beaucoup aidé. Alors, je me disais que je devais tout faire pour elles après. Je pensais au couvent. Alors je suis rentrée chez les sœurs du cœur de Jésus, mais elles m'ont dit que j'étais trop faible de santé pour rester chez elles. Etant enfant, j'avais une pneumonie et une phléborragie. La Supérieure m'a confirmé la vocation religieuse, mais elle m'a conseillé d'entrer dans un ordre plus facile et d'attendre quelques années. Et moi, je voulais surtout un ordre cloîtré et tout de suite, mais après deux nouveaux essais, la conclusion était la même. J'étais trop faible de santé. Alors, je me suis dite, qu'entrer au couvent, ce n'était pas la volonté du Seigneur sur moi. Alors, j'ai beaucoup souffert moralement, je me disais : le seigneur ne m'a pas montré ce qu'il veut de moi ; jusqu'au moment où il m'a confié cette tâche à l'âge de vingt cinq ans pour les âmes du purgatoire. Il m'avait fait attendre huit ans. A la maison, on était huit enfants, je travaillais chez nous à la ferme dès l'âge de quinze ans et puis je suis allée en Allemagne comme bonne chez un paysan. Et après, j'ai travaillé ici à la ferme à Santack. Et à partir de vingt cinq ans, quand les âmes ont commencé à venir et que j'ai eu beaucoup à souffrir pour elles, je vais beaucoup mieux physiquement, voilà ».
 
Bien, moi je vous dis, ça fait vraiment plaisir de voir une vie comme celle-là. Une vie toute donnée, dont chaque seconde, chaque heure a vraiment un poids d'éternité non seulement pour elle-même, mais pour tant et tant d'âmes, connues ou inconnues qu'elle aura ainsi aidé à se délivrer du purgatoire.
 
Alors, maintenant, j'ai une proposition à vous faire, à chacun de vous qui m'écoutez. Eh bien, on pourrait prendre la décision qu’aucun de nous n'aille au purgatoire. Et ça c'est possible. On a tout dans les mains pour y arriver. Et je me souviens d'une parole de Saint Jean de la Croix qui dit que la providence de Dieu pourvoit toujours dans une vie, à la purification nécessaire pour que lorsque nous sommes trouvés à l'heure de la mort, eh bien nous puissions aller tout droit au ciel.
 
La providence nous met assez dans notre vie, de contrariétés, d'épreuves, de souffrances, de maladies, assez pour que toutes ces purifications soient suffisantes pour nous amener tout droit au ciel à l'heure de notre mort et pourquoi ce n'est pas ce qui arrive ? C'est que nous nous révoltons, nous n'accueillons pas avec amour, avec reconnaissance ce cadeau de l'épreuve de notre vie et nous péchons par révolte. Nous péchons par insoumission si vous voulez. Alors, demandons au Seigneur la grâce de tout saisir vraiment pour qu'au jour de notre mort, il nous voit resplendissants de pureté et de beauté. Alors, bien sûr, si nous décidons ça, je ne dis pas que le chemin sera facile parce que entre nous, le Seigneur n'a jamais promis que le chemin sera facile. Il n'a pas promis la facilité mais le chemin sera dans la paix et le chemin sera un chemin de bonheur, ça oui, le Seigneur sera avec nous.                 
 
Et surtout, surtout c'est là dessus que je voudrais mettre l'accent. Maintenant profitons du temps qui nous reste sur la terre. Ce temps qui est si précieux et pendant lequel, il nous est encore donné de grandir dans l'amour, grandir dans l'amour, c'est à dire dans la gloire à venir et dans la beauté qui nous est destinée. A chaque minute, nous pouvons encore grandir dans l'amour et les âmes du purgatoire, elles,  ne le peuvent plus et les anges mêmes nous envient ce pouvoir que nous avons de grandir à chaque minute dans l'amour quand nous sommes sur la terre. Et chaque acte d'amour que nous offrirons au Seigneur, chaque petit renoncement, chaque petit jeûne, chaque petite privatisation, chaque petite lutte contre nos tendances, nos défunts, chaque petit pardon à nos ennemis, enfin toute petite chose que nous pourrons offrir ainsi, eh bien, sera pour nous plus tard une parure, un bijou, un trésor véritable pour l'éternité.
 
Alors, saisissons chaque occasion d'être aussi beaux que Dieu nous désire déjà dans sa prescience. Eh oui, si on voyait en pleine lumière la splendeur d'une âme pure, la splendeur d'une âme qui est purifiée, eh bien, on pleurerait de joie, d'émerveillement tellement c'est beau. Une âme même c'est quelque chose de splendide devant Dieu, c'est pour ça que Dieu nous désire parfaitement pures et ce n'est pas parce que nous serions impeccables dans notre voie que nous serions pures. Non, c'est parce que nous aurions le repentir de nos péchés et que nous serions humbles. Vous voyez, ça c'est très différent, les Saints ne sont pas des gens impeccables, mais ce sont ceux qui se relèvent et qui demandent pardon à chaque fois qu'ils tombent, alors c'est très différent.
 
Alors saisissons-nous aussi de tous ces merveilleux moyens que le Seigneur met entre nos mains pour aider les âmes qui attendent encore de posséder Dieu, qui languissent à cause de ce retard, qui languissent devant ce Dieu splendide qu'elles ont déjà entre-aperçu et qu'elles désirent de tout leur cœur. Et n'oublions pas non plus que la prière des enfants a une puissance immense sur le cœur de Dieu. Alors, apprenons leur à prier. Je me souviens d'une petite fille, je lui avais dit, tiens, maintenant tu vas prier pour les âmes. Tu vois ta famille, de tous tes amis qui sont déjà morts. Est-ce que tu veux bien aller devant Jésus pour lui demander ?
 
Alors, elle a été devant Jésus, puis cinq minutes après, elle est revenue et j'ai dit alors, qu'est-ce que tu as demandé au Seigneur ? Mais moi j'ai demandé au Seigneur qu'il délivre toutes les âmes du purgatoire. Et ça m'a fait craquer, parce que je me disais, cette petite, moi j'étais mesquine dans ma demande, mais elle, elle a tout de suite compris ce qu'il fallait demander. Et les enfants ont ce sens vraiment et ils sont très puissants sur le cœur de Dieu.
 
Je veux dire aussi, que les retraités qui bien souvent ont du temps libre eh bien, s'ils allaient à la messe, quotidiennement à la messe, quel trésor de grâces ils accumuleraient, non seulement pour eux-mêmes, mais aussi pour les défunts et pour des millions d'âmes. La valeur d'une seule messe, si on se rendait compte, alors, que de richesses on peut gaspiller par notre ignorance, notre indifférence ou tout simplement notre paresse, alors que nous avons le pouvoir dans nos mains de sauver, de sauver nos frères avec le Sauveur lui-même, avec Jésus, notre rédempteur.
 
« Oui, cœur divin de Jésus, accordes-moi la grâce de vivre toujours selon ta volonté, aussi bien aux heures les plus belles, les plus joyeuses de ma vie, les plus importantes que dans les moments difficiles. Accordes-moi d'être toujours prête à ma dernière heure. Donnes-moi le courage de tout donner pour ton amour, même ma vie, s'il le faut. Oh Jésus, par ta Sainte et Douloureuse Passion, fais que ta venue à l'heure de ma mort me trouve éveillée, en bon serviteur, avec un vrai repentir, une bonne confession et munie des derniers sacrements.
 
Oh Seigneur, ne m'abandonnes pas dans mon dernier combat sur cette terre, lorsque j'aurais à lutter contre Satan en fureur peut-être, que ta Sainte Mère, la Mère de miséricorde, que Saint Michel et les anges m'assistent et me protègent contre toutes les tentations à l'heure où je devrais quitter ce monde. Puissent-ils alors me consoler et me fortifier dans mes douleurs. Accordes-moi Seigneur, à cette heure-là une foi vive, une ferme confiance, un amour ardent et une grande patience. Fais que je me remette pleinement consciente entre tes mains et que je m'abandonne comme un petit enfant dans ta Sainte paix.
 
Dans ton infinie bonté et dans ta grande miséricorde, oh Jésus, souviens-toi de moi. Amen.

 
 
 
 
 

Ceci est une simple  transcription de la cassette audio de Maria SIMMA et d’une  Sœur  religieuse

« Les âmes du purgatoire ont dit ».



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S. Congrégation pour le Clérgé

Directoire Catéchétique Général

(édition 1971)

 

Traduction par les soins du CNER sous le contrôle de Mgr Gand.

Ce Directoire Catéchétique Général Paraît conformément au Décret Christus Dominus, n. 44.

La préparation de ce document a demandé beaucoup de temps, en raison non seulement des difficultés inhérentes à ce genre de travail, mais aussi de la méthode employée pour le réaliser.

Après avoir constitué une commission spéciale composée d’hommes particulièrement compétents en matière catéchétique - provenant de diverses Nations et choisis d’après les indications recueillies auprès de plusieurs Épiscopats - on a d’abord sollicité les conseils et les avis d’Épiscopats différents.

Compte tenu de ces conseils et de ces avis, on a commencé par esquisser dans ses grandes lignes un schéma de Directoire, et on l’a soumis à l’examen de la Sacrée Congrégation pour le Clergé, réunie en séance plénière extraordinaire. Ensuite, on a établi un schéma plus détaillé sur lequel, de nouveau, les Conférences Épiscopales ont été invitées à exprimer leur sentiment. D’après les conseils et les remarques formulés par les Évêques en cette seconde consultation, on a procédé à l’élaboration du schéma définitif de Directoire, lequel, avant de devenir de droit public, a cependant été révisé par une commission spéciale de théologiens et par la Sacrée Congrégation pour la Doctrine de la Foi.

Ce Directoire vise à fournir les principes fondamentaux théologico-pastoraux, tirés du Magistère ecclésiastique et particulièrement du Concile Œcuménique Vatican II, qui sont de nature à orienter et coordonner de manière convenable l’action pastorale du ministère de la parole. C’est ce qui explique pourquoi, dans ce Directoire, domine l’aspect théorique, bien que de toute évidence l’aspect pratique ne soit aucunement absent. Cette voie et cette méthode ont été choisies surtout pour la raison suivante : c’est seulement quand on a, dès le départ, une connaissance exacte de la nature et des fins de la catéchèse, et des vérités qu’elle a à transmettre - compte tenu des destinataires de la catéchèse et des situations dans lesquelles ils se trouvent - qu’il est possible d’éviter les défauts et les erreurs qu’il n’est pas rare de rencontrer aujourd’hui en matière catéchétique. Quant à l’application concrète des propositions et des principes contenus dans ce Directoire, c’est la fonction spécifique des divers Épiscopats : ils s’en acquittent par des Directoires nationaux et régionaux, des catéchismes, et tous autres moyens aptes à promouvoir efficacement l’œuvre du ministère de la parole.

Il est évident que toutes les parties de ce Directoire n’ont pas la même importance. Ce qui est dit de la révélation divine, de la nature de la catéchèse, des critères de l’annonce du message chrétien, ainsi que de ses éléments principaux, s’impose à l’attention de tous. Par contre, ce qui est dit de la situation présente, de la méthodologie, de la catéchèse selon les âges, est à considérer plutôt comme des suggestions et des indications, étant donné que bien des choses sont nécessairement tirées des sciences humaines théoriques ou pratiques et sont susceptibles d’une certaine évolution.

Ce Directoire est principalement destiné aux Évêques, aux Conférences Épiscopales et, en général, à tous ceux qui, sous leur direction et leur contrôle, ont une responsabilité dans le domaine de la catéchèse. Le but, que se propose dans l’immédiat ce Directoire, est d’apporter une aide à la composition des directoires catéchistiques et des catéchismes. C’est précisément pour aider à la préparation de ces documents qu’on a proposé certains traits fondamentaux des situations actuelles, afin de susciter, dans les diverses parties de l’Église, des recherches attentives et diligentes sur les conditions et les nécessités pastorales de chaque pays ; en outre, on a indiqué quelques principes généraux de méthodologie et d’application de la catéchèse aux différents âges, pour souligner à quel point il est nécessaire d’apprendre l’art et la sagesse de l’éducation ; enfin, dans une troisième partie, on a apporté un soin particulier à déterminer les critères d’après lesquels il faut proposer les vérités que doit transmettre la catéchèse ; en même temps, on y donne une vue d’ensemble des éléments essentiels de la foi chrétienne, afin qu’apparaisse en pleine lumière le but que doit nécessairement garder la catéchèse : proposer intégralement le message chrétien.

Ce Directoire étant destiné à des Nations où les conditions et les nécessités pastorales sont très différentes, il est évident que seules ont pu être prises en considération les situations communes ou, comme on dit, moyennes. C’est pourquoi on devra, pour juger et apprécier ce Directoire, tenir compte de cette structure et de ce caractère particuliers. Il faut en dire tout autant de la description du travail pastoral, que propose la sixième partie. Il s’agit des moyens à employer pour promouvoir l’action pastorale, et l’on s’est contenté d’en dessiner les grands traits. Cela ne suffira peut-être pas dans les régions où la catéchèse a déjà fait de grands progrès, mais sans doute cela apparaîtra-t-il trop exigeant là où la catéchèse a encore peu progressé.

Au moment où paraît ce document, nouveau témoignage de la sollicitude de l’Église envers un ministère absolument indispensable au bon accomplissement de sa mission dans le monde, il est à souhaiter qu’il reçoive bon accueil, et qu’il soit examiné et étudié avec grand soin, compte tenu des nécessités pastorales de chacune des communautés ecclésiales ; qu’il puisse aussi stimuler des recherches ultérieures plus approfondies, qui répondent fidèlement aux exigences du ministère de la parole et aux normes du Magistère ecclésiastique.

 

 

PRINCIPALES ABRÉVIATIONS

 

AA = Apostolicam Actuositatem

AG = Ad Gentes divinitus

CD = Christus Dominus

DH = Dignitatis Humanae

DV = Dei Verbum

GE = Gravissimum Educationis

GS = Gaudium et Spes

IM = Inter Mirifica

LG = Lumen Gentium

NA = Nostra Aetate

OT = Optatam Totius

PC = Perfectae Caritatis

PO = Presbyterorum Ordinis

SC = Sacrosanctum Concilium.

UR = Unitatis Redintegratio.

 

 

PREMIÈRE PARTIE

L’actualité du problème

 

NATURE ET BUT DE CETTE PARTIE

 

1. Le projet essentiel de l’Église étant d’annoncer la foi aux hommes d’aujourd’hui et de la promouvoir au cœur d’une société secouée par de profondes mutations socioculturelles, il importe, en ayant sous les yeux les enseignements du Concile Vatican II, de dégager certains traits ou caractères de la situation actuelle, en indiquant leurs répercussions spirituelles et les devoirs nouveaux qui incombent à l’Église. Ce faisant, il ne s’agit pas d’épuiser une matière qui offre, dans les diverses parties de l’Église, des éléments particuliers et souvent fort différents. Il reviendra aux directoires nationaux de compléter ces esquisses et de les adapter aux nécessités de chaque nation ou de chaque région.

 

Par rapport au monde

 

NOTRE MONDE EN CONTINUELLE ÉVOLUTION

 

2. " Le genre humain vit aujourd’hui un âge nouveau de son histoire, caractérisé par des changements profonds et rapides qui s’étendent peu à peu à l’ensemble du globe... A tel point que l’on peut déjà parler d’une véritable métamorphose sociale et culturelle dont les effets se répercutent jusque sur la vie religieuse " (GS, 4).

A titre d’exemple, voici deux incidences sur la vie de foi qui concernent plus particulièrement la catéchèse :

a) Dans le passé, la tradition culturelle favorisait plus qu’aujourd’hui la transmission de la foi ; elle a tellement changé que, désormais, on peut de moins en moins s’appuyer sur cette continuité de la tradition culturelle. Dès lors, pour transmettre aux nouvelles générations la même foi, il est indispensable de rénover, en quelque sorte, l’évangélisation.

b) Il faut remarquer que la foi chrétienne, si elle veut s’enraciner dans l’évolution culturelle, requiert des approfondissements et de nouvelles formes d’expression. Même si les aspirations et les requêtes profondes de la nature et de la condition humaines demeurent fondamentalement les mêmes, il reste que nos contemporains posent des questions nouvelles sur le sens et la valeur de la vie.

Les croyants de notre époque ne sont pas absolument semblables à ceux d’autrefois. D’où la nécessité d’affirmer la pérennité de la foi, mais aussi de proposer l’annonce du salut selon des modes renouvelés.

Aujourd’hui, il faut aussi tenir compte de l’immense rayonnement des moyens de communication sociale, dont l’efficacité dépasse les frontières des nations et fait, pour ainsi dire, de chaque individu un citoyen du monde (cf. IM, 22).

Ces moyens d’information exercent sur la vie des fidèles une extrême influence, tant par ce qu’ils leur apprennent que par la mentalité et les manières d’agir qu’ils leur inculquent. Il est indispensable de traiter ce fait avec toute l’attention qu’il mérite.

LE PLURALISME ACTUEL

3. " De ce fait, il se produit des changements, de jour en jour plus importants, dans les communautés locales traditionnelles (familles patriarcales, clans, tribus, villages), dans les différents groupes et dans les rapports sociaux " (GS, 6)

Dans la chrétienté de jadis, la religion était considérée comme le principe essentiel de l’unité des peuples. Les choses se présentent différemment de nos jours ; le rapprochement des peuples, qui tire son origine du phénomène démocratique, tend à développer la concorde entre diverses familles spirituelles ; le " pluralisme ", comme on dit, n’est plus considéré comme un mal à écarter, mais comme un fait dont il faut tenir compte ; chacun peut se comporter comme il l’entend, sans s’exclure de la société ni faire figure d’étranger.

Ceux donc qui s’adonnent au ministère de la parole ne doivent jamais oublier que la foi est une réponse libre à la grâce de Dieu qui révèle. Ils ont, plus encore qu’autrefois, à proposer la bonne nouvelle du Christ dans son admirable caractère à la fois de clé mystérieuse expliquant la condition humaine tout entière, et de don gratuit de Dieu que l’homme, dans l’aveu de sa propre insuffisance, ne peut recevoir que de la grâce céleste (cf. GS, 10).

LE DYNAMISME DE NOTRE ÉPOQUE

4. La construction de la cité humaine, le progrès de l’humanité et la réalisation croissante des projets des hommes stimulent les énergies de nos contemporains (cf. GS, 4). La foi ne doit absolument pas se considérer comme étrangère à ce progrès humain, même s’il comporte parfois de graves déviations. Aussi, le messager de l’Évangile doit-il savoir discerner cet état de choses et en montrer la signification.

Le ministère de la parole, en développant sa réflexion sur la vocation humaine et divine de l’homme, doit faire en sorte que l’Évangile répande ses germes vitaux d’authentique liberté et de progrès (cf. AG, 8, 12). Il doit également stimuler le désir de promouvoir le progrès de la personne humaine et de lutter contre cette manière de penser et d’agir qui favorise le fatalisme.

Ces réflexions veulent simplement montrer comment, aujourd’hui, le ministère de la parole doit orienter son action vers ce monde : " ... il est maintenant demandé à l’Église de transfuser la force éternelle, vitale, divine de l’Évangile dans les veines de la communauté humaine, telle qu’elle est aujourd’hui " (Jean XXIII, Const. Apost. Humanae salutis, AAS, 1962, page 6).

SITUATION ACTUELLE DU SENS RELIGIEUX

5. Il n’est pas rare que cette forme de civilisation, dite scientifique, technique et urbaine, détourne des choses divines l’attention des hommes et rende plus malaisées de véritables préoccupations d’ordre religieux. Pour beaucoup, Dieu semble moins présent, moins nécessaire, moins efficace pour expliquer les choses de la vie, tant personnelle que sociale : d’où naît aisément une crise religieuse (cf. GS, 5, 7).

La foi chrétienne fait l’expérience, tout comme les autres religions, d’une crise de ce genre parmi ses adeptes. Elle a donc le devoir pressant de témoigner de sa vraie nature qui transcende tout progrès culturel, et de marquer sa nouveauté dans les cultures sécularisées et désacralisées.

La fonction du ministère de la parole réclame que l’on sache découvrir, purifier et promouvoir les valeurs réelles qui existent dans le patrimoine spirituel des cultures humaines où le sens religieux demeure encore vivant et vigoureux, imprégnant en profondeur et en totalité l’existence humaine.

Autrefois, les opinions contestables ou les erreurs sur la foi et sur le sens chrétien de la vie ne touchaient le plus souvent qu’un nombre restreint d’hommes ; elles se limitaient plus nettement qu’aujourd’hui aux milieux intellectuels. Maintenant, les progrès de l’humanité et les moyens de communication sociale font, en réalité, que ces opinions se répandent à une vitesse accrue et influencent chaque jour davantage les chrétiens, surtout les jeunes qui traversent des crises graves et sont souvent enclins à admettre des manières de penser et d’agir opposées à la religion. Ces circonstances requièrent -véritablement des remèdes pastoraux adaptés.

 

Par rapport à l’Église

 

Les signes particuliers, qui caractérisent l’état spirituel du monde, se retrouvent également dans la vie de l’Église.

FOI " TRADITIONNELLE "

6. Pour beaucoup, la foi chrétienne s’est trouvée gravement en péril, là où la religion semblait surtout favoriser les prérogatives de certaines classes sociales, ou bien lorsqu’elle s’appuyait plus que de raison sur des coutumes ancestrales ou sur l’unanimité de la pratique religieuse dans la région.

Ces foules glissent peu à peu dans l’indifférence religieuse ou sont exposées au danger de ne garder qu’une foi privée de son nécessaire dynamisme, incapable de pénétrer efficacement la vie réelle. Plutôt que de s’en tenir à des coutumes religieuses traditionnelles, il s’agit, par-dessus tout, à l’heure actuelle, de s’appliquer à une ré-évangélisation des hommes, de les amener à une nouvelle conversion, de les éduquer au partage d’une foi plus profonde et plus personnelle.

Cela ne veut pas dire, toutefois, qu’il faille négliger la foi originelle conservée dans les groupes de culture chrétienne traditionnelle ou faire peu de cas du sens religieux populaire. Le sens religieux, nonobstant les progrès de la sécularisation, continue d’être bien vivant dans certaines parties de l’Église. Personne ne peut en faire fi, puisque, la plupart du temps, il s’exprime avec sincérité et authenticité dans la vie courante d’une multitude d’hommes. Bien plus, le sens religieux populaire est l’occasion, l’amorce d’une annonce de la foi. Il s’agit seulement, en réalité, de le purifier et d’apprécier correctement les éléments de valeur qu’il sous-tend, de façon à ne pas s’attacher à des formes d’action pastorale aujourd’hui insuffisantes, inadaptées, peut-être même hors de propos.

 

INDIFFÉRENCE RELIGIEUSE ET ATHÉISME

 

7. Nombre de baptisés se sont éloignés de la religion, au point de faire preuve d’un certain indifférentisme, voire presque d’athéisme. " Beaucoup de nos contemporains ne perçoivent pas du tout ou même rejettent explicitement le rapport intime et vital qui unit l’homme à Dieu : à tel point que l’athéisme compte parmi les faits les plus graves de ce temps et doit être soumis à un examen très attentif " (GS, 19).

Le Concile Vatican II a pris sérieusement en considération ce problème (cf. GS, 19-20) et il a indiqué, sans équivoque, les remèdes à y apporter. " Quant au remède à l’athéisme, on doit l’attendre d’une part d’une présentation adéquate de la doctrine, d’autre part de la pureté de vie de l’Église et de ses membres. C’est à l’Église qu’il revient, en effet, de rendre présents et comme visibles Dieu le Père et son Fils incarné, en se renouvelant et en se purifiant sans cesse, sous la conduite de l’Esprit-Saint. Il y faut surtout le témoignage d’une foi vivante et adulte, c’est-à-dire d’une foi formée à reconnaître lucidement les difficultés et capable de les surmonter " (GS, 21).

Il y a même des cas où l’on rencontre une foi chrétienne contaminée par une forme nouvelle de paganisme, bien qu’il reste un certain sens religieux et une certaine croyance en l’Être suprême. Une mentalité religieuse peut être éloignée de l’influence de la parole de Dieu, de la pratique des sacrements, et même tirer profit d’une pratique superstitieuse ou magique ; la vie morale peut régresser vers une éthique pré-chrétienne. Dans la religion chrétienne, s’introduisent parfois des éléments empruntés au culte de la nature, à l’animisme, à la divination, et c’est ainsi qu’en certains endroits on en arrive au syncrétisme. Il arrive même que se propagent des sectes religieuses qui mêlent aux mystères chrétiens des éléments d’une mythologie antique.

Dans ces cas, il importe au plus haut point de renouveler le ministère de la parole, surtout l’évangélisation et la catéchèse, selon les directives du Décret Ad Gentes divinitus, n. 13, 14, 21, 22.

 

FOI ET DIVERSITÉ DES CULTURES

 

8. Il ne manque pas de fidèles, ayant reçu une excellente éducation chrétienne, qui éprouvent de la difficulté concernant une manière d’exprimer la foi qu’ils estiment trop attachée à des formules vieillies et surannées, ou trop liée à la culture occidentale. Aussi cherchent-ils à exprimer les vérités religieuses d’une manière nouvelle qui parle à l’esprit des contemporains, dans l’espoir que la foi éclaire les réalités qui touchent aujourd’hui les hommes, et que l’Évangile puisse passer dans les cultures diverses. C’est assurément le devoir de l’Église d’examiner, avec la plus grande attention, cette aspiration des hommes.

Ce que le Décret Ad Gentes divinitus recommande pour les églises de fondation récente vaut aussi pour tous ceux à qui incombe le ministère de la parole : " ... (les églises) empruntent aux coutumes et aux traditions de leurs peuples, à leur sagesse, à leur science, à leurs arts, à leurs disciplines, tout ce qui peut contribuer à confesser la gloire du Créateur, mettre en lumière la grâce du Sauveur, et ordonner comme il le faut la vie chrétienne " (n. 22 ; cf. n. 21 ; Paul VI, Alloc. du 6 août 1969).

Pour cette raison, " en proposant d’une manière renouvelée le message évangélique, le ministère de la parole doit montrer l’unité du dessein salvifique de Dieu. Confusions et connaissances trop sommaires ayant été écartées, il doit toujours montrer la correspondance intime qui existe entre le projet salvifique de Dieu, accompli dans le Christ Seigneur, et les aspirations des hommes, entre l’histoire du salut et l’histoire humaine, entre l’Église peuple de Dieu et les communautés humaines, entre l’action révélatrice de Dieu et l’expérience de l’homme, entre les dons ou charismes surnaturels et les valeurs humaines " (Comm. 5, s/comm. 2. Conférence Générale de l’Épiscopat Latino-Américain, 1968).

 

LE RENOUVEAU

 

9. Ce nouvel état de choses, penseront peut-être certains, constitue une entrave à l’ardeur apostolique que l’Église s’efforce actuellement de promouvoir. En tout cas, on ne peut accuser ni le zèle des pasteurs ni celui des fidèles : en vérité, il est grand. Les obstacles viendraient plutôt, soit d’un manque trop fréquent de préparation suffisante pour affronter des tâches nouvelles et difficiles, soit de quelque réflexion sommaire qui s’exprime en des théories plus opposées que favorables à l’œuvre d’évangélisation.

Après avoir bien examiné cette situation, le Concile Vatican II a multiplié ses encouragements pour un renouveau du ministère de la parole dans l’Église. Ce renouveau paraît être mis en question aujourd’hui, surtout :

- par ceux qui ne sont pas capables de voir la profondeur de la rénovation entreprise, comme s’il ne s’agissait que de supprimer l’ignorance de la doctrine. Le remède serait, à leur avis, de renforcer l’institution catéchétique. A bien considérer les choses, on comprend tout de suite que le remède est loin d’être à la mesure du problème. En réalité, la proposition catéchétique doit être rénovée du dedans, et cette rénovation concerne l’éducation permanente de la foi, non seulement chez les enfants, mais chez les adultes.

- par ceux qui sont portés à réduire le message évangélique à ses conséquences pour la vie temporelle des hommes.

Certes, l’Évangile avec sa loi d’amour exige que les fidèles collaborent, autant qu’ils le peuvent, - dans l’exercice de leurs obligations et de leurs charges séculières - à instaurer de plus en plus la justice et la fraternité parmi les hommes. Cela, toutefois, ne saurait suffire pour témoigner de Jésus-Christ, le Fils de Dieu et notre Sauveur, qui nous a révélé l’ineffable amour de Dieu (cf. 1 Jn 4,9) et dont le mystère doit être clairement et intégralement annoncé aux hommes et reconnu par eux.

La doctrine de la Constitution Gaudium et Spes et de la Déclaration Dignitatis humanae ne conduit aucunement à minimiser l’importance du ministère de la parole dans la pastorale de la foi. Dans l’un et l’autre document apparaît le souci de porter remède à la situation que l’on vient de décrire. En tout cas, le renouveau du ministère de la parole, notamment de la catéchèse, ne peut être séparé du renouveau de l’ensemble de la pastorale.

Pour obtenir un bon résultat, des moyens difficiles, mais d’une très grande importance doivent être mis en œuvre jusqu’au bout : promouvoir le progrès des formes habituelles du ministère de la parole et en susciter de nouvelles ; évangéliser et catéchiser les hommes d’un moindre niveau culturel ; prendre contact avec les classes instruites et pourvoir à leurs besoins ; améliorer les formes traditionnelles de présence chrétienne et en trouver de nouvelles ; rassembler toutes les ressources actuelles de l’Église et, en même temps, écarter tout ce qui semble moins conforme à l’Évangile.

Pour mener à bien cette tâche, l’Église compte sur tous les membres du peuple de Dieu. Chacun dans sa fonction - évêques, prêtres, religieux et religieuses, laïcs - doit remplir entièrement sa mission. Et, qui plus est, la remplir en tenant compte de l’état du monde qui bouleverse profondément la vie de foi.

Pour apporter à ces ouvriers évangéliques une aide efficace, le renouveau catéchétique doit utiliser les secours que peuvent lui apporter les sciences sacrées, la théologie, les études bibliques, la réflexion pastorale, ainsi que les sciences humaines, sans oublier les techniques actuelles de diffusion des idées et des opinions, notamment les moyens de communication sociale.

 

DEUXIÈME PARTIE

Le ministère de la parole

CHAPITRE PREMIER

 

Le ministère de la parole et la révélation

 

LA RÉVÉLATION : DON DE DIEU

 

10. Dans le Décret Dei Verbum, le Concile Œcuménique a considéré la révélation comme un acte par lequel Dieu se communique personnellement : " Il a plu à Dieu, dans sa bonté et sa sagesse, de se révéler lui-même et de faire connaître le mystère de sa volonté... pour inviter les hommes à entrer en communion avec lui et les recevoir en cette communion " (DV, 2). Dieu apparaît là comme celui qui veut se communiquer lui-même, réalisant ainsi un dessein d’amour.

La catéchèse doit donc prendre son point de départ dans ce don de l’amour divin. La foi est l’acceptation et la mise en valeur de ce don divin en nous. Ce signe distinctif, par lequel la foi doit être regardée comme un don, affecte tout ce qui regarde le ministère de la parole.

 

LA RÉVÉLATION : FAITS ET PAROLES

 

11. Dieu agit de telle sorte que les hommes parviennent à la connaissance de son dessein, à la fois par les événements de l’histoire du salut et par les paroles divinement inspirées qui accompagnent et illustrent ces événements : " Cette économie de la révélation se fait par des actions et des paroles si étroitement liées entre elles, que les œuvres accomplies par Dieu dans l’histoire du salut rendent évidentes et corroborent la doctrine et l’ensemble des choses signifiées par les paroles, et que les paroles proclament les œuvres et font découvrir le mystère qui s’y trouve contenu " (DV, 2).

La révélation consiste donc en des faits et des paroles qui s’éclairent mutuellement. Le ministère de la parole doit les annoncer de façon à mettre en lumière et à communiquer les profonds mystères qu’ils contiennent. Ainsi, non seulement le ministère de la parole reprend la révélation des merveilles de Dieu faite dans le temps et conduite à sa perfection dans le Christ, mais en même temps, à la lumière de cette révélation, il interprète la vie des hommes de notre époque, les réalités de ce monde et les signes des temps, car c’est en eux que s’accomplit le dessein de Dieu pour le salut des hommes.

 

JÉSUS-CHRIST, MÉDIATEUR ET PLÉNITUDE DE TOUTE LA RÉVÉLATION

 

12. " Par cette révélation, la vérité profonde... resplendit à nos yeux dans le Christ, qui est à la fois le médiateur et la plénitude de la révélation tout entière " (DV, 2).

Le Christ n’est pas seulement le plus grand des prophètes qui a, par sa doctrine, accompli ce que Dieu avait dit et fait dans les siècles passés. Il est lui-même le Fils éternel de Dieu, fait homme, et par le fait même, l’événement majeur vers lequel convergent tous les événements de l’histoire du salut ; il est aussi celui qui accomplit et manifeste les desseins définitifs de Dieu. " C’est pourquoi lui-même... a donné à la révélation son dernier achèvement " (DV, 4 ; cf. LG, 9).

Le ministère de la parole doit mettre en lumière ce caractère admirable, propre à l’économie de la révélation. Le Fils de Dieu entre dans l’histoire des hommes, assume la vie et la mort humaines et réalise, dans cette histoire, son dessein d’alliance.

A l’exemple de l’Évangéliste Luc, le ministère de la parole doit d’abord rappeler aux croyants l’événement Jésus, en montrer la signification, et chercher à creuser de plus en plus ce fait unique et irréversible : " Puisque beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous... j’ai décidé, moi aussi, après m’être informé soigneusement de tout depuis les origines, d’en écrire pour toi l’exposé suivi " (Lc 1, 1-3).

C’est pourquoi le ministère de la parole doit se fonder sur le commentaire divinement inspiré que nous ont donné de l’Incarnation rédemptrice Jésus lui-même, les premiers disciples et particulièrement les apôtres qui furent témoins des événements. " Il n’échappe à personne que parmi toutes les Écritures... les Évangiles l’emportent à juste titre, du fait qu’ils sont le témoignage principal sur la vie et l’enseignement du Verbe Incarné, notre Sauveur " (DV, 18).

Il faut rappeler, en outre, que Jésus, Messie et Seigneur, est toujours présent à son Église par son Esprit (cf. Jn 14, 26 ; 15, 26 ; 1,6, 13 ; Ap 2, 7). Dès lors, le ministère de la parole présente le Christ, non seulement comme son objet, mais aussi comme celui qui ouvre le cœur des auditeurs à l’accueil et à l’intelligence du message divin (cf. Act 16, 14).

 

LE MINISTÈRE DE LA PAROLE OU PRÉDICATION DE LA PAROLE DE DIEU : ACTE DE LA TRADITION VIVANTE

 

13. " Ce qui a été transmis par les apôtres embrasse tout ce qui contribue à diriger saintement la vie du peuple de Dieu et à accroître sa foi ; ainsi l’Église, dans sa doctrine, sa vie et son culte, perpétue et transmet à toutes les générations tout ce qu’elle est elle-même, tout ce qu’elle croit " (DV, 8).

Cette tradition est liée à des paroles, mais elle va plus loin, elle est plus profonde que ces paroles. C’est une tradition vivante, parce qu’en elle Dieu continue sa conversation avec les hommes. " Ainsi Dieu, qui a parlé jadis, ne cesse de converser avec l’Épouse de son Fils bien-aimé, et l’Esprit-Saint, par qui la voix vivante de, l’Évangile retentit dans l’Église, et par l’Église dans le monde... " (DV, 8).

C’est pourquoi on peut regarder le ministère de la parole comme le héraut de cette vivante tradition, dans l’ensemble de toute la tradition. " Cette Tradition qui vient des Apôtres se développe dans l’Église sous l’assistance de l’Esprit-Saint : grandit, en effet, la perception des réalités et des paroles transmises, soit par la contemplation et l’étude des croyants qui les méditent en leur cœur, soit par l’intelligence intime qu’ils éprouvent des réalités spirituelles, soit par la proclamation qu’en font ceux qui, avec la succession épiscopale, ont reçu un charisme assuré de vérité " (DV, 8).

D’une part, la révélation divine, objet de la foi catholique, qui s’est achevée au temps des Apôtres, doit être nettement distinguée de la grâce du Saint-Esprit sans l’inspiration et l’illumination duquel nul ne peut croire. D’autre part, Dieu qui autrefois, à travers des faits divins et le message des prophètes, du Christ et des Apôtres, a parlé au genre humain en se révélant lui-même, continue encore maintenant, par l’Esprit-Saint, de diriger secrètement l’Église son Épouse dans la Sainte Tradition par la lumière et le sens de la foi, et de converser avec elle ; ainsi le peuple de Dieu, sous la conduite du Magistère, peut-il parvenir à une intelligence plus ample de la révélation.

Les Pasteurs de l’Église, non seulement proclament et expliquent directement au peuple de Dieu le dépôt de la foi qui leur a été confié, mais, en ce qui concerne les expressions et explications que les fidèles recherchent et proposent, ils décident avec autorité, si bien que " dans le maintien de la foi transmise, dans sa pratique et sa confession, s’établit, entre évêques et fidèles, une singulière unité d’esprit " (DV, 10).

C’est la raison pour laquelle il est indispensable que le ministère de la parole rapporte la révélation divine telle que le Magistère l’enseigne et telle que, sous la vigilance du Magistère, elle s’exprime dans la conscience et la foi vivantes du peuple de Dieu. De cette façon, le ministère de la parole n’est pas la simple répétition de la doctrine du passé, mais sa reproduction fidèle avec une adaptation aux problèmes nouveaux et une intelligence croissante de cette doctrine.

 

LA SAINTE ÉCRITURE

 

14. La révélation divine, sous l’inspiration particulière de l’Esprit-Saint, a été exprimée aussi par écrit, dans les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, qui contiennent et présentent la vérité divinement révélée (cf. DV, 11).

L’Église, gardienne et interprète des Saintes Écritures, est instruite par celles-ci, grâce à une méditation assidue et une perception de plus en plus profonde de leur doctrine. Restant toujours fidèle à la tradition, le ministère de la parole trouve dans la Sainte Écriture sa nourriture et sa règle (cf. DV, 21, 24, 25). Dans les Livres saints, en effet, le Père des Cieux vient avec tout son amour à la rencontre de ses fils et engage conversation avec eux (cf. DV, 21).

Mais s’il est vrai que l’Église tire de la Sainte Écriture sa règle de pensée, c’est elle-même animée par l’Esprit qui l’interprète : " C’est en elle que les Saintes Lettres elles-mêmes sont comprises de façon plus pénétrante et sont rendues indéfiniment actives " (DV, 8).

Ainsi, le ministère de la parole tire-t-il son principe des Lettres Sacrées et de la prédication des Apôtres, en tant que c’est de l’Église qu’elles reçoivent compréhension, explication et application aux situations concrètes.

 

LA FOI : RÉPONSE A LA PAROLE DE DIEU

 

15. Par la foi, l’homme accueille la révélation et, par elle, il participe au don de Dieu, de manière consciente.

A Dieu qui révèle, il faut apporter cette obéissance de la foi, par laquelle l’homme adhère librement à l’Évangile de la grâce de Dieu (cf. Act 20, 24), par l’hommage total de son intelligence et de sa volonté. Instruit par la foi et grâce au don de l’Esprit, l’homme parvient à contempler et à goûter l’amour de Dieu qui a révélé dans le Christ les richesses de sa gloire (cf. Col 1, 26) ; bien plus, la foi vivante est en nous le commencement de la vie éternelle où les profondeurs de Dieu (cf. 1 Cor 2, 10) seront enfin connues sans voile. La foi, instruite du dessein salvifique de Dieu, conduit l’homme à discerner pleinement la volonté divine sur nous en ce monde et à coopérer à sa grâce. " La foi, en effet, éclaire toutes choses d’une lumière nouvelle et nous fait connaître la volonté divine sur la vocation intégrale de l’homme, orientant ainsi l’esprit vers des solutions pleinement humaines " (GS, 11).

 

LA CHARGE DU MINISTÈRE DE LA PAROLE

 

16. En somme, le ministre de la parole doit avoir pleine conscience de la charge qui lui est confiée : il s’agit de stimuler une foi vigoureuse, capable de tourner l’esprit vers Dieu, d’amener à obéir à son action, de conduire à une connaissance vivante des expressions de la tradition, de dire et de manifester le sens véritable du monde et de l’existence humaine.

Le ministère de la parole est la communication de l’annonce du salut : il apporte l’Évangile aux hommes. Le mystère annoncé et livré atteint en profondeur cette volonté de vivre, ce désir intime de plénitude, cette attente de la félicité future, que Dieu a inscrits au cœur de tout homme et qu’il a élevés, par sa grâce, à l’ordre surnaturel.

Les vérités à croire portent en elles l’amour de Dieu qui a tout créé pour le Christ et nous a ressuscités dans le Christ Jésus. Les divers aspects du mystère doivent être présentés de telle sorte que le fait central, Jésus, en tant qu’il est le plus précieux don de Dieu aux hommes, occupe la première place et qu’à partir de lui, les autres vérités de la doctrine catholique reçoivent leur place et leur hiérarchie, dans une perspective pédagogique (cf. nn. 43 et 39).

 

CHAPITRE II

La catéchèse dans la mission pastorale de l’Église

(Nature, fin, efficacité)

 

LE MINISTÈRE DE LA PAROLE DANS L’ÉGLISE

 

17. Le ministère de la parole revêt de nombreuses formes, selon les diverses situations dans lesquelles il s’exerce et les buts qu’il se propose ; la catéchèse en est une.

Il y a la forme appelée évangélisation, ou prédication missionnaire, qui a pour but d’éveiller initialement la foi (cf. CD, 11, 13 ; AG, 6, 13, 14), de façon à susciter l’adhésion des hommes à la parole de Dieu.

Ensuite vient la catéchèse " dont le but est de rendre chez les hommes la foi vivante, explicite et active, en l’éclairant par la doctrine " (CD, 14).

Puis la forme liturgique, au cours de la célébration liturgique, et surtout eucharistique (par exemple l’homélie) (cf. SC, 33, 52 ; Inter Œcum., 54).

Enfin, la forme théologique, c’est-à-dire l’exposé systématique et l’étude scientifique des vérités de foi.

Pour notre propos, il importe de distinguer ces diverses formes qui sont régies par des lois particulières. Cependant, dans la réalité concrète du ministère pastoral, elles sont étroitement liées.

En conséquence, tout ce qui a été dit jusqu’ici du ministère de la parole en général doit être également appliqué à la catéchèse.

 

CATÉCHÈSE ET ÉVANGÉLISATION

 

18. La catéchèse suppose, de soi, une adhésion globale à l’Évangile du Christ, proposé par l’Église. Souvent, cependant, elle a pour destinataires des hommes qui, tout en ayant quelque lien avec l’Église, n’ont jamais donné, de fait, une véritable adhésion personnelle au message de la révélation.

Ceci montre que l’évangélisation peut précéder ou accompagner, selon les circonstances, l’acte de catéchèse proprement dit. Mais, dans tous les cas, il ne faut pas perdre de vue que la conversion est un élément toujours présent dans le dynamisme de la foi ; pour cette raison, toute forme de catéchèse doit inclure aussi certaines démarches qui relèvent de l’évangélisation.

 

FORMES DE CATÉCHÈSE

 

19. Vu la variété des circonstances et la multiplicité des besoins, l’activité catéchistique prend nécessairement des formes variées.

Dans les régions de vieille chrétienté, la catéchèse prend souvent la forme d’une instruction religieuse donnée aux enfants et aux adolescents dans les écoles ou en dehors. On y trouve aussi des organisations variées pour la catéchèse des adultes, ainsi qu’une institution catéchuménale à l’intention de ceux qui se préparent au baptême, ou de ceux qui, bien que baptisés, manquent d’une initiation chrétienne suffisante. Le plus souvent, l’état réel dans lequel se trouvent un grand nombre de fidèles exige, de toute nécessité, une certaine forme d’évangélisation des baptisés, antérieure à la catéchèse.

Dans les églises de fondation récente, on donne une importance particulière au travail d’évangélisation au sens strict ; c’est pourquoi on adopte une forme caractérisée de catéchuménat à l’intention de ceux qui sont initiés à la foi en vue de la réception du baptême (cf. AG, 4).

En un mot, l’action catéchistique peut prendre des formes et des structures fort variées : systématiques ou occasionnelles, individuelles ou communautaires, organisées ou spontanées, etc...

 

20. Que les pasteurs aient constamment présent à l’esprit le devoir qui leur incombe, d’assurer et de promouvoir l’illumination de l’existence chrétienne par la parole de Dieu, à tous les âges de la vie et dans toutes les conjonctures historiques (cf. CD, 14), en sorte que n’importe quel individu ou collectivité puisse être atteint dans l’état spirituel où il se trouve.

Qu’ils se souviennent aussi que la catéchèse des adultes, s’adressant à des hommes capables d’une adhésion pleinement responsable, doit être considérée comme la forme privilégiée de catéchèse, à laquelle toutes les autres - évidemment toujours nécessaires - sont d’une certaine manière ordonnées. Qu’ils s’appliquent, en outre, avec le plus grand soin, obéissant aux règles du Concile Vatican II, " à restaurer ou à aménager le catéchuménat des adultes " (CD, 14 ; cf. AG, 14).

 

FONCTIONS DE LA CATÉCHÈSE

 

21. Dans l’ensemble de l’activité pastorale, la catéchèse est la forme d’action ecclésiale qui conduit à la maturité de la foi les communautés et les personnes chrétiennes.

Par la catéchèse, les communautés chrétiennes acquièrent une connaissance plus parfaite et vivante de Dieu et de son dessein salvifique dont le centre est le Christ, Verbe de Dieu Incarné ; elles s’édifient en s’efforçant de parvenir à une foi éclairée et adulte, et de la faire partager par ceux qui en éprouvent le désir.

Pour tout homme ouvert à l’annonce de l’Évangile, la catéchèse est un moyen particulièrement adapté pour comprendre dans sa propre vie le dessein de Dieu, et pour discerner le sens dernier de l’existence et de l’histoire ; en sorte que la vie de tout homme et de la société soit éclairée par la lumière du Royaume de Dieu, qu’elle obéisse à ses exigences, et que puisse être reconnu le mystère de l’Église, comme communauté de ceux qui croient en l’Évangile.

Tout ceci détermine les fonctions propres de la catéchèse.

 

CATÉCHÈSE ET GRACE DE LA FOI

 

22. La foi est un don de Dieu qui suscite la conversion de l’homme. " Pour apporter cette foi, l’homme a besoin de la grâce de Dieu qui fait les premières avances et qui l’aide, et du secours intérieur de l’Esprit-Saint qui touche son cŒur et le tourne vers Dieu, qui ouvre les yeux de son âme, et donne à tous la joie profonde de croire et de consentir à la vérité " (DV, 5).

La communauté chrétienne vit dans la foi adulte en écoutant religieusement la parole de Dieu, elle s’applique avec zèle à sa conversion et à son renouveau, elle se fait attentive à ce que l’Esprit dit à l’Église.

La catéchèse a pour fonction (par la parole, toujours accompagnée du témoignage de la vie, et de la prière) de disposer les hommes à s’ouvrir à l’action de l’Esprit-Saint et à se convertir.

 

CATÉCHÈSE ET EXERCICE DES TÂCHES DE LA FOI

 

23. L’homme adulte dans la foi adhère pleinement à l’invitation contenue dans le message évangélique, qui le pousse à entrer en communion avec Dieu et avec ses frères ; il traduit également dans sa vie les obligations liées à cette invitation (cf. AG, 12).

La catéchèse a pour fonction d’aider les hommes à réaliser effectivement cette communion avec Dieu, de proposer le message chrétien de manière qu’on puisse discerner en lui ce qui assure la suprême valeur de la vie humaine ; ceci demande que la catéchèse soit attentive aux aspirations légitimes des esprits, aux progrès et aux bons fruits des valeurs qu’ils possèdent.

L’union et l’adhésion à Dieu entraînent, comme conséquences nécessaires, l’exercice des tâches humaines et le devoir de solidarité, en réponse à la volonté du Dieu Sauveur (cf. GS, 4).

C’est pourquoi la catéchèse doit favoriser et éclairer l’accroissement de la charité théologale, dans chaque chrétien et dans les communautés ecclésiales, tout comme les témoignages de cette vertu, qu’il s’agisse des tâches concernant les individus ou la communauté.

 

CATÉCHÈSE ET CONNAISSANCE DE LA FOI

 

24. L’homme adulte dans la foi connaît le mystère du salut révélé dans le Christ, ainsi que les œuvres et les signes divins qui attestent l’accomplissement de ce mystère dans l’histoire humaine. Que la catéchèse se contente de susciter une expérience religieuse, fût-elle authentique, n’est donc pas suffisant ; elle doit encore tendre à faire percevoir peu à peu la vérité tout entière du dessein divin, en formant les chrétiens à la lecture des Saintes Écritures et à la connaissance de la Tradition.

 

CATÉCHÈSE ET VIE DE PRIÈRE LITURGIQUE ET PRIVÉE

 

25. " Toute célébration liturgique, en tant qu’œuvre du Christ prêtre et de son Corps qui est l’Église, est l’action sacrée par excellence dont nulle autre action de l’Église ne peut atteindre l’efficacité au même titre et au même degré " (SC, 7). Plus la communauté chrétienne devient adulte dans la foi, plus elle vit son culte en esprit et en vérité (cf. Jn 4, 23) dans les célébrations liturgiques et surtout eucharistiques.

Aussi, la catéchèse doit-elle favoriser la participation active, consciente, authentique à la liturgie de l’Église, non seulement en éclairant la signification des rites, mais encore en formant l’esprit des fidèles à la prière, à l’action de grâce, à la pénitence, aux prières faites avec confiance, au sens communautaire, à la saisie correcte de la signification des symboles : toutes choses nécessaires à une véritable vie liturgique.

" Cependant, la vie spirituelle ne se réduit pas à la participation à la seule liturgie. Car le chrétien, appelé à prier en commun, doit aussi entrer dans sa chambre pour prier le Père dans le secret (cf. Mt 6, 6), et même, enseigne l’Apôtre (cf. 1 Thess 5, 17), il doit prier sans relâche " (SC, 12).

La catéchèse doit donc encore apprendre aux chrétiens la méditation de la parole de Dieu et la prière personnelle.

 

CATÉCHÈSE ET ILLUMINATION CHRÉTIENNE DE L’EXISTENCE HUMAINE

 

26. L’homme adulte dans la foi est capable de reconnaître, dans les diverses circonstances de sa vie et dans ses rencontres avec le prochain, l’invitation de Dieu qui l’appelle à accomplir son dessein de salut.

Il appartient dès lors à la catéchèse de mettre en lumière cette tâche, en apprenant aux fidèles à interpréter chrétiennement les réalités humaines, surtout les signes des temps, en sorte que tous " puissent apprécier et interpréter toutes choses avec un sens chrétien authentique " (GS, 62).

 

CATÉCHÈSE ET UNITÉ DES CHRÉTIENS

 

27. Les communautés chrétiennes doivent, selon les circonstances oÙ elles se trouvent, participer au dialogue œcuménique et aux autres entreprises qui visent à restaurer l’unité des chrétiens (cf. UR, 5).

C’est pourquoi la catéchèse doit apporter son aide à cette cause (cf. UR, 6), en exposant clairement la doctrine intégrale de l’Église (cf. UR, 11), en favorisant une juste connaissance des autres confessions, aussi bien dans leur accord que dans leurs différences avec la foi catholique ; ce faisant, on évitera les propos et les façons d’exposer la doctrine susceptibles " d’induire en erreur les frères séparés, ou toute autre personne, sur la véritable doctrine de l’Église " (LG, 67) ; on respectera l’ordre et la hiérarchie des vérités de la doctrine catholique (cf. UR, 11 ; AG, 15 ; Ad Ecclesiam totam, 14 mai 1967, AAS, 1967, pages 574-592). Quant aux arguments en faveur de la doctrine catholique, on les exposera avec charité, en même temps qu’avec la fermeté requise.

 

CATÉCHÈSE ET MISSION DE L’ÉGLISE DANS LE MONDE

 

28. L’Église est, dans le Christ, comme le sacrement ou le signe et l’instrument du salut et de l’unité du genre humain tout entier (cf. LG, 1). Elle est d’autant mieux reconnue comme telle, que chacune des communautés chrétiennes devient plus adulte dans la foi.

La catéchèse doit aider ces communautés à faire rayonner la lumière de l’Évangile et à instaurer un dialogue fructueux avec les personnes et les cultures non chrétiennes, dans le respect de la liberté religieuse bien comprise (cf. DH ; AG, 22).

 

CATÉCHÈSE ET ESPÉRANCE ESCHATOLOGIQUE

 

29. L’homme adulte dans la foi oriente ses pensées et ses désirs vers l’achèvement total du Royaume dans la vie éternelle.

La catéchèse a donc pour fonction d’orienter l’espérance des hommes d’abord vers les biens futurs de la Jérusalem céleste, tout en les invitant à apporter leur concours fraternel aux entreprises de leurs proches et du genre humain, afin de rendre meilleure la société humaine (cf. GS, 39, 40-43).

 

CATÉCHÈSE ET PROGRÈS DE LA VIE DE FOI

 

30. Une même foi habite le cœur des fidèles, mais plus ou moins intense selon la grâce donnée à chacun par l’Esprit-Saint, - grâce qu’il faut constamment solliciter par la prière (cf. Mt 9, 23) - et selon la réponse que chacun lui apporte. De plus, la vie de foi revêt des conditions diverses selon l’évolution de l’existence de l’homme, tandis qu’il s’achemine vers la maturité et remplit les devoirs de sa vie. Aussi, la vie de foi admet divers degrés, soit dans l’acceptation globale de toute la parole de Dieu, soit dans son explication et son application aux divers devoirs de la vie humaine, selon la maturité et les modes particuliers d’existence de chacun (cf. n. 38). De fait, l’accueil de la parole de Dieu, son explication et son application à la ‘vie humaine sont différents selon qu’il s’agit de petits enfants, d’enfants, d’adolescents, de jeunes ou d’adultes. La catéchèse a pour fonction d’aider, durant tout le cours de l’existence humaine, l’éveil et le progrès de cette vie de foi, jusqu’à ce que soit fournie l’explication intégrale de la vérité révélée et que l’homme en ait fait l’application à sa vie.

 

RICHESSE DE L’ACTE CATÉCHISTIQUE

 

31. La catéchèse vise la communauté, niais elle ne néglige pas les fidèles pris individuellement. Elle est associée à d’autres charges pastorales de l’Église, sans perdre pour autant son caractère spécifique. Elle remplit simultanément des tâches d’initiation, d’éducation et d’enseignement.

Il est très important que la catéchèse conserve cette richesse d’aspects variés, et ne sépare pas un aspect des autres, à leur détriment.

 

EFFICACITÉ DE LA PAROLE DE DIEU DANS LA CATÉCHÈSE

 

32. " Vivante est, en effet, la parole de Dieu, et efficace " (Heb 4, 15). Cette phrase de l’Écriture s’applique aussi à la catéchèse.

La parole divine devient présente dans la catéchèse par la parole humaine. Or, pour porter du fruit en l’homme, pour engendrer ces mouvements intérieurs qui dissipent l’indifférence ou l’incertitude et poussent l’homme à embrasser la foi, la catéchèse doit exprimer fidèlement la parole de Dieu, et la présenter de manière adaptée. En outre, c’est le témoignage de la vie, tant du catéchiste que de la communauté ecclésiale, qui contribue le plus à l’efficacité de la catéchèse (cf. n. 35).

Par conséquent, la catéchèse doit traduire la parole de Dieu telle qu’elle est proposée par l’Église, dans le langage des hommes à qui elle est adressée (cf. DV, 13 ; OT, 16). Lorsque Dieu s’est révélé au genre humain, il a fait connaître sa parole par une parole humaine, l’exprimant dans le langage qui convenait à une culture particulière (cf. DV, 12). L’Église, à qui le Christ a confié le dépôt de la révélation, s’efforce, jusqu’à la consommation des siècles, de le transmettre d’une manière vivante, de l’expliquer et de l’interpréter, pour les peuples de toute culture et pour les hommes de toute condition.

 

PÉDAGOGIE DE DIEU DANS LA RÉVÉLATION ET DE L’ÉGLISE DANS LA CATÉCHÈSE

 

33. Dans l’histoire de la révélation, Dieu a utilisé une pédagogie : il a annoncé son dessein de salut dans l’ancienne Alliance, de manière prophétique et par la médiation de figures ; il a préparé ainsi la venue de son Fils, l’auteur de la nouvelle Alliance, qui conduit la foi à la perfection (cf. Heb 12, 2).

Maintenant, la révélation étant achevée, l’Église doit communiquer aux catéchisés la totalité du mystère de notre salut dans le Christ. Se souvenant de la pédagogie divine, elle pratique elle aussi une pédagogie, une pédagogie nouvelle qui répond aux exigences nouvelles de son message. Proposant ce message sans altération ni mutilation, elle prend soin de l’adapter à la capacité des catéchisés.

D’un côté, donc, pour tenir compte du niveau assez faible de certains esprits, elle expose les choses simplement et brièvement, en utilisant les formules succinctes qui conviennent et qui seront développées dans la suite. D’un autre côté, pour les intelligences plus vives et plus ouvertes, elle s’efforce de répondre à leurs besoins par des explications plus poussées.

 

FIDÉLITÉ A DIEU, ÉGARDS POUR L’HOMME

 

34. C’est surtout par la catéchèse que l’Église s’acquitte de cette fonction (cf. DV, 24). Puisant la vérité dans la parole de Dieu, témoignant de son attachement fidèle à l’expression sûre de cette parole, la catéchèse s’applique à enseigner avec une parfaite fidélité cette parole de Dieu. Cependant, son rôle ne peut se réduire à une simple répétition des formules reçues ; il requiert que ces formules soient comprises et que, même en usant de modes nouveaux quand cela convient, elles soient exprimées fidèlement dans un langage à la portée des auditeurs. Ce langage sera différent selon les âges, les conditions sociales, les cultures et les formes de civilisation.

 

NÉCESSITÉ DU TÉMOIGNAGE ECCLÉSIAL

 

35. Finalement, la catéchèse réclame, soit des catéchistes, soit de l’ensemble de la communauté ecclésiale, un témoignage de foi, joint à un exemple authentique de vie chrétienne et à une disposition au sacrifice (cf. LG, 12, 17 ; NA, 2).

La rencontre de l’homme avec le Christ, en effet, ne se fait pas seulement par le ministère sacré, mais aussi par chaque fidèle et par les communautés chrétiennes (cf. LG, 35), qui ont dès lors le devoir de porter témoignage. L’absence de ce témoignage est, pour les auditeurs, un obstacle à l’accueil de la parole de Dieu.

La catéchèse doit être étayée par le témoignage de la communauté ecclésiale. Car la catéchèse parle avec plus d’efficacité de ce qui existe réellement dans la vie, même extérieure, de la communauté. Le catéchiste est, d’une certaine façon, l’interprète de l’Église auprès des catéchisés. Il lit et apprend à lire les signes de la foi, dont le principal est l’Église elle-même (cf. Concile Vatican I, Const. Dei Filius, Dz. - Sch. 3014).

On voit par là combien il est nécessaire que la communauté ecclésiale, selon l’esprit de l’Église et sous la conduite de ses Pasteurs, écarte ou corrige tout ce qui défigure le visage de l’Église et empêche les hommes d’embrasser la foi (cf. GS, 19).

Ainsi, la fonction des catéchistes ne consiste pas seulement à communiquer directement la catéchèse, mais encore à contribuer à l’animation de la communauté ecclésiale, afin qu’elle puisse elle-même porter un témoignage authentiquement chrétien.

L’action catéchistique fait donc partie de cette action pastorale générale dans laquelle sont judicieusement ordonnés et liés entre eux tous les éléments de la vie ecclésiale (cf. GS, 4, 7, 43).

 

 

TROISIÈME PARTIE

 

Le message chrétien

 

SIGNIFICATION ET BUT DE CETTE PARTIE

 

36. La foi, que la catéchèse doit conduire à maturité (cf. n. 21), peut être envisagée sous deux aspects : soit comme l’adhésion entière de l’homme à Dieu qui se révèle, adhésion donnée sous l’influence de la grâce (fides qua), soit comme le contenu même de la révélation et du message chrétien (fides quae). Ces deux aspects, de par leur nature, ne peuvent être dissociés et le développement normal de la foi suppose leur progression cohérente ; cependant, il est possible de les distinguer pour des raisons de méthode.

Dans cette troisième partie, il s’agit du contenu de la foi. Le premier chapitre concerne les règles ou critères que doit observer la catéchèse pour découvrir et exposer son contenu propre. Le second chapitre traite du contenu même de la foi. Il n’est cependant pas question d’énumérer ici chacune des vérités chrétiennes qui constituent l’objet de la foi et de la catéchèse, ni de passer en revue les principales erreurs de notre temps, ou les vérités de foi qu’on néglige ou qu’on nie plus nettement de nos jours. Le Magistère ordinaire et extraordinaire de l’Église y pourvoit avec autorité dans ses communications officielles.

Il est encore moins question, dans ce chapitre, d’indiquer la manière adéquate de présenter les vérités de foi selon un ordre organique, en une sorte de synthèse qui tiendrait compte équitablement de leur hiérarchie objective, ou de ce que les hommes d’aujourd’hui demandent le plus ardemment, que ces hommes soient considérés en fonction de leur âge ou en fonction de leur état social et culturel. Cela relève de la théologie et des divers modes d’exposition de la doctrine chrétienne.

Dans ce second chapitre, au contraire, il a paru opportun - en employant des formules globales qui impliquent des développements ultérieurs - d’exposer un certain nombre de points plus importants, inclus dans le message du salut et liés entre eux de façon très organique, en soulignant les traits particuliers que doit clairement mettre en valeur une catéchèse nouvelle et appropriée, fidèle à la poursuite de sa fin.

 

CHAPITRE PREMIER

 

Règles et critères


 

LE CONTENU DE LA CATÉCHÈSE PAR RAPPORT AUX DIVERSES FORMES DE VIE ECCLÉSIALE ET AUX DIFFÉRENTES CULTURES ET MANIÈRES DE S’EXPRIMER DES HOMMES

 

37. La révélation est la manifestation du mystère de Dieu et de son action salvifique dans l’histoire ; elle est le fait d’une communication personnelle de Dieu à l’homme. Le contenu de cette communication constitue le message du salut qui doit être annoncé à tous les hommes.

Aussi, la première et la plus nécessaire fonction du ministère prophétique de l’Église est-elle de rendre le contenu de ce message intelligible aux hommes de tous les temps, afin que, par le Christ, ils se convertissent à Dieu, qu’ils interprètent toute leur vie à la lumière de la foi, compte tenu des circonstances particulières de lieu et de temps où se déroule leur vie, et qu’ils puissent mener une vie conforme à cette dignité que le message du salut leur a apportée et que la foi leur a révélée.

Pour atteindre ce but, la catéchèse, si elle est vraiment un moment privilégié du ministère prophétique de l’Église, ne doit pas seulement entretenir une liaison ferme et soutenue avec les diverses préoccupations vitales de la communauté ecclésiale, elle doit encore chercher à favoriser un rapprochement plus étroit entre les formulations possibles du message divin et les diverses cultures ou manières de s’exprimer des peuples.

 

LE BUT DE LA CATÉCHÈSE EST DE PROPOSER LA TOTALITÉ DU MESSAGE

 

38. Le message du salut se compose d’éléments qui forment un tout cohérent, bien que la révélation ait été faite progressivement, de la part de Dieu, autrefois par les prophètes, et en dernier lieu dans le Fils (cf. Heb 1, 1). Comme la fin de la catéchèse, a-t-on dit, consiste à promouvoir une foi adulte, tant chez les chrétiens pris individuellement que dans les communautés, elle doit apporter le plus grand soin à proposer fidèlement tout le trésor du message chrétien. Elle doit le faire à l’exemple de la pédagogie divine (cf. n. 33), mais en tenant compte de la plénitude de la révélation faite par Dieu, pour que le peuple de Dieu s’en nourrisse et en vive.

Ainsi, la catéchèse part d’une proposition assez simple de la structure intégrale du message chrétien (en employant même des formules succinctes ou globales), et elle la propose de la manière qui correspond aux diverses situations culturelles et spirituelles des catéchisés. Elle ne peut cependant pas s’arrêter à cette proposition initiale ; elle doit avoir à cœur de proposer son contenu de manière toujours plus ample et explicite ; ainsi chaque fidèle et la communauté chrétienne pourront accéder à une connaissance toujours plus profonde et vitale du message chrétien, et juger des situations ou des conduites concrètes de la vie humaine à la lumière de la révélation.

Cette fonction délicate, il est nécessaire que la catéchèse l’accomplisse sous la conduite du Magistère de l’Église dont la mission est de préserver la vérité du message divin et de veiller, au surplus, à ce que le ministère de la parole utilise des moyens appropriés d’expression et tienne compte avec prudence de l’aide que la recherche théologique et les sciences humaines peuvent lui apporter.

 

LE CONTENU DE LA CATÉCHÈSE FAIT, EN QUELQUE SORTE, UN CORPS ORGANIQUE ET VITAL

 

39. L’objet de la foi embrasse un contenu qui, par nature, est complexe : Dieu dans son mystère et son intervention salvifique dans l’histoire ; tout ceci étant connu par la révélation que Dieu a faite de lui-même et de ses œuvres. Dans l’intervention salvifique de Dieu, comme dans sa manifestation aux hommes, l’événement central est le Christ. Dès lors, l’objet de la catéchèse réside dans le mystère et les œuvres de Dieu, celles que Dieu a faites, qu’il fait et qu’il fera, pour nous les hommes et pour notre salut. Tout cela constitue, dans une cohésion juste et étroite, l’économie du salut.

Une catéchèse qui néglige une telle connexion, une telle harmonie du contenu, peut devenir tout à fait incapable d’atteindre son but.

 

CHRISTOCENTRISME DE LA CATÉCHÈSE

 

40. Le Christ Jésus, Verbe de Dieu Incarné, est le centre du message évangélique dans l’ensemble de l’histoire du salut, puisque c’est par lui d’abord que Dieu intervient dans le monde et se manifeste aux hommes.

Il est lui-même " l’image du Dieu invisible, premier-né de toute créature : car c’est en lui qu’ont été créées toutes choses " (Col 1, 15). C’est lui, en réalité et en vérité, le seul médiateur puissant par qui Dieu vient à l’homme et par qui l’homme parvient jusqu’à Dieu (cf. 1 Tim 2, 5). C’est en lui que l’Église a son fondement ; en lui que toutes choses sont renouvelées (cf. Eph 1, 10). Ainsi, les réalités créées, la conscience des hommes, les valeurs authentiques qu’on relève dans les autres religions, les divers signes des temps, doivent être regardés comme des chemins et des étapes - compte tenu de l’analogie - par lesquels, sous l’influence de la grâce et non sans une certaine ordonnance à l’Église du Christ, il est possible de s’approcher de Dieu (cf. LG, 16).

C’est la raison pour laquelle la catéchèse doit nécessairement être christocentrique.

 

THÉOCENTRISME TRINITAIRE DE LA CATÉCHÈSE

 

41. De même que le Christ est le centre de l’histoire du salut, le mystère de Dieu est le centre d’où cette histoire tire son origine et auquel elle est ordonnée comme à sa fin dernière. Le Christ crucifié et ressuscité conduit les hommes vers le Père en envoyant l’Esprit-Saint au peuple de Dieu. C’est pourquoi la structure de tout le contenu de la catéchèse doit être théocentrico-trinitaire : par le Christ, vers le Père, dans l’Esprit.

Par le Christ : Toute l’économie du salut reçoit sa signification du Verbe Incarné, dont elle a préparé la venue, dont elle montre et étend le règne sur la terre, depuis sa mort et sa résurrection, jusqu’à son second avènement glorieux qui achèvera l’œuvre de Dieu. Ainsi, le mystère du Christ éclaire le contenu total de la catéchèse. Les divers éléments - bibliques, évangéliques, ecclésiaux et même humains et cosmiques - que l’enseignement catéchétique doit assumer et expliquer, sont donc à rapporter au Fils de Dieu Incarné.

Vers le Père : La fin suprême de l’Incarnation du Verbe et de toute l’économie du salut, c’est que tous les hommes parviennent au Père. La catéchèse, dont le rôle est de permettre une intelligence de plus en plus vive de ce dessein d’amour du Père Céleste, doit donc veiller à montrer que le sens suprême de la vie humaine consiste en ceci : connaître Dieu, lui rendre gloire, en faisant sa volonté, comme le Christ nous l’a enseigné par ses paroles et l’exemple de sa vie, et parvenir ainsi à la vie éternelle.

Dans l’Esprit : La connaissance du mystère du Christ et le chemin vers le Père s’accomplissent dans l’Esprit-Saint. Aussi, la catéchèse, dans la présentation du contenu du message chrétien, doit toujours mettre en lumière cette présence de l’Esprit-Saint qui ne cesse d’inciter les hommes à entrer en communion avec Dieu et leurs frères, et à s’acquitter de leurs devoirs.

Si la catéchèse ne fait pas état de ces trois éléments, ou néglige leur liaison intime, le message chrétien peut assurément perdre son caractère propre.

 

POUR NOUS LES HOMMES ET POUR NOTRE SALUT

 

42. La fin théocentrico-trinitaire de l’économie du salut ne peut être séparée de son objet, qui consiste en ce que les hommes, libérés du péché et de ses conséquences, soient configurés au Christ autant que cela est possible (cf. LG, 39). Comme l’Incarnation du Verbe, toute vérité a été révélée pour nous les hommes et pour notre salut. L’une des conditions pour comprendre avec le meilleur fruit les différentes vérités chrétiennes, c’est de les regarder dans leur rapport avec la fin dernière de l’homme (cf. Concile Vatican I, Const. Dei Filius, Dz. - Sch., 3016).

La catéchèse doit donc montrer nettement le lien très étroit du mystère de Dieu et du Christ avec l’existence et la fin dernière de l’homme. En agissant ainsi, on ne méprise absolument pas les fins terrestres que les hommes sont divinement appelés à poursuivre par un effort personnel et collectif ; mais on montre explicitement que la fin dernière de l’homme n’est pas limitée à ces fins temporelles, qu’elle les dépasse bien plutôt, au-delà de toute attente, d’une façon que seul l’amour de Dieu pour les hommes a pu concevoir.

 

HIÉRARCHIE DES VÉRITÉS À RESPECTER EN CATÉCHÈSE

 

43. Dans le message du salut, il y a une certaine hiérarchie des vérités (cf. UR, 11) ; l’Église l’a toujours reconnue lorsqu’elle a composé les symboles et les résumés des vérités de la foi. Cette hiérarchie ne signifie pas que certaines vérités concernent la foi moins que d’autres, mais que certaines vérités s’appuient sur d’autres plus importantes et reçoivent d’elles leur éclairage.

La catéchèse, à tous les degrés, doit tenir compte de cette hiérarchie des vérités de la foi.

On peut rassembler ces vérités sous quatre chefs fondamentaux : le mystère de Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, créateur de tout ; le mystère du Christ, Verbe Incarné qui, né de la Vierge Marie, a souffert, est mort et est ressuscité pour notre salut ; le mystère de l’Esprit-Saint, présent dans l’Église qu’il sanctifie et dirige jusqu’à l’avènement glorieux du Christ, notre Sauveur et notre Juge ; le mystère de l’Église, Corps mystique du Christ, où la Vierge Marie tient une place suréminente.

 

CARACTÈRE HISTORIQUE DU MYSTÈRE DU SALUT

 

44. L’économie du salut se réalise dans le temps : elle a commencé dans le passé, elle s’est développée et elle a atteint son sommet dans le Christ, elle déploie sa puissance dans le présent, et elle attend son accomplissement dans l’avenir. Aussi, le souvenir du passé, la conscience du présent et l’espérance de la vie future doivent-ils être pleinement mis en valeur dans l’exposé du contenu de la catéchèse.

C’est la raison pour laquelle la catéchèse rapporte l’événement suprême de toute l’histoire du salut auquel les chrétiens adhèrent par la foi, à savoir : l’Incarnation, la Passion, la Mort et la Résurrection du Christ.

En outre, la catéchèse rend les chrétiens capables de reconnaître comment le mystère salvifique du Christ est agissant aujourd’hui et à travers les siècles par l’Esprit-Saint et le ministère de l’Église ; elle les conduit aussi à connaître leurs devoirs envers Dieu, envers eux-mêmes et envers le prochain.

Enfin, la catéchèse dispose favorablement les cœurs à l’espérance de la vie future qui est l’achèvement de toute l’histoire du salut, cette vie à laquelle doivent tendre les chrétiens avec une confiance filiale, mais aussi dans la crainte sacrée du jugement de Dieu. Par cette espérance, la communauté des fidèles est remplie d’une attente eschatologique profonde, qui lui permet d’avoir des pensées justes sur les biens humains et terrestres, en les ramenant à leurs proportions réelles, sans pourtant les mépriser comme des réalités sans valeur.

Dans l’exposé du contenu de la catéchèse, il faut sans cesse tenir compte, et d’une façon effective, de ces trois perspectives essentielles.

 

SOURCES DE LA CATÉCHÈSE

 

45. Le contenu de la catéchèse se trouve dans la parole de Dieu écrite ou transmise par la tradition ; il est compris en profondeur et analysé par la foi du peuple chrétien sous la conduite du Magistère qui seul l’enseigne avec autorité ; il est célébré dans la liturgie ; il se manifeste dans la vie de l’Église, surtout dans la vie des justes et des Saints ; il apparaît aussi, d’une certaine façon, dans les valeurs morales authentiques qui, grâce à Dieu, se trouvent dans la société des hommes.

Ce sont là les sources de la catéchèse, principales ou complémentaires. Il ne faut donc absolument pas les entendre dans un sens univoque. En s’y référant le catéchiste doit d’abord et toujours considérer la supériorité incontestable de la révélation écrite ou transmise par la tradition, ainsi que l’autorité du Magistère de l’Église dans les questions liées à la foi.

En outre, dans l’exposé de n’importe quelle partie du contenu de la foi, le catéchiste doit bien marquer comment le mystère du Christ tient le centre de cette partie qu’il expose, comment l’Église interprète ce point et comment elle le définit, comment elle le célèbre, le rend efficace et le fait entrer dans sa liturgie et dans la pratique de la vie chrétienne. Enfin, le catéchiste doit examiner avec soin comment, avec l’aide de l’Esprit-Saint, peut se réaliser de nos jours le dessein de Dieu.

 

PRINCIPE GÉNÉRAL DE MÉTHODOLOGIE CATÉCHISTIQUE

 

46. Les règles indiquées ci-dessus, ayant trait à l’exposé du contenu de la catéchèse, doivent être appliquées dans les différentes formes de la catéchèse, catéchèse biblique et liturgique, résumé doctrinal, interprétation des conditions de l’existence humaine, etc...

On ne peut, toutefois, en déduire l’ordre à suivre. Il est possible de partir de Dieu pour aboutir au Christ, ou l’inverse ; de même, on peut commencer par l’homme pour aboutir à Dieu, ou l’inverse, etc... On choisira la méthode pédagogique la plus adaptée aux circonstances dans lesquelles se trouvent les destinataires de la catéchèse, qu’il s’agisse de la communauté ecclésiale ou des fidèles pris en particulier. D’où la nécessité de rechercher avec un soin attentif et de découvrir les voies et les manières d’agir qui peuvent le mieux correspondre aux diverses circonstances.

C’est le rôle des Conférences Épiscopales de donner, à ce propos, des directives plus précises et de les mettre en Œuvre par des directoires catéchistiques, par des catéchismes correspondant aux différents âges et aux conditions culturelles, ou par tous autres moyens qui leur paraîtraient opportuns (cf. ci-dessous VIe partie).

 

 

CHAPITRE II

Éléments principaux du mystère chrétien

 

LE MYSTÈRE D’UN SEUL DIEU PÈRE, FILS, ESPRIT-SAINT

 

47. L’histoire du salut, c’est l’histoire de la voie et des moyens par lesquels le Dieu vrai et un : Père, Fils, Esprit-Saint, se révèle aux hommes et, après les avoir détournés du péché, se les réconcilie et les unit à lui.

L’Ancien Testament, tout en affirmant hautement l’unité de Dieu dans un monde polythéiste, esquisse déjà une annonce du mystère de la Trinité, annonce qui n’est pourtant pleinement explicitée que dans la personne, les Œuvres et les paroles de Jésus-Christ. Celui-ci, en effet, par là même qu’il se révèle Fils de Dieu, révèle en même temps le Père et le Saint-Esprit. La connaissance intime du vrai Dieu saisit tout l’esprit du divin Maître, et il la communique à ses disciples, les appelant à devenir fils de Dieu par le don, qu’il leur fait avec largesse, de son Esprit filial (cf. Jn 1, 12 ; Rom 8, 15).

Dès lors, dans la catéchèse, la rencontre avec le Dieu Un et Trine a lieu d’abord et principalement lorsque le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont reconnus comme les auteurs de ce dessein de salut qui culmine dans la mort et la résurrection de Jésus (cf. Irénée, Démonst. prédic. apost., n. 6, S. Chr., 62, pages 39 sq). Ainsi, la révélation du mystère transmise par l’Église donne aux fidèles de prendre toujours davantage conscience de leur vocation : ils comprennent dans la foi que leur vie, depuis leur baptême, consiste à entrer dans une familiarité intime avec les trois Personnes divines, puisqu’ils sont appelés à participer à leur nature divine. Enfin, par le don du Saint-Esprit, les chrétiens peuvent déjà contempler avec les yeux de la foi la Très Sainte Trinité des Personnes, telle qu’elle est de toute éternité dans la vie intime de Dieu, et lui témoigner leur amour filial.

 

LE CULTE AUTHENTIQUE DE DIEU DANS UN MONDE SÉCULARISÉ

 

48. " Le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ " (Eph 1, 3) est " le Dieu vivant " (Mt 16, 16) : il est le Dieu saint, juste et miséricordieux, le Dieu auteur d’une alliance avec les hommes, le Dieu qui voit, libère et sauve, le Dieu qui aime comme un père, comme un époux. La catéchèse annonce avec joie ce Dieu qui est la source de toute notre espérance (cf. 1 Pierre 1, 3-4).

Or, la catéchèse ne peut ignorer que beaucoup de nos contemporains ressentent vivement l’éloignement, sinon l’absence de Dieu. Ce fait, qui est lié au processus de sécularisation, constitue sans doute un péril pour la foi, mais, par ailleurs, il nous pousse à purifier notre foi et, comme il convient, à devenir plus humbles devant le mystère de Dieu : " Vraiment, tu es un Dieu caché, le Dieu d’Israël, le Sauveur " (Is 45, 15). A cette lumière, il est possible de mieux comprendre la vraie nature du culte que Dieu demande et qui le glorifie : un culte qu’accompagne le désir d’accomplir sa volonté dans n’importe quel secteur d’activité, et de multiplier fidèlement, dans la charité, les talents qu’il nous a confiés (cf. Mt 25, 14 ss.). Dans la sainte Liturgie, les fidèles apportent les fruits de tous leurs actes de charité, de justice et de paix pour les offrir humblement à Dieu ; ils y trouvent les paroles de vie et les grâces dont ils ont besoin pour vivre dans le monde selon la vérité et dans la charité (cf. Eph 4, 15) en communion avec le Christ qui offre son Corps et son Sang pour les hommes.

 

LA CONNAISSANCE DE DIEU ET LE TÉMOIGNAGE DE LA CHARITÉ

 

49. Le meilleur moyen pour les fidèles d’aider le monde athée à s’approcher de Dieu, c’est le témoignage d’une vie conforme au message de charité du Christ, et d’une foi vivante et adulte qui rayonne dans des œuvres de justice et de charité (cf. GS, 21).

On ne doit pas oublier toutefois que, par l’usage correct de la raison humaine, comme l’Église le croit et l’enseigne (cf. Concile Vatican I, Const. dogm. Dei Filius, Dz. - Sch. 3004-3005, 3026), il est possible, à partir des réalités créées, de connaître Dieu principe et fin de toutes choses. Cette connaissance de Dieu, bien loin de s’opposer à la dignité humaine, la fonde au contraire et la garantit.

Bien que la fin de l’Église soit le salut éternel des hommes, la foi dans le Dieu vivant entraîne, néanmoins, avec elle le devoir pressant d’apporter aussi son concours à la solution des questions humaines (cf. 1 Jn 4, 20-21) : en ce domaine, les chrétiens doivent témoigner, par leurs œuvres, de la valeur du message du Seigneur.

 

JÉSUS-CHRIST, FILS DE DIEU, PREMIER-NÉ DE TOUTE CRÉATURE ET SAUVEUR

 

50. Le point culminant des Œuvres de Dieu est l’Incarnation de son Fils Jésus-Christ. Premier-né de toute créature, il est avant tous et toutes choses subsistent en lui (cf. Col 1, 15-17). C’est en lui, par lui et pour lui que tout a été créé (cf. Col 1, 15 ss.).

Obéissant jusqu’à la mort, il a été exalté comme le Seigneur de tous, il nous a été manifesté Fils de Dieu avec puissance par sa résurrection (cf. Rom 1, 4). Premier-né d’entre les morts, il vivifie tous les hommes (cf. 1 Cor 15, 22) en lui nous sommes créés hommes nouveaux (cf. Eph 2, 10) par lui toute créature sera délivrée de l’esclavage de la corruption (cf. Rom 8, 19-21). " Le salut n’est en aucun autre " (Act 4, 12).

 

LA CRÉATION, COMMENCEMENT DE L’ÉCONOMIE DU SALUT

 

51. L’univers, créé " ex nihilo ", est le monde dans lequel, par Jésus-Christ, s’accomplissent réellement le salut et la rédemption.

Déjà, dans l’Ancien Testament, la vérité de l’action créatrice de Dieu n’est pas présentée comme un principe philosophique abstrait ; elle entre dans l’esprit des Israélites, grâce à la connaissance de l’unité de Dieu, comme une annonce de la puissance et de la victoire de Yahvé, comme une preuve qui démontre la présence permanente du Seigneur avec son peuple (cf. Is 40, 27-28 ; 51, 9-13). La toute-puissance de Dieu créateur se manifeste encore, de manière éminente, dans la résurrection du Christ, où se révèle " l’extraordinaire grandeur de sa puissance " (Eph 1, 19).

C’est pourquoi la vérité de la création ne doit pas être présentée simplement comme une vérité se tenant par elle-même, à part des autres, mais comme quelque chose qui, de fait, est ordonné au salut accompli par le Christ. La création des choses visibles et invisibles, du monde et des anges, est le commencement de l’histoire du salut (cf. DV, 3) ; la création de l’homme (cf. Pie XII, Enc. Humani Generis, AAS, 1950, page 575 ; GS, 12, 14) doit être considérée comme le premier don et le premier appel qui conduisent à la glorification dans le Christ (cf. Rom 8, 29-30). Lorsqu’il écoute un exposé doctrinal sur la création, un chrétien, en plus de réfléchir au premier acte par lequel Dieu " a créé le ciel et la terre " (Gen 1, 1), doit encore orienter son esprit vers toutes les entreprises salvifiques de Dieu. Celles-ci sont perpétuellement présentes dans l’histoire de l’homme et du monde, elles commencent à briller surtout dans l’histoire d’Israël, elles conduisent à l’événement souverain de la résurrection du Christ, elles s’achèveront à la fin du monde, quand apparaîtront des cieux nouveaux et des terres nouvelles (cf. 1 Pierre 3, 13).

 

JÉSUS-CHRIST, CENTRE DE TOUTE L’ÉCONOMIE DU SALUT

 

52. En Jésus-Christ, le chrétien se reconnaît solidaire de toute l’histoire et eu communion avec tous les hommes. C’est au milieu de l’histoire du monde que s’accomplit l’histoire du salut par laquelle Dieu réalise son dessein de constituer, dans le temps, le peuple de Dieu, autrement dit " le Christ total ". Que le chrétien, avec simplicité et sincérité, reconnaisse qu’une part lui revient dans cette Œuvre qui, par la puissance du Christ Sauveur, vise à ce que la création rende le plus possible gloire à Dieu (cf. 1 Cor 15, 28).

 

JÉSUS-CHRIST, VRAI HOMME ET VRAI DIEU, DANS L’UNITÉ DE SA PERSONNE DIVINE

 

53. Ce grand mystère du Christ, Tête et Seigneur de l’univers, " a été manifesté dans la chair " (1 Tim 3, 16). Le Christ Jésus, homme lui-même, qui a habité parmi les hommes, a travaillé avec des mains d’homme, pensé avec une intelligence d’homme, agi avec une volonté d’homme, aimé avec un cœur d’homme, est vraiment le Verbe et le Fils de Dieu qui, par l’Incarnation, s’est uni en quelque sorte à chacun des hommes (GS, 22).

La catéchèse doit annoncer Jésus dans son existence concrète et dans son message ; elle doit ménager aux auditeurs l’accès à la perfection admirable de son humanité, de telle manière qu’ils puissent reconnaître le mystère de sa divinité. En vérité, le Christ Jésus, uni au Père par une relation unique et assidue de prière, a vécu avec les hommes dans une communion toujours étroite. Il les a tous entourés de sa bonté : justes et pécheurs, pauvres et riches, concitoyens et étrangers ; s’il a marqué une prédilection pour certains, ce fut pour les malades, les pauvres et les humbles. Envers la personne humaine, il a manifesté un respect et une sollicitude dont nul n’a donné le témoignage avant lui.

La catéchèse doit, sans cesse, défendre et fortifier la foi en la divinité de Jésus-Christ, pour que les hommes ne l’accueillent pas seulement en raison de sa -vie humaine admirable, mais qu’ils reconnaissent en lui, à partir de ses paroles et des signes qu’il accomplit, le Fils unique de Dieu (cf. Jn 1, 18), " Dieu, né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu, engendré, non pas créé, de même nature que le Père " (Dz. - Sch. 150). La juste interprétation du mystère de l’Incarnation a progressé dans la tradition chrétienne : par une recherche assidue d’intelligence de la foi, les Pères et les Conciles ont dirigé leurs efforts en vue de préciser les notions, d’exposer plus nettement le caractère propre du mystère du Christ, de scruter les liens mystérieux qui l’unissent au Père céleste lui-même et aux hommes. A l’appui de cette vérité est venu s’ajouter le témoignage vivant de l’Église au cours des siècles : la communion de Dieu avec les hommes, accomplie dans le Christ, s’avère une source de joie et d’inépuisable espérance. Dans le Christ réside toute la plénitude de la divinité, par lui s’est manifesté l’amour de Dieu pour les hommes.

Saint Ignace écrivait aux Éphésiens : " Il n’y a qu’un seul médecin, charnel et spirituel, engendré et inengendré, Dieu venu en chair, vie véritable dans la mort, né de Marie et né de Dieu, d’abord impassible et maintenant passible, Jésus-Christ notre Seigneur " (Eph 7, 2 ; RJ, 39).

 

JÉSUS-CHRIST, SAUVEUR ET RÉDEMPTEUR DU MONDE

 

54. Dans l’histoire des hommes et du monde, soumise au péché, le mystère du Christ apparaît, non seulement comme le mystère de l’Incarnation, mais aussi comme le mystère du Salut et de la Rédemption.

Dieu a tant aimé les hommes pécheurs qu’il a donné son Fils pour se réconcilier le monde (cf. 2 Cor 5, 19). Ainsi Jésus, comme premier-né d’une multitude de frères (cf. Rom 9, 29), saint, innocent et immaculé (cf. Heb 7, 26), obéissant à son Père d’un amour libre et filial (cf. Phil 2, 8), a accepté, pour ses frères pécheurs et comme leur Médiateur, la mort qui, pour eux, est le salaire du péché (cf. Rom 6, 23 ; GS, 18). Par sa mort très sainte, il a racheté le genre humain de l’esclavage du péché et du démon, il a répandu sur lui son Esprit d’adoption, fondant ainsi en lui-même une humanité nouvelle.

 

LES SACREMENTS, ACTES DU CHRIST DANS L’ÉGLISE, QUI EST LE SACREMENT PRIMORDIAL

 

55. Le mystère du Christ se continue dans l’Église, qui jouit sans cesse de l’intimité de sa présence et qui est à son service, spécialement par ces signes, institués par le Christ, qui signifient et produisent le don de la grâce, et auxquels on donne proprement le nom de sacrements (cf. Conc. de Trente, Décret sur les sacrements, Dz. - Sch. 1601).

Mais l’Église, puisqu’elle n’est pas seulement le peuple de Dieu, mais qu’elle est aussi, dans le Christ, comme " le signe et l’instrument de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain " (LG, 1), doit être regardée elle-même, d’une certaine manière, comme le sacrement primordial.

Les sacrements sont les actions principales et fondamentales par lesquelles Jésus-Christ prodigue son Esprit aux fidèles, pour en faire le peuple saint qui, en lui et avec lui, s’offre en une oblation agréable au Père. Sans doute, les sacrements doivent-ils être considérés comme des biens inestimables de l’Église à qui appartient le pouvoir de les administrer ; ils doivent cependant être toujours rapportés au Christ dont ils reçoivent leur efficacité. C’est réellement le Christ qui baptise. Ce n’est pas tant un homme qui célèbre l’Eucharistie que le Christ lui-même ; car c’est lui qui, par le ministère des prêtres, s’offre dans le sacrifice de la Messe (cf. Conc. de Trente, Doctrine du sacrifice de la Messe, Dz. Sch. 1743). L’action sacramentelle est, avant tout, une action du Christ, et les ministres de l’Église en sont comme les instruments.

 

LES SACREMENTS DANS LEUR VÉRITÉ INTÉGRALE

 

56. La catéchèse aura soin de présenter les sept sacrements dans leur vérité intégrale.

D’abord, il faut les présenter comme les sacrements de la foi. Certes, ils expriment par eux-mêmes la volonté efficace du Christ Sauveur ; mais les hommes, de leur côté, doivent manifester une volonté sincère de répondre à l’amour et à la miséricorde de Dieu. C’est pourquoi la catéchèse aura soin de se préoccuper des dispositions requises, et d’éveiller sincérité et générosité pour une digne réception des sacrements.

Ensuite, il faut présenter les sacrements, en fonction certes, de la nature et du but de chacun d’eux, non seulement comme des remèdes au péché et à ses conséquences, mais surtout comme des sources de la grâce pour les personnes et les communautés, de telle sorte que toute la communication de la grâce dans la vie des fidèles se rapporte d’une certaine manière à l’économie sacramentelle.

 

CATÉCHÈSE DES SACREMENTS

 

57. Le Baptême purifie l’homme de la faute originelle et de tous les péchés personnels, il le fait fils de Dieu en le régénérant, il l’incorpore à l’Église, il le sanctifie par les dons du Saint-Esprit et, par un caractère indélébile imprimé dans l’âme, il le fait participer de manière initiale aux fonctions sacerdotale, prophétique et royale du Christ.

La Confirmation attache plus parfaitement le chrétien à l’Église et l’enrichit d’une force spéciale du Saint-Esprit, pour qu’il vive dans le monde en témoin du Christ.

Puisque la vie des chrétiens, qui est un combat sur la terre, est exposée aux tentations et aux péchés, la voie du sacrement de pénitence est ouverte aux chrétiens, pour qu’ils obtiennent le pardon du Dieu de miséricorde et qu’ils se réconcilient avec l’Église.

L’Ordre configure au Christ Médiateur, d’une façon particulière, certains membres du peuple de Dieu, en leur conférant le pouvoir sacré de paître l’Église, de nourrir les fidèles de la parole de Dieu, de les sanctifier, et surtout d’offrir le sacrifice de la Messe au nom même du Christ, et de présider le banquet eucharistique.

" Par l’onction sainte des malades et la prière des prêtres, l’Église tout entière recommande les malades au Seigneur souffrant et glorifié, pour les soulager et les sauver " (LG, 11 ; cf. Jac 5, 14-16).

Dans la catéchèse des sacrements, on donnera une grande importance à l’explication des signes. La catéchèse conduira les fidèles, par le moyen des signes visibles, à pénétrer les invisibles mystères du salut de Dieu.

 

L’EUCHARISTIE, CENTRE DE TOUTE LA VIE SACRAMENTELLE

 

58. Le primat de l’Eucharistie sur tous les sacrements ne fait aucun doute, non plus que son efficacité suréminente dans l’édification de l’Église (cf. LG, 11, 17 ; Instr. Eucharisticum mysterium, nn. 5-15).

Dans l’Eucharistie, en effet, quand sont prononcées les paroles de la consécration, la réalité profonde (et non la réalité phénoménale) du pain et du vin est changée au corps et au sang du Christ ; ce changement admirable a reçu, dans l’Église, le nom de " transsubstantiation ". Ainsi, sous les apparences (ou la réalité phénoménale) du pain et du vin, l’humanité même du Christ, non seulement par sa puissance, mais par, elle-même (c’est-à-dire substantiellement), unie à la personne divine du Christ, se trouve mystérieusement cachée (Cf. Paul VI, Encyc. Mysterium fidei, AAS, 1965, page 766).

Ce sacrifice n’est pas seulement un rite commémoratif du sacrifice du passé. En lui, en effet, le Christ perpétue au long des siècles le sacrifice de la Croix par le ministère des prêtres, d’une manière non sanglante (cf. SC, 47), et il nourrit les fidèles de lui-même, qui est le pain de vie, afin que, pénétrés de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain, ils deviennent de plus en plus un peuple agréable à Dieu.

Que les fidèles, nourris de la Victime du sacrifice de la Croix, écartent par un amour vrai et actif les préjugés qui font parfois dénoncer la stérilité d’un culte accusé de détourner les chrétiens de la collaboration fraternelle avec les hommes. La raison d’être du banquet eucharistique est de faire que les fidèles unissent, chaque jour davantage, leur cœur à Dieu dans une prière fervente et, par là, qu’ils puissent reconnaître dans les autres des frères du Christ et des fils de Dieu, et les aimer comme tels.

 

LE SACREMENT DE MARIAGE

 

59. Aujourd’hui, tout en maintenant l’excellence que le message chrétien reconnaît à la virginité consacrée (cf. 1 Cor 7, 38 ; Concile de Trente, Canons sur le sacrement de mariage, Dz. - Sch. 1810), il faut accorder une particulière importance à la catéchèse du mariage, institué par le Créateur lui-même et possédant en propre ses valeurs, ses fins et ses lois diverses (cf. GS, 48).

S’appuyant sur les enseignements de la foi et sur la loi naturelle, sous la conduite du Magistère de l’Église, à qui il revient d’interpréter authentiquement la loi morale et la loi naturelle (cf. Encyc. Humanae vitae, n. 4, AAS, 1968, page 483), tenant compte en même temps des progrès actuels des sciences anthropologiques, la catéchèse doit situer le fondement de la vie familiale dans le mariage, aussi bien en ce qui regarde ses valeurs et la loi divine d’unité et d’indissolubilité, qu’en ce qui concerne les exigences d’amour qu’il comporte, par son caractère naturel, et qui sont ordonnées à la procréation et à l’éducation des enfants. Dans la régulation des naissances, la chasteté conjugale doit être observée selon la doctrine de l’Église (cf. Encyc. Humanae vitae, n. 14, AAS, 1968, page 490).

Puisque, pour les baptisés, le Christ a élevé le mariage à la dignité de sacrement, les époux, ministres du sacrement par le consentement personnel et irrévocable qu’ils expriment, en vivant dans la grâce du Christ, imitent et d’une certaine façon représentent l’amour du Christ lui-même pour son Église (cf. Eph 5, 25). Les époux chrétiens sont fortifiés et comme consacrés par ce sacrement, pour remplir les devoirs de leur état et en conserver la dignité (cf. GS, 48).

Enfin, il importe que la famille, dans la ligne même de sa vocation, devienne une communauté ouverte à la fois à l’Église et au monde.

 

L’HOMME NOUVEAU

 

60. Lorsqu’il reçoit l’Esprit du Christ, l’homme instaure avec Dieu une forme de vie entièrement nouvelle et gratuite.

L’Esprit-Saint, présent dans l’âme du chrétien, rend celui-ci participant de la nature divine, il l’unit intimement au Père et au Christ dans une communion de vie que la mort même ne peut rompre (cf. Jn 14, 23). L’Esprit-Saint guérit l’homme de ses faiblesses et de ses infirmités spirituelles ; il le libère de l’esclavage des passions et de l’amour immodéré de soi, en lui donnant une énergie pour observer la loi divine ; il l’affermit par l’espérance et la force ; il l’éclaire dans la recherche du bien ; il répand en lui des fruits de charité, de joie, de paix, de patience, de bienveillance, de bonté, de longanimité, de douceur, de foi, de modestie, de continence, de chasteté (cf. Gal 5, 22-213). Aussi l’Esprit-Saint est-il invoqué comme l’hôte de l’âme.

La grâce est la justification du péché et l’habitation de Dieu dans l’âme. Quand on dit que l’homme pécheur est justifié par Dieu, qu’il est vivifié par le Saint-Esprit, qu’il possède en lui la vie du Christ, ou qu’il a la grâce, on emploie des expressions qui, en termes différents, veulent dire une seule et même chose : mourir au péché, devenir par l’esprit d’adoption participant de la divinité du Fils, entrer en communion intime de vie avec la Très Sainte Trinité.

L’homme de l’histoire du salut est l’homme ordonné à la grâce d’adoption filiale et à la vie éternelle. L’anthropologie chrétienne trouve son caractère propre dans la grâce du Christ Sauveur.

 

LIBERTÉ HUMAINE ET CHRÉTIENNE

 

61. La vocation divine de l’homme exige qu’il donne une réponse libre dans le Christ Jésus.

L’homme ne peut pas ne pas être libre. Il importe souverainement à sa dignité et à son devoir que, maître de ses actes, il observe la loi morale de l’ordre de la nature et de l’ordre de la grâce, et qu’il s’attache ainsi à Dieu qui s’est révélé dans le Christ. La liberté de l’homme déchu a été à ce point blessée, qu’il ne peut observer longtemps même les devoirs de la loi naturelle sans le secours de la grâce de Dieu ; mais avec la grâce, sa liberté est élevée et fortifiée de telle sorte que, ce qu’il vit dans la chair, il peut le vivre saintement dans la foi au Christ Jésus (cf. Gal 2, 10).

L’Église a mission de défendre et de promouvoir ce sens véritable de la liberté, ainsi que son usage normal, contre toute espèce de contrainte injuste. Elle protège, en outre, la liberté contre ceux qui la nient, prétendant que l’activité de l’homme est simplement soumise au déterminisme psychologique et aux conditions économiques, sociales, culturelles ou autres.

Cependant, l’Église n’ignore pas du tout que la liberté, même aidée par la grâce divine, est en butte à de graves difficultés psychologiques et à l’influence des conditions extérieures dans lesquelles chacun doit vivre, au point que la responsabilité humaine se trouve souvent diminuée et, dans certains cas, quasi ou franchement supprimée. L’Église tient compte aussi des recherches et des progrès actuels des sciences anthropologiques concernant l’usage et les limites de la liberté humaine. C’est pourquoi elle se préoccupe, à la fois, de l’éducation et de la formation d’une liberté authentique, et des conditions à établir, sur les terrains psychologique, social, économique, politique et religieux, pour que cette liberté puisse s’exercer en vérité et en toute justice. Les chrétiens doivent donc apporter leur concours attentif et loyal, dans l’ordre des choses temporelles, pour que soient instaurées, dans la mesure du possible, les conditions les plus favorables à un sain exercice de la liberté. Ce devoir leur est, certes, commun avec tous les hommes de bonne volonté, mais ils savent qu’ils sont astreints à ce devoir pour une raison plus haute et plus pressante : il ne s’agit pas seulement, en effet, de promouvoir un bien concernant cette vie terrestre, il s’agit d’un devoir qui finalement concerne l’acquisition de l’inestimable bienfait de la grâce et du salut éternel.

 

LE PÉCHÉ DE L’HOMME

 

62. Il ne faut cependant pas regarder les conditions de l’histoire et de la vie comme le principal obstacle à la liberté de l’homme ; l’homme, lorsqu’il adhère librement à l’œuvre du salut, rencontre l’opposition majeure du péché.

" Établi par Dieu dans un état de justice, l’homme, séduit par le Malin, dès le début de l’histoire, a abusé de sa liberté, en se dressant contre Dieu et en désirant parvenir à sa fin hors de Dieu " (GS, 13). " Par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et ainsi la mort a passé en tous les hommes, du fait que tous ont péché " (Rom 5, 12). " La nature humaine ainsi tombée, dépouillée du don de la grâce qui l’ornait auparavant, blessée dans ses propres forces naturelles et soumise à l’empire de la mort, est transmise à tous les hommes, et c’est en ce sens que chaque homme naît dans le péché " (Paul VI, Profession de foi, n. 16, AAS, 1968, page 439). C’est pourquoi la multitude des péchés est devenue l’expérience douloureuse des hommes et demeure la cause de toutes sortes de douleurs et de ruines. Il ne faut pas non plus oublier la doctrine de la nature et des effets du péché personnel, par lequel l’homme, agissant sciemment et délibérément, viole par ses actes la loi morale et, en matière grave, offense gravement Dieu même.

L’histoire du salut est aussi l’histoire de la libération du péché. Toutes les interventions de Dieu, dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament, visent à ce que les hommes soient guidés dans le combat contre les forces de péché ; le rôle accordé au Christ dans l’histoire du salut concerne la destruction du péché et trouve son achèvement dans le mystère de la Croix. Les profondes considérations que l’on trouve chez saint Paul (cf. Rom 5) sur la réalité du péché et " l’œuvre de justice " du Christ qui en découle, sont à ranger parmi les points principaux de la foi chrétienne, qu’il n’est pas possible de passer sous silence en catéchèse.

Cependant, le salut apporté par le Christ dépasse de beaucoup la rédemption du péché, puisque par ce salut s’accomplit le dessein formé par Dieu de se communiquer en Jésus avec une plénitude qui dépasse tout à fait l’entendement humain ; il s’agit d’un dessein qui perdure malgré les péchés des hommes, et qui confère une grâce surabondante par rapport à la mort apportée par le péché (cf. Rom 5, 15-17). Ce dessein d’amour, en vertu duquel les hommes sont appelés à participer à la vie divine elle-même par le Saint-Esprit, garde toujours sa force et concerne tous les temps. L’homme, même pécheur, demeure toujours dans cet ordre unique que Dieu a voulu, cet ordre où Dieu se communique à nous avec bonté dans le Christ Jésus, et ainsi, sous la motion de la grâce, l’homme peut, par la pénitence, parvenir au salut.

 

LA VIE MORALE DES CHRÉTIENS

 

63. Le Christ a confié à ses apôtres la mission d’apprendre à observer tout ce qu’il avait lui-même prescrit (cf. Mt 28, 20). La catéchèse doit donc comprendre, non seulement ce qu’il faut croire, mais aussi ce qu’il faut faire.

La vie morale des chrétiens, qui est la manière d’agir digne aussi bien de l’homme que du fils adoptif de Dieu, correspond au devoir de vivre et de grandir sous la conduite de l’Esprit-Saint dans la vie nouvelle communiquée par Jésus-Christ.

La vie morale des chrétiens est dirigée par la grâce et les dons du Saint-Esprit : " L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné "(Rom 5, 5).

La docilité avec laquelle il faut obéir au Saint-Esprit implique également l’observance fidèle des commandements de Dieu, des lois de l’Église et des lois civiles justes.

En outre, il est nécessaire que la liberté chrétienne soit dirigée et orientée dans les circonstances concrètes de la vie humaine. En conséquence, la conscience des fidèles, même informée par la vertu de prudence, doit être soumise au Magistère de l’Église à qui il appartient de proclamer avec autorité l’ensemble de la loi morale, pour exprimer avec justesse et vérité l’ordre moral objectif.

De plus, la conscience des chrétiens doit elle-même être avertie qu’il existe aussi des règles absolues ou obligatoires pour tous et dans tous les cas. C’est la raison pour laquelle les saints ont confessé le Christ par la pratique de vertus

héroïques, et que les martyrs ont subi les tortures et la mort plutôt que de renier le Christ.

 

LA PERFECTION DE LA CHARITÉ

 

64. L’action de l’Esprit du Christ se manifeste clairement lorsqu’on met en lumière la note propre de la doctrine morale chrétienne, dont tous les préceptes et conseils sont ramenés, comme à leur centre vital, à la foi qui opère par la charité (cf. Gal 5, 6).

L’homme est appelé à adhérer librement en toutes choses à la volonté de Dieu : c’est " l’obéissance de la foi par laquelle l’homme s’en remet tout entier librement à Dieu " (DV, 5). Or, Dieu est charité et son dessein vise à ce que, dans le Christ, son propre amour soit communiqué et que les hommes soient invités à l’amour mutuel ; il s’ensuit donc qu’adhérer librement et parfaitement à Dieu et à soi, dessein équivaut à entreprendre une vie qui, dans l’observance des commandements, soit dirigée par l’amour : c’est, en d’autres termes, embrasser et traduire en acte dans la vie le commandement nouveau qu’est le précepte de la charité.

L’homme est donc appelé à assumer, dans la foi, une vie de charité envers Dieu et envers les autres hommes ; en cela réside sa plus grande responsabilité et sa plus haute dignité morale. La sainteté de l’homme, quels que soient son état de vie ou sa vocation, n’est rien d’autre que la perfection de la charité (cf. LG, 39-42).

 

L’ÉGLISE, PEUPLE DE DIEU ET INSTITUTION SALVIFIQUE

 

65. L’Église, instituée par le Christ, est née de sa mort et de sa résurrection. Elle est le nouveau peuple de Dieu, préparé tout au long de l’histoire d’Israël, le peuple que le Christ vivifie et développe par l’effusion de l’Esprit, qu’il rénove et dirige perpétuellement par ses dons hiérarchiques et charismatiques ; " le peuple qui tire son unité de l’unité du Père, du Fils et de l’Esprit-Saint " (LG, 4).

Ainsi donc l’Église, peuple de Dieu, société des fidèles, communion des hommes dans le Christ, est l’œuvre de l’amour salvifique de Dieu dans le Christ.

Les principes qui engendrent et forment les chrétiens, qui les constituent en communauté, à savoir : le dépôt de la foi, les sacrements, les ministères apostoliques, se trouvent dans l’Église Catholique, lui sont confiés et suscitent les activités ecclésiales. En d’autres termes, se trouvent dans l’Église tous les moyens nécessaires pour la rassembler et la conduire à la maturité en tant que communion des hommes dans le Christ. Cette œuvre est le fruit, non seulement de l’acte du Dieu transcendant, de l’opération du Christ invisible et de son Esprit, mais aussi le fruit des institutions, des fonctions et des actions salvifiques de l’Église. Ainsi l’Église n’est pas seulement la société des fidèles ; elle est encore, par son activité ministérielle et salutaire, la mère des fidèles.

L’Église est le peuple saint de Dieu, qui participe de la fonction prophétique du Christ (cf. LG, 12) ; rassemblé par la parole de Dieu, il la reçoit et en témoigne dans le monde entier. C’est un peuple sacerdotal : " Le Christ Seigneur, Pontife pris d’entre les hommes, du peuple nouveau " a fait... un royaume et des prêtres pour Dieu son Père " (Apoc 1, 6). Les baptisés, en effet, par la régénération et l’onction du Saint-Esprit, sont consacrés pour être une demeure spirituelle et un sacerdoce saint, pour présenter, par toute l’activité de l’homme chrétien, des offrandes spirituelles, et pour annoncer la puissance de celui qui les a appelés des ténèbres à son admirable lumière " (LG, 10). Mais l’Église est essentiellement une société hiérarchique : un peuple conduit par ses Pasteurs unis au Souverain Pontife, Vicaire du Christ, et sous sa direction (cf. LG, 22) ; les fidèles se tournent vers eux avec un amour filial et un respect obéissant. C’est un peuple en marche vers la plénitude du mystère du Christ.

La présence de l’Esprit-Saint dans l’Église, d’une part, assure en elle, et de façon indéfectible, les conditions objectives requises pour sa rencontre sanctifiante avec le Christ , d’autre part, cette même présence fait que l’Église, dans ses membres et pour ses membres ainsi que dans ses structures contingentes, tend à une purification et une rénovation continuelles.

 

L’ÉGLISE COMME COMMUNION

 

66. L’Église est communion : elle a pris une conscience plus lucide de cette vérité au Concile Vatican II.

Elle est le peuple rassemblé par Dieu, uni par des liens spirituels étroits. Certes, sa structure réclame une diversité de dons et de fonctions ; cependant cette distinction, qui peut être, non seulement de degré, mais aussi d’essence comme c’est le cas entre le sacerdoce ministériel et le sacerdoce commun des fidèles, ne supprime pas du tout en elle l’égalité des personnes, radicale et constitutive. " Il n’y a donc qu’un seul peuple de Dieu élu : " Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême " (Eph 4, 5) ; une commune dignité des membres de par leur régénération dans le Christ, une commune grâce filiale, une commune vocation à la perfection, un seul salut, une seule espérance, une charité sans division... Bien que, par la volonté du Christ, certains soient établis, pour les autres, docteurs, dispensateurs des mystères, et pasteurs, il règne cependant entre eux une vraie égalité quant à la dignité et à l’action commune à tous les fidèles pour l’édification du Corps du Christ " (LG, 32).

Dans l’Église, donc, toute vocation est digne d’honneur et appelle à la plénitude de l’amour, c’est-à-dire à la sainteté ; toute personne possède sa propre qualité surnaturelle qui mérite respect ; toutes les fonctions et tous les charismes, même si certains sont objectivement plus éminents que d’autres, (cf. 1 Cor 12, 31 ; 7, 38), contribuent au bien de tous les membres, par une sage multiplicité de formes que la fonction apostolique doit discerner et coordonner (cf. LG, 12). Il en va de même pour chacune des églises particulières ; en effet, dans chacune, fût-elle restreinte, pauvre ou vivant dans la dispersion, " le Christ est présent, par la vertu de qui se rassemble l’Église une, sainte, catholique et apostolique " (LG, 26).

Les fidèles catholiques doivent se préoccuper des chrétiens séparés qui ne vivent pas en pleine communion avec l’Église catholique, en priant pour eux, en établissant avec eux des échanges sur les problèmes de l’Église, en faisant les premiers pas -vers eux. Mais d’abord, ils doivent, chacun selon sa situation, examiner avec un esprit sincère et attentif ce qu’il faut rénover et instaurer dans la famille catholique elle-même, pour que sa vie rende plus fidèlement et plus clairement témoignage à la doctrine et aux règles reçues du Christ et transmises par les apôtres (cf. UR, 4, 5).

 

L’ÉGLISE, INSTITUTION SALVIFIQUE

 

67. L’Église n’est pas seulement une communion entre frères, dont la tête est le Christ ; elle apparaît aussi comme une institution à laquelle a été confiée une mission universelle de salut. Le peuple de Dieu, " établi par le Christ dans une communion de vie, de charité et de vérité, est pris aussi par lui comme instrument de la rédemption de tous, et il est envoyé au monde entier comme la lumière du monde et le sel de la terre " (LG, 9).

Pour cette raison, le Concile Vatican II montre l’Église comme une réalité qui embrasse toute l’histoire, admet toute la diversité des cultures et les ordonne à Dieu ; par l’action de l’Esprit du Christ, elle est établie " sacrement universel du salut ". De même, le Concile la montre comme l’Église qui instaure un dialogue avec le monde ; observant les signes des temps, elle discerne ceux qui ont de l’importance pour les hommes et sur lesquels elle s’accorde avec eux ; en outre, elle veille à se faire comprendre et connaître du monde, s’efforçant de se défaire des formes extérieures qui semblent moins évangéliques et dans lesquelles apparaissent de manière trop manifeste les vestiges d’âges révolus.

L’Église, en vérité, n’est pas de ce monde, " elle n’est poussée par aucune ambition terrestre " (GS, 3), elle ne sera parfaite que dans les Cieux vers lesquels elle regarde et chemine ; elle n’en est pas moins liée au monde et à son histoire. Cependant, " l’intense sollicitude de l’Église, Épouse du Christ, pour les besoins des hommes, leurs joies et leurs espoirs, leurs peines et leurs travaux, n’a d’autre raison que son ardent désir de leur être présente, dans le dessein d’éclairer les hommes de la lumière du Christ, de les rassembler et de les unir tous en lui, leur unique Sauveur. Cette sollicitude ne peut jamais signifier que l’Église se conforme aux choses de ce monde ou que diminue l’ardeur de l’attente de son Seigneur et du Royaume éternel " (Paul VI, Profession de foi, n. 27, AAS, 1968, page 444).

 

MARIE, MÈRE DE DIEU, MÈRE ET MODÈLE DE L’ÉGLISE

 

68. Marie est unie au Seigneur d’une manière ineffable elle est sa Mère toujours vierge et, " dans la sainte Église, elle tient la place la plus élevée après le Christ et en même temps la plus proche de nous " (LG, 54).

Le don de l’Esprit du Christ se manifeste en elle d’une façon tout à fait singulière, parce que Marie est " pleine de grâce " (Lc 1, 28) et qu’elle est " le type de l’Église " (LG, 63). Préservée de toute tache du péché originel, librement et totalement fidèle au Seigneur, élevée en corps et en âme dans la gloire céleste, en elle l’Esprit-Saint a déjà pleinement manifesté ses bienfaits. Elle est, en effet, pleinement conforme " à son Fils, Seigneur des seigneurs, victorieux du péché et de la mort " (LG, 59). Comme elle est la Mère de Dieu et " notre mère dans l’ordre de la grâce " (L,G, 61), figure de la virginité et de la maternité de toute l’Église (cf. LG, 63-65), signe d’espérance assurée et de consolation pour le peuple de Dieu en marche (cf. LG, 69), Marie " unit en elle pour ainsi dire et reflète les plus grandes affirmations de la foi " et " elle renvoie les croyants à son Fils et à son sacrifice, et à l’amour du Père "(LG, 65). C’est pourquoi l’Église, qui a en honneur les fidèles et les Saints qui sont déjà auprès du Seigneur et intercèdent pour nous (cf. LG, 49, 50), vénère la Mère du Christ et sa propre mère d’une façon toute spéciale.

 

COMMUNION FINALE AVEC DIEU

 

69. Dans le Christ Jésus et par son mystère, les fidèles vivant déjà de l’espérance en cette vie terrestre attendent " notre Seigneur Jésus-Christ qui transfigurera notre corps de misère pour le conformer à son corps de gloire " (Ph 3, 21 ; cf. 1 Cor 15). Cependant, les réalités dernières ne seront manifestées et n’atteindront leur perfection que lorsque le Christ, juge des vivants et des morts, viendra avec puissance pour achever l’histoire et remettre son peuple au Père, afin que " Dieu soit tout en tous " (1 Cor 15, 24-28). Jusqu’à ce que " le Seigneur vienne en sa majesté et tous les Anges avec lui, et que, la mort une fois détruite, toutes choses lui soient soumises, certains parmi ses disciples sont en pèlerinage sur cette terre, d’autres qui ont quitté cette vie sont soumis à la purification, d’autres enfin sont glorifiés, voyant clairement Dieu lui-même, Trinité et parfaite Unité, tel qu’il est " (LG, 49).

L’Église tout entière, au jour de la venue du Seigneur, atteindra sa perfection et entrera dans la plénitude de Dieu : cela constitue l’objet fondamental de l’espérance et de la prière des chrétiens (" que ton règne vienne "). La catéchèse qui traite des fins dernières, d’une part, doit être transmise sous le signe de la consolation, de l’espérance et d’une crainte salutaire (cf. 1 Th 4, 18), toutes choses dont nos contemporains ont tant besoin ; d’autre part, elle doit être communiquée de manière à respecter la pleine vérité. Il n’est pas permis, en effet, de minimiser la grave responsabilité que chacun porte de son sort futur. La catéchèse ne peut passer sous silence ni le jugement de chaque homme après la mort, ni les peines expiatoires du Purgatoire, ni la triste et funeste réalité de la mort éternelle, ni le jugement dernier. Ce jour-là, tout homme comprendra pleinement son propre sort, car nous serons tous mis à découvert " devant le tribunal du Christ, pour que chacun recouvre ce qu’il aura fait pendant qu’il était dans son corps, soit en bien, soit en mal " (2 Cor 5, 10), et " ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, ceux qui auront fait le mal, pour la damnation " (Jn 5, 29 ; cf. LG, 48).

 

 

QUATRIÈME PARTIE

Éléments de méthodologie

 

NATURE ET BUT DE CETTE PARTIE

 

70. En ce siècle qui est le nôtre, les catéchistes ont approfondi les questions de méthodologie proposées par les sciences psychologiques, didactiques et pédagogiques. Des études ont été faites sur la méthode à employer dans l’enseignement du catéchisme ; on a mis en évidence ce qui a trait aux méthodes actives dans la transmission de la catéchèse ; l’acte de catéchèse a été examiné dans tous ses aspects, selon les lois qui régissent l’art de l’enseignement (expérience, imagination, mémoire, intelligence) ; enfin, on a élaboré une méthodologie différentielle, c’est-à-dire variable selon l’âge, les conditions sociales et le degré de maturité psychique des catéchisés.

On n’examine pas, dans cette partie, tous les problèmes de ce genre, mais on expose seulement quelques points auxquels on attache aujourd’hui une importance majeure. Ce sera la tâche des divers Directoires et autres instruments de travail d’aborder ces problèmes d’une manière appropriée et spécifique pour chaque Nation.

 

RÔLE DU CATÉCHISTE

 

71. Aucune méthode, même vraiment confirmée par la pratique, ne dispense le catéchiste d’un travail personnel pour saisir et apprécier les circonstances concrètes, ni d’une certaine adaptation à ces circonstances. C’est moins du choix des méthodes que des bonnes qualités humaines et chrétiennes des catéchistes qu’il faut attendre le succès.

L’action du catéchiste doit être tenue pour plus importante que le choix des textes et autres instruments (cf. AG, 17).

L’excellence et la grandeur de l’œuvre que les catéchistes ont à accomplir n’empêchent cependant pas d’assigner des limites à ce qui constitue la tâche propre des catéchistes. C’est à eux que revient le soin de choisir et de créer les conditions favorables, qui sont nécessaires à la recherche, à l’accueil et à l’approfondissement du message chrétien. L’action des catéchistes va jusque-là, mais elle s’arrête là. Car l’adhésion des catéchisés, qui est le fruit de la grâce et de la liberté, ne dépend finalement pas du catéchiste ; il convient donc que la prière accompagne l’action catéchétique. Cette remarque, toute évidente qu’elle soit, mérite cependant d’être rappelée dans les circonstances présentes ; aujourd’hui, en effet, on attend beaucoup du talent et du sens chrétien authentique du catéchiste, et en même temps le catéchiste est poussé à accorder le maximum d’attention à la liberté et à la " créativité " des catéchisés.

 

MÉTHODES INDUCTIVE ET DÉDUCTIVE

 

72. La méthode dite inductive offre de grandes ressources.

Elle consiste en ceci : présenter des faits (tels que les événements bibliques, les actes liturgiques, la vie de l’Église et la vie quotidienne), les considérer attentivement et les examiner, dans le but précis de découvrir en eux la signification qu’ils ont dans le mystère chrétien. Cette méthode concorde avec l’économie de la révélation et avec l’une des démarches fondamentales de l’esprit humain, celle qui à partir des réalités visibles. parvient à l’intelligible ; en outre, elle concorde avec la caractéristique propre de la connaissance de foi, qui est une connaissance par l’intermédiaire de signes.

La méthode inductive, loin d’exclure, postule plutôt la méthode déductive, laquelle explique les faits et les décrit en procédant à partir de leurs causes. Mais la synthèse déductive, la plupart du temps, ne montre sa pleine efficacité qu’une fois accomplie la démarche inductive.

 

LES FORMULES

 

73. Les avantages de la méthode inductive, dont les principaux sont l’exercice actif des facultés spirituelles et une relation continuelle aux réalités concrètes dans l’explication des concepts intellectuels, ne doivent absolument pas faire oublier la nécessité et l’utilité des formules.

Les formules permettent d’exprimer avec précision les pensées de l’esprit ; elles conviennent à un exposé correct de la foi et, confiées à la mémoire, elles favorisent une possession stable de la vérité. Enfin, elles font que, parmi les chrétiens, peut s’établir une manière commune de s’exprimer.

La plupart du temps, les formules sont présentées et expliquées lorsque la leçon ou la recherche aboutit à la synthèse.

Il faut choisir de préférence les formules qui, tout en exprimant fidèlement la vérité de foi, sont appropriées à la capacité des auditeurs. On n’oubliera pas que les formules dogmatiques sont l’expression véritable de la doctrine catholique et qu’elles doivent, par conséquent, être reçues comme telles par les fidèles, dans le sens où l’a compris et le comprend l’Église (cf. Concile Vatican I, Const. dogm. Dei Filius, Dz. - Sch., n. 3020, 3043). Les formules traditionnelles de profession de foi et de prière, telles que le Symbole des Apôtres, la prière du Seigneur, la salutation angélique et autres semblables, doivent être enseignées avec soin.

 

L’EXPÉRIENCE

 

74. a) L’expérience fait naître des soucis et des questions, des espoirs et des anxiétés, des réflexions et des jugements, qui influent finalement sur la conduite personnelle de la vie.

Aussi, la catéchèse doit-elle prendre soin de rendre les hommes attentifs à leurs expériences personnelles et sociales les plus marquantes ; de même, son rôle est d’éclairer par l’Évangile les questions qu’elles suscitent, de manière à éveiller dans les hommes le juste désir de transformer leur conduite de vie personnelle.

Pour cette raison, l’expérience aboutit à ce que l’homme adopte une attitude active à l’égard du don de Dieu.

b) L’expérience peut favoriser l’intelligibilité du message chrétien.

Le Christ lui-même a prêché le Royaume de Dieu, en faisant comprendre ce qu’il est par des paraboles tirées de l’expérience de la vie humaine. Il a rappelé certaines situations humaines (le marchand qui mène bien son affaire, les serviteurs qui font fructifier plus ou moins les talents qui leur ont été confiés, etc ... ) pour expliquer les réalités eschatologiques et transcendantes et, par là, enseigner la manière de vivre que ces réalités réclament de nous.

Il s’ensuit que l’expérience sert à creuser et à comprendre les vérités contenues dans le dépôt de la révélation.

c) L’expérience, si maintenant on la considère en elle-même, doit être éclairée par la lumière de la révélation. La catéchèse doit aider les hommes à creuser leurs expériences, à les interpréter, à les apprécier et aussi à donner à leur propre existence un sens chrétien, en leur rappelant l’action de Dieu qui réalise notre salut.

Sous cet aspect, l’expérience se présente comme un objet que le catéchiste doit interpréter et éclairer. Cette tâche, bien qu’elle ne manque pas de difficultés, ne saurait être laissée de côté.

 

DE L’ACTIVITÉ OU CRÉATIVITÉ A ÉVEILLER CHEZ LES CATÉCHISÉS

 

75. Toute instruction humaine et toute vraie communication réclament tout d’abord que soit rendue possible et que soit sollicitée l’activité intérieure du destinataire. Dans la catéchèse, il importe donc de susciter l’activité de la foi (ainsi que de l’espérance et de la charité) ; en effet, la rectitude et la vigueur du jugement, qu’une éducation active doit éveiller, contribuent ici à l’accueil de la parole de Dieu. La confiance qui inspire une éducation active ne doit jamais faire oublier que l’acte de foi inclut nécessairement la conversion du sujet.

Ceci dit, il est clair que cette conception active de la catéchèse correspond pleinement à l’économie de la révélation et du salut. Un art pédagogique qui favorise la réponse active des catéchisés est conforme au statut normal de la vie chrétienne : les chrétiens, en effet, répondent activement au don de Dieu par la prière, la participation aux sacrements et à la sainte liturgie, l’acceptation de fonctions dans l’Église et dans la vie sociale, l’exercice de la charité.

Les catéchisés, surtout s’ils sont adultes, peuvent contribuer activement au progrès de la catéchèse. A cet effet, on leur demandera comment ils comprennent le message chrétien et comment ils peuvent l’exprimer dans leur propre langage. Ensuite, on comparera le résultat de cette recherche avec ce qu’enseigne le Magistère ecclésiastique ; on ne retiendra alors que ce qui concorde avec la foi. Ainsi se dégageront des moyens valables pour transmettre, dans un exposé efficace, l’unique et vrai message chrétien.

 

LE GROUPE

 

76. L’importance du groupe en catéchèse s’affirme de plus en plus.

Dans la catéchèse des enfants, le groupe a pour fonction de favoriser l’éducation à la vie sociale, qu’il s’agisse d’enfants qui fréquentent ensemble les leçons de catéchisme, ou d’enfants qui, réunis en petites équipes, se consacrent à certaines activités.

Pour les adolescents et les jeunes, le groupe doit être considéré comme une nécessité vitale. Dans le groupe, adolescents et jeunes se connaissent, se soutiennent, se stimulent.

S’il s’agit d’adultes, le groupe peut être considéré, aujourd’hui, comme la condition d’une catéchèse qui se propose de favoriser le sens de la co-responsabilité chrétienne.

Quand il s’agit de groupes qui rassemblent adolescents et adultes, la catéchèse prend alors un caractère particulier de recherche commune.

Une telle recherche commune vise à explorer les relations mutuelles et les liens nécessaires qui existent entre le contenu du message chrétien, qui reste toujours la règle de foi et de conduite, et les expériences du groupe.

Le catéchiste doit prendre part à la recherche commune, tout en, conservant une place particulière dans le groupe. En effet, c’est au nom de l’Église qu’il se comporte en témoin du message chrétien : il est au service des autres, il leur communique le fruit de sa propre foi adulte, il ordonne judicieusement la recherche commune pour qu’elle atteigne son but.

Cette fonction de témoin du message n’exige pas que le catéchiste préside le groupe comme directeur.

Le groupe, lorsqu’il parvient à un haut degré de perfection dans l’accomplissement de sa tâche, peut fournir à ses membres, non seulement l’occasion d’une instruction religieuse, mais aussi une excellente expérience de vie ecclésiale.

La catéchèse, ainsi pratiquée, pourra montrer aux jeunes que l’Église n’est pas du tout quelque chose d’extérieur à leur existence, mais bien une grande réalité vis-à-vis de laquelle tous, selon leur vocation et leur ministère, ont une certaine responsabilité.

 

 

CINQUIÈME PARTIE

La catéchèse selon les âges

 

NATURE ET BUT DE CETTE PARTIE

 

77. Multiples sont les voies et les moyens par lesquels le message chrétien peut s’adapter aux divers besoins des hommes.

Si l’on considère l’action missionnaire, on a la voie de l’évangélisation, de l’initiation des catéchumènes et des néophytes.

Si l’on considère l’évolution physique et psychique des hommes qu’il faut catéchiser, on a la catéchèse selon les âges.

Si l’on considère les situations sociologiques et culturelles dans lesquelles vivent les hommes, on a la catéchèse selon les mentalités (catéchèse des ouvriers, des techniciens, etc...

Si l’on considère enfin les manières dont les baptisés se situent vis-à-vis de la foi, alors on a la catéchèse pour les croyants qui veulent acquérir une connaissance plus plénière et plus profonde des vérités de la foi, ou bien la catéchèse pour ceux qui sont encore à la recherche des vrais fondements de la foi.

Toutes ces voies, qui sont liées mutuellement et en dépendance les unes des autres, ont évidemment leur valeur et leur importance.

Il appartiendra aux Directoires Catéchistiques nationaux ou régionaux de donner, sur ce point, des règles spécifiques et précises, selon les conditions concrètes et les nécessités locales.

Ici, à titre d’exemple, sont seulement proposés certains éléments généraux qui veulent montrer la portée et l’importance de la catéchèse selon les âges.

 

SITUATION ET IMPORTANCE DE LA PETITE ENFANCE

 

78. Les commencements de la vie religieuse et morale rejoignent les débuts mêmes de la vie humaine. Dans les familles de croyants, les premiers mois et les premières années, qui sont d’une extrême importance pour l’équilibre de l’homme futur, peuvent déjà fournir les bases de la personnalité chrétienne. Le baptême des petits enfants prend tout son sens quand la vie chrétienne des parents, de la mère surtout, mais pas exclusivement, offre à la grâce baptismale la possibilité de porter des fruits. Le petit enfant, en effet, par une sorte d’" osmose ", reçoit en lui les manières d’agir et, les sentiments des membres de sa famille. C’est pourquoi s’accumule en lui une somme d’expériences qui sera comme le fondement de cette vie de foi qui, peu à peu, se développera et se manifestera.

L’attitude confiante de l’esprit se fonde d’abord sur une bonne relation entre le petit enfant et sa mère, puis entre lui et son père : elle se nourrit par la communication de la joie et par l’expérience d’une autorité affectueuse. L’heureuse évolution des vertus théologales dépend, en partie, de cette disposition naissante, en même temps que ces vertus concourent à l’affermir. C’est à ce moment, en effet, que commence l’affirmation de la personnalité, l’autonomie, requise pour l’acquisition des vertus morales et l’exercice de la vie en commun. Elle exige un équilibre entre la fermeté et l’indulgence. Ensuite, peu à peu, pourra se manifester l’aptitude à agir par soi-même, qui sera si nécessaire à l’entrée dans la vie sociale, ainsi qu’au développement et à l’affermissement du service de Dieu et de l’Église.

Ces acquisitions doivent être accompagnées d’une éducation à la prière ; le petit enfant apprendra à invoquer Dieu qui nous aime et nous protège ; Jésus, Fils de Dieu et notre frère qui nous conduit vers le Père ; l’Esprit-Saint qui habite en nos cœurs ; il adressera aussi des prières confiantes à Marie, Mère de Jésus et notre Mère.

Si ces fondements font défaut, il est nécessaire que la catéchèse discerne s’il en résulte des insuffisances, lesquelles, et comment on peut y remédier. On favorisera les interventions opportunes des parents chrétiens en leur donnant une formation appropriée : cette formation, même simple et adaptée à leur niveau culturel, doit être donnée par des éducateurs compétents. Cette charge n’est pas surérogatoire pour les pasteurs, car l’Église se construit quand les parents reçoivent une aide pour bien exercer leurs fonctions. Il en résulte aussi qu’une excellente occasion est fournie de catéchiser des adultes.

 

SITUATION ET IMPORTANCE DE L’ENFANCE

 

79. Lorsqu’il va à l’école, l’enfant entre dans une société plus large que la famille ; d’une manière intense, qui accapare une grande partie de ses forces et de ses préoccupations, il s’initie à la société des adultes. Sur le mode scolaire, il fait la première expérience du travail (cf. GE, 5).

Auparavant, la famille constituait, pour l’enfant, une médiation vers le peuple de Dieu. Maintenant, il est lui-même capable de commencer à prendre part directement à la vie de l’Église, et il peut être admis aux sacrements.

L’intelligence de l’enfant évolue graduellement. La catéchèse doit s’accommoder à ce progrès de l’esprit. L’enfant cherche à se rendre compte de la vie religieuse des adultes. Aussi, la vie authentiquement chrétienne de la communauté adulte est-elle l’aide la meilleure pour dispenser aux enfants une formation profonde, et cela peut même se faire de façon vraiment didactique, quand la vie religieuse des adultes et les activités du peuple de Dieu sont convenablement expliquées à la lumière de l’histoire du salut.

La première expérience du travail ne doit pas être considérée comme étrangère au but de la catéchèse. La joie de faire quelque chose et de le bien faire, la coopération avec les autres, la discipline claire et raisonnable qui en découle, voilà un ensemble d’expériences qui s’acquièrent et qui sont fort utiles, non seulement à l’insertion de l’enfant dans la société, mais aussi à sa participation active à la vie de l’Église.

Compte tenu de ces faits, la pédagogie catéchétique, quelque méthode qu’elle suive, doit susciter l’activité des enfants. Si elle y manque, la catéchèse ne peut remplir son office d’éduquer le croyant à une réponse de plus en plus personnelle à la parole et au don de Dieu. Une telle pédagogie active ne doit pas se contenter de susciter des attitudes extérieures, quelque utiles qu’elles soient ; elle doit encore s’efforcer d’éveiller la réponse du cœur et le goût de la prière. A vrai dire, cette éducation intérieure est rendue plus délicate, mais plus nécessaire, en raison du caractère de la civilisation actuelle qui favorise la dispersion.

La coopération entre catéchistes et parents (communication mutuelle du sentiment de chacun sur les programmes, les méthodes, les difficultés rencontrées) est nécessaire pour que l’éducation des enfants progresse de façon opportune et harmonieuse. Cette coopération est utile aux uns comme aux autres ; ils y trouveront une aide pour exercer leurs rôles respectifs.

 

LES ENFANTS QUI NE FRÉQUENTENT PAS LES ÉCOLES

 

80. Il y a des régions étendues et parfois surpeuplées où les écoles ne sont pas suffisantes. En l’occurrence, il importe qu’une sérieuse action pastorale soit entreprise près des familles elles-mêmes et que l’on suscite, autant que possible, diverses associations qui prennent soin des enfants et soient formées de manière à pouvoir répondre aux circonstances locales et aux besoins spirituels des enfants.

 

LES ENFANTS QUI GRANDISSENT DANS DES FAMILLES MARQUÉES PAR L’INDIFFÉRENCE RELIGIEUSE

 

81. De plus en plus, on constate la difficulté de catéchiser les enfants qui vivent dans des familles et des milieux où la pratique religieuse est nulle ou se révèle tout à fait insuffisante. Parfois, des doutes surgissent sur la possibilité ou l’opportunité de la catéchèse.

Il ne faut surtout pas renoncer à la catéchèse de ces enfants, mais il faut plutôt la concevoir et la réaliser de la manière qui correspond aux situations et aux circonstances. En l’occurrence, on devra établir des relations avec les familles, s’enquérir avec soin de leurs habitudes de pensée et de vie, de façon à pouvoir trouver l’ouverture du dialogue. Il faudra aussi que la catéchèse propose son contenu d’une façon véritablement adaptée aux possibilités concrètes des enfants.

 

SITUATION ET IMPORTANCE DE L’ADOLESCENCE ET DE LA JEUNESSE

 

82. La période de l’adolescence, et plus largement " le phénomène jeunesse " comme on dit, ont une importance majeure (AA, 12). Dans les sociétés pré-industrielles dotées seulement d’un petit nombre d’écoles, le passage de l’enfance à la communauté des adultes se fait, pour ainsi dire, directement. De nos jours, l’habitude se développe de plus en plus de prolonger le temps de la scolarité pour les adolescents ; cette habitude crée, dans la société, une génération qui n’est pas insérée dans le travail directement productif et qui, bien que possédant déjà la vigueur physique et intellectuelle, n’a d’autre activité que l’étude ou l’apprentissage d’une profession future. Cette classe sociale pèse d’un grand poids sur la société des adultes ; ce qui n’est pas sans soulever un grave problème.

Ce problème se rencontre également dans l’Église et, bien qu’affectant d’autres formes, il n’en est pas moins grave. Les adolescents et les jeunes sont moins menacés par le danger de s’opposer violemment à l’Église, qu’ils ne sont tentés de l’abandonner. Cela pose un très grave problème pour la catéchèse, d’autant qu’il est souvent difficile aux adultes de reconnaître ce que les adolescents et les jeunes peuvent apporter de solide.

Or, les jeunes seront d’autant plus confiants que les catéchistes se montreront plus aptes à comprendre et à accepter ce que sont les jeunes.

 

SITUATION ET IMPORTANCE DE LA PRÉ-ADOLESCENCE, DE L’ADOLESCENCE ET DE LA JEUNESSE

 

83. Il convient que les Directoires nationaux distinguent la pré-adolescence, l’adolescence et la jeunesse.

Ici, on peut seulement faire remarquer que, dans les régions culturellement développées où la question se pose, les difficultés propres à la pré-adolescence ne sont pas assez, ni toujours, reconnues dans la pratique. L’éducateur pleut céder à la tentation d’assimiler les pré-adolescents aux enfants et, dès lors, il est à craindre qu’il n’obtienne pas leur attention ; ou bien, il peut les considérer comme des adolescents, auquel cas il leur proposera des thèmes et des méthodes de travail qui supposent une maturité personnelle et une expérience qu’ils n’ont pas encore.

La période de la pré-adolescence a pour caractéristique principale la naissance laborieuse de la subjectivité. De ce fait, il est nécessaire de ne pas continuer, à cet âge, l’instruction simple et objective qui est propre aux enfants ; mais il faut éviter aussi de proposer les problèmes et les thèmes qui sont faits pour l’adolescence.

Un enseignement concret, qui éclaire la vie et les œuvres des Saints et des hommes de grand mérite, ainsi qu’un regard porté sur la vie actuelle de l’Église, peuvent fournir aux catéchisés de cet âge un aliment solide.

La jeunesse proprement dite, qui suit l’adolescence, est également une période de la vie encore peu étudiée ; on ne connaît pas encore assez ses traits particuliers.

D’aucuns pensent qu’à cet âge il faut commencer un enseignement théologique ; d’autres, qu’il faut aborder des questions humaines et sociales, en y joignant des explications théologiques simples et des exhortations à la vie chrétienne. La voie qui paraît souhaitable est la suivante : traiter les problèmes fondamentaux et typiques de cet âge, avec une solide documentation théologique et humaine, tout en adoptant une méthodologie de discussion collective.

 

LA RECHERCHE DU SENS DE LA VIE

 

84. L’adolescent constate en lui de profonds changements physiques et psychologiques. Il cherche son rôle dans,, la société. Mal à l’aise dans la religiosité de son enfance, il n’a pas encore atteint la maturité de foi qui est propre à l’adulte ; c’est pourquoi il cherche l’orientation fondamentale qui lui permettrait de réunifier sa vie. Or, cette recherche aboutit fréquemment à une crise religieuse.

La tâche principale de la catéchèse de l’adolescence sera de promouvoir un sens de la vie authentiquement chrétien. Elle doit répandre la lumière du message chrétien sur les réalités qui touchent davantage l’adolescent, telles que le sens de l’existence corporelle, l’amour et la famille, la règle à suivre dans le cours de la vie, le travail et le temps libre, la justice et la paix, etc...

 

L’ATTENTION À APPORTER AUX VALEURS AUTHENTIQUES

 

85. L’adolescent s’efforce d’organiser sa vision de la vie et le cours de son existence, selon certaines valeurs principales et essentielles. En outre, l’adolescent d’aujourd’hui sent qu’il baigne au milieu de " valeurs " souvent contradictoires. Ce fait aiguise chez lui un conflit de valeurs ; et il en vient à se persuader qu’il lui faut rejeter celles qu’il ne voit pas s’exprimer dans la manière de vivre des adultes.

La catéchèse doit l’aider à découvrir et à ordonner, de mieux en mieux, les valeurs authentiques.

 

L’AUTONOMIE DE LA PERSONNALITÉ

 

86. Pour parvenir à l’autonomie à laquelle il aspire, l’adolescent exagère souvent l’affirmation de soi, et parfois il critique le style de vie qu’il a reçu des adultes.

Les adultes doivent remarquer que les adolescents s’attachent à la foi et se fortifient en elle, non par un processus d’identification aux adultes, mais à partir de convictions personnelles découvertes progressivement.

De cette autonomie naît ce qu’on peut appeler " la tentation du naturalisme ", qui incline les adolescents à vouloir agir et se procurer le salut par leurs propres forces. Cette tendance est d’autant plus accentuée que l’éclosion de la personnalité est plus vive.

Il appartient donc à la catéchèse de faire en sorte que l’adolescent parvienne à cette maturité personnelle qui lui permettra, après avoir triomphé du subjectivisme, de découvrir une nouvelle espérance dans la puissance et la sagesse de Dieu.

 

LES GROUPES D’ADOLESCENTS

 

87. Pour conquérir leur autonomie, les adolescents cherchent à se constituer en groupes. C’est une façon pour eux d’affirmer plus aisément leurs manières de voir et leur caractère, et de protéger leur autonomie face au monde des adultes. En même temps, au sein de ces groupes, l’adolescent vibre à diverses valeurs vitales et il est poussé à les adopter dans sa manière de vivre. Dans la vie courante, les adolescents entrent plus facilement en contact avec des jeunes du même âge qu’avec les adultes.

La catéchèse se doit d’être active dans ces groupes d’adolescents, lesquels peuvent constituer un lien entre les jeunes et l’ensemble de la communauté ecclésiale (cf. AA, 12).

Les groupes d’adolescents ne comportent pas toujours que des valeurs positives. C’est pourquoi il est nécessaire et urgent d’établir des relations entre ces groupes et les communautés chrétiennes, afin que les valeurs humaines et chrétiennes de ces dernières soient reconnues et estimées comme il convient par les adolescents.

 

EXIGENCES INTELLECTUELLES

 

88. L’adolescent dispose, normalement, de l’usage " formel " du raisonnement. Il apprend à se servir correctement de son intelligence, il découvre que la culture qu’on lui propose mérite considération et doit trouver place dans sa vie.

La catéchèse, qui veut susciter l’expérience de la vie de foi, ne peut, d’aucune façon, négliger la formation d’une pensée religieuse capable de montrer la connexion des mystères entre eux et avec la fin dernière de l’homme (cf. Concile Vatican I, Const. Dei Filius, c. IV, Dz. - Sch., 3015-3020). Pour consolider la cohérence intérieure de cette pensée religieuse, le témoignage ne suffit pas. Partout aujourd’hui, on exige la rigueur scientifique ; la catéchèse, en conséquence, doit s’appliquer à fournir également à la foi des fondements rationnels.

La structuration intellectuelle de la foi des adolescents n’est aucunement accessoire ; il faut la tenir pour une condition essentielle de la vie de foi. La façon d’enseigner revêt une particulière importance : le catéchiste doit stimuler, par le dialogue, l’esprit de l’adolescent.

 

L’ACTION

 

89. L’action est nécessaire au progrès de la personnalité de l’adolescent. La libération de l’égocentrisme et du subjectivisme exige la confrontation avec la réalité, aussi bien dans le succès que dans l’échec.

La catéchèse, qui doit favoriser l’expérience personnelle de la foi en même temps qu’une réflexion ordonnée sur les réalités religieuses, s’achève lorsqu’elle conduit à l’accomplissement des tâches chrétiennes. La catéchèse chrétienne doit former les adolescents à assumer les responsabilités de la foi, et les rendre peu à peu capables de professer publiquement leur christianisme.

 

LES ADOLESCENTS QUI NE FRÉQUENTENT PAS LES ÉCOLES

 

90. Les jeunes qui, en très grand nombre, exercent un métier ou une activité professionnelle sont amenés à un développement rapide de leur personnalité. Ce développement peut se faire de façon heureuse ou malheureuse, complète ou imparfaite.

Il est donc nécessaire d’instituer une forme particulière de catéchèse pour cette catégorie d’adolescents. Cette catéchèse devra s’attacher aux problèmes immédiats de la vie quotidienne, soutenir les jeunes lorsqu’ils entrent au travail et les aider à exercer leur activité, chacun selon ses ressources, en collaboration avec les associations catholiques.

En outre, dans la mesure où demeurent, chez le jeune ouvrier, les caractéristiques et les besoins propres aux adolescents, il appartiendra à la catéchèse, non seulement d’éclairer son activité concrète, mais de le conduire à envisager le dessein de Dieu dans son ensemble.

 

ENFANTS ET ADOLESCENTS INADAPTÉS AUX CONDITIONS DE LA VIE

 

91. Ce n’est point là une tâche secondaire ou de pure suppléance. Les enfants et les adolescents inadaptés constituent une partie non négligeable de la population. Les conditions de la société contemporaine rendent souvent difficile un développement convenable de la vie des jeunes, ainsi que leur adaptation satisfaisante à la société.

La catéchèse doit leur fournir la possibilité de mener une vie de foi dans leur situation. C’est une tâche éminemment évangélique et un témoignage de grand poids, dont l’Église s’est de tout temps acquittée.

L’éducation de ces jeunes dans la foi a une valeur pastorale, et assurément d’une grande importance, sans oublier le fait qu’elle offre la possibilité de toucher de nombreuses familles.

Enfin, la difficulté particulière d’accomplir cette tâche, et la nécessité de ne donner à ces jeunes que les éléments essentiels, conduiront à apporter à l’ensemble de la catéchèse le bénéfice de méthodes et de moyens que la recherche pédagogique découvre et propose pour ces jeunes.

 

L’ÂGE ADULTE

 

92. Le présent Directoire Général affirme avec force la nécessité d’une catéchèse des adultes, pour les raisons suivantes :

a) La prise en charge de tâches dans la vie sociale, les responsabilités familiales, professionnelles, civiques et politiques, demandent aux adultes de parfaire leur formation chrétienne, sous une forme particulière et adaptée, en conformité avec la parole de Dieu (cf. AA, 29-32). Il est nécessaire de promouvoir une action concertée entre ceux qui s’adonnent à la catéchèse des adultes et ceux qui consacrent leurs efforts aux diverses formes d’apostolat des laïcs.

b) Les aptitudes et dispositions qui atteignent leur perfection à l’âge adulte, telles que l’expérience de la vie, la maturité de la personnalité, etc..., doivent être enrichies et illuminées par la parole de Dieu.

c) De plus, l’adulte doit surmonter dans sa vie certaines périodes critiques, moins visibles sans doute que celles des adolescents, mais qui ne doivent pas cependant être estimées moins dangereuses ou moins profondes. A ces heures, sa foi doit sans cesse être éclairée, développée, fortifiée.

 

LIGNES DE FORCE DE L’ÂGE ADULTE : COMMUNION ET SOLITUDE

 

93. Lorsque l’homme atteint l’âge adulte, il devient ordinairement plus capable de communiquer et d’entretenir des rapports mutuels avec ses semblables.

Cette aptitude et ce besoin de communion s’exercent dans le cadre des devoirs familiaux et dans les relations de la vie sociale : toutes choses qui tantôt facilitent la communion, tantôt (et souvent tout ensemble) lui font obstacle.

Trop souvent, en vérité, les hommes connaissent la solitude, surtout dans la société contemporaine.

La catéchèse doit montrer Dieu, qui est amour, comme le véritable auteur de l’Église, communauté de foi ; en même temps, elle doit éveiller le désir d’entrer en communion avec tout homme. Aux époux, elle rappelle que leur union intime, par la grâce du sacrement de mariage, signifie le mystère d’unité et d’amour fécond du Christ et de l’Église, et qu’elle les fait participer à ce mystère (cf. Eph 5, 32).

Dans le cadre de petits groupes de fidèles, la catéchèse aidera les adultes à vivre pleinement la charité chrétienne ; cette charité, parce qu’elle sera le signe d’une expérience commune, conduira à l’entraide mutuelle dans la foi.

 

PERFECTION DE LA PERSONNALITÉ

 

94. L’âge adulte se distingue principalement par la conscience d’avoir atteint sa personnalité totale.

L’homme qui a franchi avec succès chacune des étapes de son évolution, qui a pu communiquer avec ses semblables et exercer une activité créatrice, cet homme, quand il parvient à l’âge adulte, cherche à faire l’unité de toutes les expériences de sa vie personnelle, sociale et spirituelle. Le danger vient de ce que l’adulte, surtout s’il appartient à une société industrielle, s’imagine pouvoir réaliser cette unité simplement en s’adaptant à la société dans laquelle il vit. Or, le plein accès à la personnalité ne consiste pas seulement dans le simple équilibre extérieur entre la vie personnelle et le milieu social ; il s’agit encore et surtout d’atteindre à la sagesse chrétienne.

C’est pourquoi la catéchèse doit s’efforcer de conduire l’homme à respecter l’ordre des fins, c’est-à-dire à percevoir pleinement la véritable signification de la vie et de la mort, à la lumière de la mort et de la résurrection du Christ.

 

LA VIEILLESSE

 

95. L’importance de la vieillesse n’est pas encore assez reconnue dans le ministère pastoral.

De nos jours, le nombre des personnes âgées va croissant. Mais la société actuelle les laisse souvent de côté, il faudra y porter une particulière attention, pour ce qui est de l’activité pastorale.

Or, les personnes âgées pourront apporter à la communauté une contribution non négligeable, soit par leur activité qu’on n’estime pas toujours à sa juste valeur, soit par le témoignage de leur expérience.

De plus, c’est un devoir de justice d’aider, par la catéchèse, les personnes âgées au sujet de la mort, car celle-ci est proche au point de vue biologique, et elle est déjà là en quelque sorte au point de vue social, puisqu’on n’attend presque plus rien de leur activité.

La catéchèse doit éveiller, chez les personnes âgées, l’espérance surnaturelle qui fait envisager la mort comme le passage à la vraie vie, la rencontre avec le divin Sauveur. La vieillesse peut devenir alors le signe de la présence de Dieu, de la vie immortelle et de la résurrection future. C’est un témoignage eschatologique que les personnes âgées pourront donner par la patience envers eux-mêmes et envers les autres, par la bienveillance, par des prières de louange au Seigneur, par l’esprit de pauvreté, et la confiance en Dieu.

Sans nul doute, ce serait un grand préjudice pour l’Église si la multitude des personnes âgées qui ont reçu le baptême ne montraient pas que leur foi chrétienne rayonne d’une plus vive lumière à l’approche de la mort.

 

FORMES PARTICULIÈRES DE LA CATÉCHÈSE DES ADULTES

 

96. Il y a des situations et des circonstances qui réclament des formes particulières de catéchèse :

a) La catéchèse de l’initiation chrétienne ou du catéchuménat des adultes.

b) La catéchèse à l’adresse de ceux qui sont engagés de façon particulière dans l’apostolat des laïcs. Il est évident que, dans ce cas, la catéchèse doit proposer une étude plus approfondie du message chrétien.

c) La catéchèse à l’occasion des principaux événements de la vie : mariage, baptême des enfants, première communion et confirmation, périodes plus délicates de l’éducation des enfants, maladie de quelqu’un, etc... Ce sont les moments où les hommes sont le plus portés à s’interroger sur la véritable signification de la vie.

d) La catéchèse à l’occasion de tel ou tel changement dans la vie : entrée au travail, service militaire, migration, changement de profession ou de statut social. Ces mutations peuvent être l’occasion d’un enrichissement spirituel, mais elles peuvent également bouleverser les esprits et décourager. Le rôle de la communauté chrétienne est d’apporter, par amour fraternel, l’aide qui convient et qui est nécessaire. La parole de Dieu, qui est parfois reçue dans ces cas-là avec une plus grande ouverture d’âme, doit être une lumière et une aide.

e) La catéchèse concernant l’usage chrétien des loisirs et la catéchèse qui convient au moment des voyages de vacances (cf. Directoire Général pour la pastorale du tourisme, n. 19, 25).

f) La catéchèse à l’occasion d’événements particuliers qui concernent la vie de l’Église ou de la société.

Ces formes spéciales de catéchèse ne diminuent en rien la nécessité d’instituer des cycles de catéchèse, consacrés à l’étude systématique de l’ensemble du message chrétien. Cette formation organique et structurée ne doit assurément pas être ramenée à une simple série de conférences ou de causeries.

 

DEVOIRS PARTICULIERS DE LA CATÉCHÈSE DES ADULTES

 

97. Pour être toujours en mesure de répondre. aux plus urgentes nécessités de notre temps, la catéchèse des adultes doit :

a) Apprendre à juger sainement à la lumière de la foi les mutations sociologiques et culturelles de la société actuelle. Le peuple chrétien reconnaît de plus en plus la nécessité de chercher attentivement où peut conduire le progrès actuel de la société, et de discerner les vrais biens et les périls de la civilisation contemporaine. Il souhaite avoir une aide pour juger les mutations incessantes, il veut aussi être éclairé sur les conduites qu’il peut ou doit faire siennes.

b) Présenter les interrogations d’aujourd’hui dans le domaine religieux et moral. La catéchèse doit faire siennes les nouvelles interrogations qui surgissent au cœur de nos contemporains. Ainsi, on accorde aujourd’hui une grande importance aux questions qui ont trait aux relations sociales. L’homme désire imprimer une forme nouvelle à la société dans laquelle il vit. Cet effort de renouveau, dans lequel apparaissent nettement les responsabilités et les limites de l’homme (cf. Encycl. Populorum progressio, AAS, 1967, pages 257-299), ne peut en aucune façon échapper à l’attention de la catéchèse.

c) Éclairer les rapports qui existent entre l’action temporelle et l’action ecclésiale. Il appartient à la catéchèse d’apprendre aux chrétiens à percevoir les relations mutuelles qui existent entre les tâches temporelles et les tâches ecclésiales. Elle doit mettre en lumière le fait que l’accomplissement des tâches temporelles peut avoir une utile influence sur la communauté ecclésiale, qui devient alors plus consciente de sa fin transcendante et de sa mission dans le monde ; elle doit également montrer que l’accomplissement des tâches ecclésiales tourne au profit de la société humaine elle-même (cf. GS, 40-45).

d) Développer les fondements rationnels de la foi. L’Église a toujours défendu les fondements rationnels de la foi contre le fidéisme. La catéchèse doit, de plus en plus, développer une intelligence correcte de la foi, qui manifeste la conformité de l’acte de foi et des vérités à croire avec les exigences de la raison humaine. La catéchèse doit montrer que l’Évangile est toujours actuel et opportun. Il faut donc promouvoir une action pastorale de la doctrine et de la culture chrétienne.

 

SIXIÈME PARTIE

L’action pastorale du ministère de la parole

 

L’ACTION PASTORALE

 

98. Ce que nous avons dit de l’acte catéchistique et du contenu de la catéchèse ouvre la voie à une action pastorale, dont on examine dans cette partie les points les plus importants.

Cette action réclame des organismes appropriés, mis en place dans le cadre national par les Conférences Épiscopales, et concernant soit la délibération, soit la recherche et l’exécution. En général, ces organismes comprennent : a) une commission épiscopale pour la catéchèse, dans laquelle interviennent des membres choisis en raison de leur fonction et des experts ; b) un organisme exécutif permanent (office, centre, etc...).

Pour que l’action pastorale du ministère de la parole puisse, grâce à ces organismes, s’effectuer de manière efficace et coordonnée, il est nécessaire :

1. de préparer un rapport sur les données réelles de la situation locale et sur ce qu’il est possible de faire dans ces conditions en ce qui concerne le ministère de la parole ;

2. de publier un programme de l’action à réaliser

3. d’avoir le souci de former et d’instruire ceux qui en auront la responsabilité ;

4. de bien orienter et préparer les instruments de travail convenables ;

5. de promouvoir les structures de catéchèse qui conviennent ;

6. de coordonner l’action pastorale catéchétique avec les autres secteurs de la pastorale ;

7. de se préoccuper de la recherche

8. de favoriser la coopération internationale.

Les indications et suggestions proposées dans cette partie ne peuvent pas toujours et en même temps être mises en œuvre dans toutes les parties de l’Église. Pour les nations et les régions où l’action catéchétique ne s’est pas encore assez développée, ces suggestions et indications veulent signaler les buts qu’il faudra chercher à atteindre progressivement.

 

 

CHAPITRE PREMIER

L’analyse de la situation

 

BUT

 

99. Il est nécessaire que, dans le cadre de la Conférence, on ait une connaissance claire de la situation dans laquelle s’exerce le ministère de la parole.

Cette analyse vise à faire apparaître dans quelle mesure l’action évangélisatrice de l’Église atteint son but. C’est pourquoi il faut chercher, avec une attention soutenue, comment est exercé le ministère de la parole et quels résultats, autant qu’il est possible de les connaître, sont obtenus par la catéchèse ou les autres formes de proposition du message chrétien. On fera porter l’examen sur les entreprises de l’Église, sur l’accueil qu’elles reçoivent, sur les lieux, les personnes, les fruits obtenus, etc..

 

OBJET

 

100. L’objet de cette recherche a des aspects multiples il embrasse, en effet, l’examen de l’action pastorale et l’analyse de la situation religieuse ainsi que des conditions sociologiques, culturelles et économiques, puisque ces données de la vie collective peuvent avoir une grande influence sur le développement de l’évangélisation.

 

MODALITÉS

 

101. Comme il s’agit d’un travail assez délicat, il est nécessaire d’éviter deux dangers, à savoir :

a) considérer comme certains des éléments et des indices qui n’ont pas été suffisamment observés ou prouvés ;

b) exiger une étude d’une perfection et d’un niveau scientifique impossibles à atteindre.

Il est à noter également que les recherches techniques, par mode d’enquêtes ou de sondages, ont peu d’utilité si elles ne sont précédées d’une observation avertie des diverses formes possibles d’action pastorale. Dès lors, il est nécessaire que les Conférences Épiscopales acquièrent une vue d’ensemble de la situation, laquelle peut être obtenue en consultant des experts vraiment capables d’étudier les documents existants, et en tirant des conclusions de l’action pastorale elle-même, telle qu’elle est déjà entreprise. En ce sens, des monographies pourront apporter une aide fort précieuse.

A l’étude de la situation, toute la communauté chrétienne doit apporter son concours, prenant ainsi conscience des problèmes et se préparant à agir.

 

EFFETS

 

102. Une telle recherche n’est pas une fin en soi, elle doit éclairer une action plus vigoureuse et dégager des voies de réalisation, soit en développant les œuvres et les entreprises qui ont déjà fait preuve d’efficacité, soit en en suscitant d’autres. Il s’agit ici, en effet, de la prévision et de la préparation de ce qui devra. nécessairement se faire dans l’avenir.

Une telle recherche doit également persuader ceux qui s’adonnent au ministère de la parole que les situations humaines sont ambivalentes, en ce qui touche l’action pastorale. C’est pourquoi il importe que les ouvriers de l’Évangile apprennent à discerner les possibilités qui s’ouvrent à leur action dans une conjoncture nouvelle et variée. Il est toujours à craindre que la connaissance des difficultés ne pousse à conclure à l’impossibilité d’une action pastorale. Au contraire, chacun doit être persuadé que les réalités culturelles ne sont pas des éléments inertes, immuables, univoques, au point que la grâce et l’action pastorale seraient sans prise sur elles et, pour ainsi dire, réduites à l’impuissance. Un processus de transformation est toujours possible, qui permettra d’ouvrir un chemin vers la foi.

 

CHAPITRE II

Le programme d’action

 

PROGRAMME D’ACTION

 

103. Une fois la situation examinée avec soin, il est nécessaire de procéder à la publication d’un programme d’action, principalement par le moyen d’un Directoire catéchistique. Ce programme détermine les buts, les normes et les moyens de l’action pastorale catéchétique, de telle sorte que ceux-ci, tout en étant pleinement conformes aux buts et aux normes de l’Église universelle, répondent parfaitement aux nécessités locales.

En arrêtant le programme d’action, il ne faut pas perdre de vue les tâches que peuvent assumer les institutions strictement ecclésiales, telles que : paroisses, communautés particulières de fidèles, associations vouées à l’apostolat ; l’institution familiale ; les instituts d’éducation, comme l’école chrétienne ou neutre ; et toutes autres formes de groupes sociaux ou culturels.

Les buts à atteindre et les moyens à employer doivent être comme le pivot de tout programme d’action.

 

BUTS A POURSUIVRE

 

104. Les buts à poursuivre dans le champ d’action pastoral peuvent admettre des étapes et des modalités variées, selon les circonstances et les lieux. Tous, cependant, doivent viser au progrès de la foi et des mœurs chez les chrétiens, ainsi qu’au développement de leurs relations personnelles avec Dieu et avec le prochain. Et pour donner des exemples : que les adultes parviennent à la maturité de la foi, que la doctrine chrétienne atteigne les milieux scientifiques et techniques, que la famille puisse exercer ses responsabilités chrétiennes, que la présence des chrétiens porte ses fruits dans le travail de transformation sociale.

Comme, en général, ces buts sont multiples, il est tout à fait recommandé de les arrêter en temps opportun et selon l’ordre de priorité des objectifs à atteindre.

De plus, il sera bon d’accorder les buts pastoraux fixés pour une région avec ceux qui ont été déterminés par les Conférences Épiscopales que la situation géographique ou culturelle rend plus proches.

 

MOYENS A EMPLOYER

 

105. Les moyens à employer sont avant tout les instituts catéchistiques à promouvoir ou à soutenir, les programmes, les textes (cf. le chapitre 5 de cette VIe partie), les instruments de travail, les instructions concernant les méthodes (cf. IVe partie), etc... On ne peut pratiquement pas fixer de limites à la recherche concernant les moyens. Toutefois, il faudra toujours veiller à ce que les moyens proposés répondent toujours convenablement aux buts spirituels poursuivis.

 

NORMES

 

106. Les normes que l’on peut donner à propos de la catéchèse sont nombreuses et varient selon les buts poursuivis. Plus que d’autres, sont particulièrement importantes les normes de la catéchèse sacramentaire, telles celles qui concernent le catéchuménat des adultes, l’initiation sacramentelle des enfants, la préparation des familles au baptême des petits enfants.

Pour que ces normes soient efficaces, il convient qu’elles soient peu nombreuses et simples, et qu’elles définissent des critères externes plutôt qu’internes.

Il est évident qu’aucune norme particulière ne peut, sans l’agrément du Siège Apostolique, déroger aux lois générales de l’Église et à la pratique commune.

 

RÉPARTITION ET PROMOTION DES RESPONSABILITÉS

 

107. En premier lieu, il faut chercher à obtenir une répartition nette et efficace des tâches et des responsabilités. Il est très important, par exemple, de clarifier et de bien situer les responsabilités des familles chrétiennes, des communautés de fidèles, du clergé, des catéchistes. Cependant, il n’est pas suffisant de s’arrêter à la répartition des forces déjà existantes ; il est encore nécessaire d’éveiller et de promouvoir de plus en plus la participation de tous les chrétiens. Il faut veiller, en effet, à ce que la communauté chrétienne prenne de plus en plus conscience de son rôle, qui est d’être signe de la sagesse et de l’amour de Dieu, manifestés dans le Christ. Pour cela, il importe que, dans la mesure du possible, la communauté dans son ensemble et chaque chrétien en particulier soient opportunément informés de ce qui est à faire ; de même, il convient que tous soient invités à participer activement à l’élaboration des projets, aux décisions et à leur mise en œuvre.

Dans la préparation des programmes d’activités catéchistiques, il faut se rappeler que, parfois, certains projets peuvent créer des inconvénients ou provoquer des tensions. Des difficultés peuvent surgir, par exemple, des changements dans la manière de s’exprimer, ou encore dans les nouvelles façons de concevoir la relation éducative et apostolique. Dans ces cas, il faut éviter à tout prix ce qui pourrait troubler indûment les esprits.

Enfin, il est nécessaire que toutes les activités catéchistiques dont on vient de parler soient pourvues de ressources économiques suffisantes.

 

 

CHAPITRE III

La formation catéchistique

 

FORMATION CATÉCHISTIQUE

 

108. Toute activité pastorale, qui ne bénéficie pas du concours de personnes vraiment formées et bien préparées, est inévitablement vouée à l’insuccès. Les instruments de travail eux-mêmes ne seraient d’aucun secours s’ils n’étaient employés par des catéchistes compétents. C’est pourquoi une formation convenable des catéchistes doit venir avant la rénovation des textes et le renforcement de l’organisation catéchétique.

Il est nécessaire, tout d’abord, d’avoir soin de former ceux qui exercent des activités catéchistiques dans le cadre national. Cette tâche revient en propre aux Conférences Épiscopales. Toutefois, à la formation de ceux qui suivent les activités catéchistiques dans le cadre national, doit s’ajouter, comme son complément naturel et son prolongement, la formation des catéchistes qui exercent ces mêmes activités dans le cadre régional et diocésain. Cette seconde tâche revient aux Conférences Épiscopales régionales, là où elles existent, et à chacun des Évêques.

 

INSTITUTS SUPÉRIEURS ET ÉCOLES CATÉCHISTIQUES

 

109. il faut entretenir ou fonder des instituts supérieurs de pastorale catéchétique, dans le but de préparer des catéchistes capables d’animer la catéchèse dans le cadre diocésain ou au sein des activités auxquelles sont vouées les Congrégations religieuses. Ces instituts supérieurs pourront être nationaux ou même internationaux. Pour les études, ils doivent prendre modèle sur les universités, en ce qui concerne le cycle des études, le temps consacré aux cours et les conditions d’admission.

Dans les limites de chaque diocèse, ou tout au moins dans le ressort des Conférences régionales, il faut créer aussi des écoles catéchistiques : celles-ci ont pour but, par un cycle d’études d’un degré moins élevé sans doute, mais néanmoins efficace, de préparer des personnes qui, à temps plein, consacrent leur activité au service de la catéchèse.

 

FORMATION PERMANENTE

 

110. La formation permanente comporte diverses modalités et différents degrés. Il est nécessaire qu’elle soit prolongée tout le temps que les catéchistes restent en fonction. Elle concerne donc, à la fois, les animateurs de la catéchèse et les simples catéchistes.

La formation permanente ne peut être confiée uniquement aux offices centraux ; les communautés chrétiennes plus petites ont aussi le devoir de s’en occuper, parce que les conditions et les nécessités de la catéchèse peuvent varier selon les lieux. Le clergé et tous ceux à qui incombent des responsabilités dans la conduite et la direction de la catéchèse

ont le devoir de s’occuper de la formation permanente de ‘leurs collaborateurs dans la catéchèse.

 

BUT DE LA FORMATION CATÉCHISTIQUE

 

111. La formation catéchistique consiste essentiellement à développer les aptitudes et les compétences utiles à la transmission du message évangélique. Cela suppose donc une formation théologico-doctrinale, anthropologique et méthodologique poussée, selon le niveau de science auquel il faut parvenir. Les connaissances doctrinales, cependant, ne sont pas le terme de la formation. Car la formation ne s’achève que lorsque le catéchiste est capable de choisir la meilleure manière de communiquer le message évangélique à des groupes et à des personnes qui se trouvent toujours, en fait, dans des conditions diverses et particulières.

 

FORMATION THÉOLOGICO-DOCTRINALE, ANTHROPOLOGIQUE, MÉTHODOLOGIQUE

 

112. a) Doctrine. La nécessité d’acquérir une formation doctrinale solide s’impose d’elle-même ; cette formation doit toujours comporter une connaissance appropriée de la doctrine catholique et, dans les instituts supérieurs catéchétiques, atteindre le niveau de la théologie scientifique. La Sainte Écriture sera comme l’âme de l’ensemble de cette formation.

En tout cas, la doctrine doit être possédée de telle sorte que le catéchiste puisse, non seulement transmettre exactement le message évangélique, mais encore rendre les catéchisés capables de recevoir ce message de manière active ; qu’il puisse, en outre, discerner dans l’itinéraire spirituel des catéchisés ce qui est en accord avec la foi.

b) Sciences humaines. Notre époque se signale et se distingue par un développement considérable des sciences de l’homme. Celles-ci ne sont plus désormais l’apanage des savants ou des experts ; elles pénètrent la conscience que l’homme moderne a de lui-même. Elles affectent les relations sociales et forment, pour ainsi dire, la texture culturelle de l’humanité d’aujourd’hui, même moyennement cultivée.

L’enseignement des sciences humaines soulève de difficiles questions, pour ce qui est de les choisir et de déterminer la méthode pour les enseigner, tant ces disciplines sont nombreuses et diverses. Comme il s’agit de former, non point des experts en psychologie, mais des catéchistes, la règle à suivre est de discerner et de choisir ce qui peut directement les aider à acquérir une aptitude à la communication.

c) Formation méthodologique. Par nature, la méthodologie n’est rien d’autre que l’observation attentive des moyens confirmés par l’expérience. C’est pourquoi il faut accorder plus d’importance aux exercices pratiques qu’à l’enseignement théorique de la pédagogie. Le catéchiste a besoin, cependant, d’un enseignement théorique pour faire face correctement à des situations variées, pour éviter l’empirisme dans la transmission de la catéchèse, pour percevoir les changements dans les relations éducatives et pour bien orienter son travail futur.

Il faut bien noter, en ce qui a trait à la formation des catéchistes ordinaires (ceux qui transmettent les premiers éléments de la catéchèse), que l’acquisition des connaissances mentionnées ci-dessus est meilleure, quand on les transmet au moment même où s’exécute le travail (par exemple, au cours de sessions où l’on prépare et critique des leçons de catéchèse).

 

MANIÈRE D’APPRENDRE L’ART CATÉCHÉTIQUE

 

113. Une telle préparation est demandée au catéchiste afin de lui permettre de bien interpréter les réactions d’un groupe ou d’une personne, de savoir discerner leurs capacités spirituelles et adopter le moyen grâce auquel le message évangélique pourra être reçu avec fruit et efficacité. Pour cela, on peut envisager plusieurs méthodes : exercices pratiques, travaux en commun, analyse de cas, etc... Le nœud du problème, c’est de faire saisir et apprécier le pouvoir communicatif du message chrétien. La catéchèse, qui est un acte pastoral de l’Église, ne s’apprend pas de façon purement théorique. C’est par l’expérience, par la direction de maîtres compétents, par l’exercice même de la fonction, que s’acquiert l’art de communiquer la catéchèse ; à l’acquisition de cet art contribuent l’aptitude à l’apostolat, ainsi que la connaissance de la foi, des hommes et des lois qui commandent le développement des individus ou des communautés.

 

VIE SPIRITUELLE DES CATÉCHISTES

 

114. La fonction confiée au catéchiste réclame de lui une vie sacramentelle et spirituelle intense, l’habitude de la prière, un sens aigu de l’excellence du message chrétien et de son pouvoir de transformation vitale, l’exercice de la charité, de l’humilité et de la prudence qui permettent à l’Esprit-Saint de parfaire son œuvre féconde dans les catéchisés.

 

FORMATION DES CATÉCHISTES

 

115. Il est nécessaire que les autorités ecclésiastiques regardent la formation des catéchistes comme une tâche de la plus haute importance.

Cette formation vise tous les catéchistes (cf. AG, 17, 26), tant laïcs que religieux, et même les parents chrétiens qui peuvent en retirer une aide précieuse pour faire la catéchèse initiale et occasionnelle qui leur revient. Elle s’adresse aux diacres et, particulièrement, aux prêtres. Ceux-ci, en effet, " en vertu du sacrement de l’Ordre, à l’image du Christ, prêtre souverain et éternel (cf. Héb 5, 1-10 ; 7, 24 ; 9, 11-28), sont consacrés pour prêcher l’Évangile, pour être les pasteurs des fidèles et pour célébrer le culte divin, comme de vrais prêtres de la Nouvelle Alliance " (LG, 28). En fait, dans chaque paroisse, la prédication de la parole de Dieu est confiée surtout à l’équipe sacerdotale ; celle-ci a le devoir d’ouvrir aux chrétiens les trésors de la Sainte Écriture et, pendant le cours de l’année liturgique, d’exposer dans l’homélie les mystères de la foi et les règles de la vie chrétienne (cf. SC, 51, 52). C’est pourquoi il est très important d’assurer aux élèves, dans les séminaires et les scolasticats, une préparation catéchétique soignée et de la parfaire ensuite par la formation permanente dont on a déjà parlé (cf. n. 110).

Cette formation vise enfin les professeurs de religion dans les écoles publiques qui relèvent de l’Église ou de l’État. Pour s’acquitter d’une tâche si importante, il faudra choisir ceux qui se distinguent par l’intelligence, la doctrine et la vie spirituelle.

Il est tout à fait souhaitable que, dans ce domaine de la formation, s’établisse une véritable coopération entre les diverses activités apostoliques et la catéchèse, car, bien que de façons différentes, elles exercent la mission commune de répandre le message chrétien.

 

 

CHAPITRE IV

Les instruments de travail

 

INSTRUMENTS DE TRAVAIL

 

116. Parmi les principaux instruments de catéchèse, on compte :

- les directoires des Conférences Épiscopales,

- les programmes,

- les catéchismes,

- les textes didactiques,

  • les moyens audio-visuels.

 

DIRECTOIRES CATÉCHISTIQUES

 

117. Les directoires visent à promouvoir et coordonner l’action catéchistique sur le territoire d’une région ou d’une nation, ou même de plusieurs nations qui appartiennent à une même zone socio-culturelle. Avant leur promulgation, chaque Ordinaire des lieux sera entendu, et les directoires seront soumis à l’approbation du Saint-Siège (cf. n. 134).

 

PROGRAMMES

 

118. Les programmes déterminent, selon les âges, les temps ou les lieux déterminés, les buts éducatifs à atteindre, les critères méthodologiques à adopter, le contenu à transmettre dans la catéchèse. Il faut absolument faire en sorte que les mystères de la foi, que doivent croire les fidèles adultes, soient déjà énoncés dans les programmes pour les catéchismes des enfants et des adolescents, d’une façon adaptée à leur âge (cf. n. 134).

 

CATÉCHISMES

 

119. On doit accorder une très grande importance aux catéchismes publiés par l’autorité ecclésiastique. Leur but est de fournir en abrégé et sous un mode pratique les enseignements de la révélation et de la tradition chrétienne, ainsi que les principaux éléments qui doivent servir à l’activité catéchistique, c’est-à-dire à l’éducation personnelle de la foi. Il faut donc avoir pour les enseignements de la tradition tout le respect qu’ils méritent et veiller scrupuleusement à ne pas proposer comme doctrine de foi des interprétations particulières qui ne sont qu’opinions privées ou positions d’une école théologique. La doctrine de l’Église doit être rapportée fidèlement. Ici s’appliquent les règles énoncées au chapitre 1 de la troisième partie.

Étant donné les sérieuses difficultés de rédaction et, en même temps, l’importance particulière de ces enseignements, il convient au plus haut point :

a) de recourir au travail concerté de plusieurs experts soit en catéchèse, soit même en théologie ;

b) de consulter des hommes compétents dans d’autres disciplines, soit religieuses soit humaines, ainsi que d’autres organisations pastorales

c) de consulter chacun des Ordinaires des lieux et de tenir compte avec soin de leurs avis ;

d) de faire précéder la publication définitive d’expérimentations particulières ;

e) au bout d’un certain temps, de procéder aux révisions qui s’imposent.

Ces catéchismes, avant d’être promulgués, doivent être soumis à l’examen et à l’approbation du Saint-Siège (cf. n. 134).

 

TEXTES DIDACTIQUES

 

120. Les textes didactiques sont des moyens offerts à la communauté chrétienne qui a la charge de la catéchèse. Aucun texte ne peut remplacer la communication vivante du message chrétien. Cependant, les textes ont une grande importance, parce qu’ils servent d’appui à une explication plus large des enseignements de la tradition chrétienne et des éléments qui favorisent l’activité catéchétique. Pour la rédaction de ces textes, il importe de recourir au travail concerté de plusieurs experts en catéchèse et de prendre conseil auprès d’autres personnes compétentes.

 

LIVRES A L’USAGE DES CATÉCHISTES

 

121. Ces livres doivent contenir :

 

- un exposé du message du salut (il faudra sans cesse faire référence aux sources, et bien marquer la distinction entre ce qui appartient à la foi et à la doctrine, et ce qui représente simplement des opinions de théologiens) ;

- des conseils psychologiques et pédagogiques

- des suggestions concernant la méthode.

Il faut aussi prévoir des livres ou des documents écrits pour faciliter la recherche et l’activité des catéchisés. Ces documents écrits pourront être insérés dans les livres à l’usage des catéchisés, ou être diffusés en brochures séparées.

On aura soin, enfin, d’éditer des livres à l’usage des parents, quand il s’agit de la catéchèse des enfants.

 

MOYENS AUDIO-VISUELS

 

122. Les moyens audio-visuels sont utilisés surtout :

 

a) comme des documents susceptibles d’enrichir d’éléments objectifs l’enseignement catéchistique ; dans ce cas, ils doivent se caractériser par leur authenticité, le choix attentif des informations et la clarté didactique ;

b) comme des images capables d’éduquer correctement la sensibilité et l’imagination ; dans ce cas, ils doivent présenter un caractère de beauté et être propres à toucher les esprits.

Voici les tâches indispensables concernant ces moyens

- promouvoir des études sur les critères qui doivent orienter la création et le choix de ces moyens, en fonction des aspects particuliers qu’on veut présenter du message chrétien et des milieux particuliers auxquels on les destine ;

- apprendre aux catéchistes l’utilisation correcte de ces moyens (il arrive souvent, en effet, que les catéchistes ignorent le langage spécifique des images ; beaucoup plus souvent encore, il arrive qu’une mauvaise utilisation des moyens audio-visuels favorise, non pas l’activité, mais la passivité ; etc ... ).

 

" MASS MÉDIA "

 

123. Les " mass media ", comme on les nomme, ont pour effet, entre autres, de marquer d’un cachet de réalité et d’actualité les faits, usages et idées dont ils traitent, et, par contre, de diminuer dans l’opinion commune l’importance de ce qu’ils passent sous silence.

Le message du salut doit donc avoir sa place parmi les moyens de communication sociale (cf. IM, 3). Dès lors, il ne suffit pas de développer les moyens dont l’Église dispose déjà en ce domaine ; encore faut-il promouvoir la coopération entre producteurs, auteurs et metteurs en scène qui travaillent dans ce but. Cette coopération demande qu’au plan national et international, on organise des groupes d’experts que l’on pourrait consulter sur les programmes d’activités qui regardent la religion, et qui rendraient ainsi grand service.

Le devoir de la catéchèse est aussi d’apprendre aux chrétiens à discerner la nature et la valeur de tout ce qui est proposé par les " mass media ". Ceci suppose, évidemment, une connaissance technique préalable du langage propre de ces moyens.

 

" ENSEIGNEMENT PROGRAMME "

 

124. Dans le cadre des moyens audio-visuels que la catéchèse peut et doit utiliser pour mieux atteindre son but, il ne faut pas négliger cette méthode nouvelle, qui se développe de plus en plus aujourd’hui et qu’on appelle, dans le secteur didactique, " enseignement programmé ".

Mais ici, compte tenu des difficultés qui surgissent soit des vérités à enseigner, soit du but de la catéchèse, il faut éviter les initiatives improvisées ; dans la préparation des programmes comme dans l’expression des vérités par l’image, il vaut mieux s’assurer la collaboration d’experts en théologie, en catéchèse et en enseignement audio-visuel.

 

 

CHAPITRE V

L’organisation de la catéchèse

 

ORGANISATION DE LA CATÉCHÈSE

 

125. L’organisation de la catéchèse, dans le ressort de chaque Conférence Épiscopale, comprend surtout des structures diocésaines, régionales, nationales.

Les buts principaux de ces structures sont :

a) de promouvoir les activités catéchistiques;

b) de coopérer avec les autres entreprises et œuvres apostoliques (par exemple, commission liturgique, associations pour l’apostolat des laïcs, commission œcuménique, etc ... ) ; en effet, toutes ces activités d’Église participent, quoique de façon différente, au ministère de la parole.

 

STRUCTURES DIOCÉSAINES

 

126. Le décret Provido sane (cf. AAS, 1935, pages 151 sq) a institué l’Office Catéchistique diocésain, dont la fonction est de diriger l’ensemble de l’organisation catéchistique. Cet Office diocésain doit être composé d’un groupe de personnes possédant une compétence spécifique. L’étendue et la diversité des questions à traiter demandent que les responsabilités soient réparties entre plusieurs personnes vraiment capables.

L’Office diocésain doit aussi promouvoir et diriger le travail des organisations (centre catéchistique paroissial, confrérie de la doctrine chrétienne, etc ... ) qui constituent les cellules de base de l’action catéchistique.

Des centres permanents pour la formation des catéchistes doivent être fondés par les communautés locales. De cette façon, il apparaîtra clairement au peuple chrétien que l’œuvre d’évangélisation et la charge d’enseigner le message du salut concernent tout le monde.

L’Office Catéchistique, qui appartient à la Curie diocésaine, est donc le moyen dont l’Évêque, chef de la communauté et maître de doctrine, se sert pour diriger et conduire l’ensemble des activités catéchistiques du diocèse.

Aucun diocèse ne peut se passer d’un Office Catéchistique particulier.

 

STRUCTURES RÉGIONALES

 

127. Il convient que les divers diocèses associent leurs actions particulières, mettant en commun, pour le service de tous, expériences et entreprises, obligations et ressources ; ainsi, les diocèses mieux équipés apporteront une aide aux autres ; un programme d’action commune pourra être préparé au bénéfice de l’ensemble de la région.

 

STRUCTURES NATIONALES

 

128. Il est tout à fait nécessaire que la Conférence Épiscopale, et plus directement la Commission Épiscopale de la Catéchèse, soit dotée d’un organisme permanent.

Cet Office ou Centre Catéchistique National se propose un double but :

- être au service des besoins catéchistiques qui concernent l’ensemble de la Nation. Se rapportent à cela les publications à l’intention de l’ensemble de la Nation, les congrès nationaux, les relations avec les " mass media ", et généralement tous travaux et entreprises qui dépassent les possibilités des diocèses ou des régions ;

- être au service des diocèses et des régions pour diffuser les informations et projets catéchistiques, coordonner l’action et apporter de l’aide aux diocèses moins avancés en matière catéchétique.

En outre, il appartient à l’Office ou Centre National de coordonner sa propre action avec celle des autres organismes nationaux de pastorale, et de collaborer avec l’ensemble du mouvement catéchistique international.

 

 

CHAPITRE VI

Coordination de l’action pastorale catéchistique avec l’ensemble de l’action pastorale

 

CATÉCHÈSE ET ACTION PASTORALE

 

129. Comme tout acte important dans l’Église participe au ministère de la parole, et comme la catéchèse a toujours un rapport avec l’ensemble de la vie de l’Église, il résulte que l’action catéchistique doit nécessairement être coordonnée avec l’action pastorale en général. Le but de cette coordination, c’est que la communauté chrétienne grandisse et avance d’une façon convenable et ordonnée, car malgré la diversité des tâches spécialisées, elle tend néanmoins vers un unique but essentiel.

Il est donc nécessaire que la catéchèse soit associée aux autres activités pastorales (cf. M. P. Ecclesiae Sanctae, n. 17), c’est-à-dire aux mouvements biblique, liturgique, œcuménique, à l’apostolat des laïcs, à l’action sociale, etc... En outre, il ne faut pas oublier que cette collaboration est nécessaire dès le début, quand commencent les études et que s’élaborent les principes d’organisation du travail pastoral.

 

CATÉCHUMÉNAT DES ADULTES

 

130. Le catéchuménat des adultes, qui est à la fois catéchèse, participation liturgique et vie communautaire, fournit un remarquable exemple d’une telle institution qui naît de la collaboration de diverses charges pastorales. Son but, en effet, est d’ouvrir la route spirituelle des hommes qui se préparent au baptême, de diriger leur changement de mentalité et de mœurs. C’est une école préparatoire à la vie chrétienne, une introduction à la vie religieuse, liturgique, caritative et apostolique du peuple de Dieu (cf. AG, 13-14 ; SC, 65 ; CD, 14). C’est à la communauté chrétienne entière, par les parrains qui la représentent, et non seulement aux prêtres et aux catéchistes, que revient cette tâche.

 

 

CHAPITRE VII

Nécessité de promouvoir la recherche scientifique

 

RECHERCHE SCIENTIFIQUE

 

131. Étant donné l’évolution rapide de la culture d’aujourd’hui, le mouvement catéchistique, sans le secours de la recherche scientifique, ne pourra aucunement progresser.

C’est pourquoi il est nécessaire que les organismes nationaux des Conférences Épiscopales développent des recherches concertées. Il faudra décider le programme des recherches à entreprendre ; s’informer des questions dont l’étude est déjà en cours et prendre les contacts nécessaires avec les personnes compétentes qui y travaillent ; entreprendre l’étude des questions non encore soumises à la recherche, après avoir réuni toutes les ressources économiques nécessaires.

Il peut se présenter des sujets de recherche dont l’intérêt est universel : par exemple, les rapports entre la catéchèse et l’exégèse actuelle, la catéchèse et l’anthropologie, la catéchèse et les " mass media ", etc... La nature et les difficultés propres à ces recherches réclament souvent une coopération internationale.

 

COOPÉRATION INTERNATIONALE

 

132. Le Collège Apostolique remplit sa charge de manière solidaire (cf. LG, 212-23 ; AG, 38 ; CD, 2, 4). Plusieurs fois, dans cette partie du Directoire, ont été examinées certaines conséquences de cette solidarité qui atteignent la catéchèse (par exemple, chapitre 2 : accord sur les objectifs pastoraux entre nations plus rapprochées ; chapitre 3 : création d’instituts supérieurs ; chapitre 4 : élaboration d’instruments de travail communs ; chapitre 7 : recherche scientifique).

La coopération internationale est requise aussi en ce qui concerne le ministère de la parole destiné aux migrants.

La tâche à accomplir est double. D’une part, il est nécessaire d’apporter la parole de Dieu aux migrants. En raison de la diversité des langues, des cultures et des coutumes, il est nécessaire d’établir des échanges mutuels d’informations et de personnes entre les églises des nations d’origine de ces migrants et les églises qui les accueillent. D’autre part, il est indispensable que le ministère de la parole rende les chrétiens des pays d’adoption conscients des problèmes qui se posent aux migrants, et prompts à les entourer d’un amour fraternel.

La coopération internationale est requise également pour la catéchèse des touristes. En effet, il est reconnu que le tourisme se développe de plus en plus entre tous les pays (cf. Directoire Général pour la pastorale du tourisme, passim).

La coopération internationale doit se faire attentive aux charges et aux situations des églises locales. C’est pourquoi les nations les mieux pourvues quant aux personnes, aux ressources économiques et à la recherche scientifique, doivent apporter leur aide aux autres nations moins favorisées, sans exiger qu’on adopte, pour autant, leurs manières de penser et d’agir, ou leurs méthodes.

 

LE SAINT-SIÈGE

 

133. De même que Pierre a été établi tête du Collège Apostolique et fondement sur lequel est édifiée l’Église, ainsi le Successeur de Pierre, le Pontife Romain (cf. LG, 22), est la tête visible du Collège des Évêques et de tout le peuple de Dieu. Il remplit sa charge universelle d’enseignement et de gouvernement en tant que Vicaire du Christ et Pasteur de l’Église universelle (cf. LG, 22) toujours pour l’utilité spirituelle et le progrès du peuple de Dieu. Il peut s’acquitter librement de sa charge, selon les besoins de l’Église, soit personnellement, soit de façon proprement collégiale, c’est-à-dire avec les Évêques de l’Église universelle. Il l’exerce de manière personnelle, soit par son action propre, soit par des actes ministériels, en premier lieu ceux des Dicastères de sa Curie Romaine.

 

LA SACRÉE CONGRÉGATION POUR LE CLERGÉ

 

134. La responsabilité centrale de la catéchèse, pour les territoires dits de droit commun, est confiée à la Sacrée Congrégation pour le Clergé (Deuxième Section). Elle exerce une charge d’élaboration, de coordination et de direction pour tout ce qui peut favoriser la prédication de la parole de Dieu et les œuvres d’apostolat ; elle est chargée de publier des informations et de promouvoir, autant qu’il est possible, la collaboration entre les différentes nations.

Elle s’occupe du développement et de la direction des services préposés à la catéchèse.

Elle examine et approuve les directoires de catéchèse, les catéchismes et les programmes de prédication de la parole de Dieu réalisés par les Conférences Épiscopales. Elle encourage les congrès nationaux de catéchèse, elle approuve et réunit les congrès internationaux (cf. Const. Apost. Regimini Ecclesiae universae, n. 69 ; Lettre de la Secrétairerie d’État du 20 août 1969, n. 143741).

 

NOTE ADDITIONNELLE

 

Au sujet du premier accès aux sacrements de pénitence et d’eucharistie

 

Entre autres tâches de la catéchèse, la préparation des enfants aux sacrements de pénitence et d’Eucharistie revêt une grande importance. A ce propos, il paraît opportun de rappeler quelques principes et de faire quelques remarques sur certaines expériences qui ont été faites récemment ici ou là dans l’Église.

 

L’AGE DE DISCRÉTION

 

1. L’âge convenable pour la première réception de ces sacrements correspond à celui qui, dans les documents de l’Église, est appelé l’âge de raison ou de discrétion. Cet âge, " tant pour la confession que pour la communion, est celui où l’enfant commence à raisonner, c’est-à-dire autour de sept ans, soit au-dessus, soit au-dessous. À partir de ce moment, commence l’obligation de satisfaire aux deux préceptes de la confession et de la communion " (Décret Quam singulari, 1, AAS, 1910, page 582). Il est bon que cet âge, qui se développe graduellement, qui est susceptible de conditions variées et présente un caractère particulier pour chaque enfant, soit étudié et décrit dans des recherches de psychologie pastorale. Il faut veiller, cependant, à ne pas étendre le moment où le précepte de la confession et de la communion commence de soi à obliger, en dehors des limites, d’ailleurs souples, énoncées ci-dessus.

 

LA FORMATION ET LE DÉVELOPPEMENT DE LA CONSCIENCE MORALE DES ENFANTS

 

2. Chez l’enfant, tandis que peu à peu se développe la capacité de raisonner, se perfectionne aussi la conscience morale, c’est-à-dire la possibilité de juger ses actes par rapport à une règle morale. A la formation de cette conscience morale, concourent divers éléments et circonstances : la famille avec ses valeurs et sa discipline, c’est elle qui, dans les premières années de la vie de l’enfant, domine les autres influences éducatives ; la fréquentation des autres, ainsi que les œuvres et le témoignage de la communauté ecclésiale. La catéchèse, selon son rôle d’enseignement et de formation de la foi chrétienne, ordonne ces divers éléments éducatifs, elle les favorise et agit en commun avec eux. C’est de cette façon seulement qu’elle pourra opportunément orienter le cheminement de l’enfant vers le Père céleste, et corriger les déviations ou les orientations mauvaises qui pourraient se rencontrer. Sans aucun doute, à cet âge, il faut parler aux enfants, d’une façon aussi simple que possible, de Dieu notre Seigneur et notre Père, de son amour envers nous, de Jésus le Fils de Dieu, qui pour nous s’est fait homme, est mort et est ressuscité. En contemplant l’amour de Dieu, l’enfant pourra, peu à peu, découvrir la malice du péché, qui offense toujours Dieu le Père et Jésus, et qui s’oppose à la charité dont nous devons aimer le prochain et nous-mêmes.

 

EXPLIQUER AUX ENFANTS L’IMPORTANCE DU SACREMENT DE PÉNITENCE

 

3. L’enfant, qui commence à offenser Dieu par le péché, commence aussi à ressentir le désir d’obtenir le pardon, non seulement de ses parents ou de ses proches, mais aussi de Dieu. La catéchèse l’aidera à entretenir ce désir de façon salutaire ; elle lui inspirera une sainte aversion pour le péché et lui montrera la nécessité de se corriger et surtout d’aimer Dieu. A ce propos, il appartient spécialement à la catéchèse d’expliquer, de façon appropriée, que la confession sacramentelle est le moyen offert par l’Église à ses fils pour obtenir le pardon, et même qu’il est, de soi, nécessaire pour celui qui est tombé dans le péché grave. Sans aucun doute, les parents chrétiens et les éducateurs religieux doivent instruire l’enfant de telle sorte qu’il s’efforce avant tout de progresser dans un amour plus intérieur du Seigneur Jésus et dans une charité authentique à l’égard du prochain. Il faut présenter la doctrine du sacrement de pénitence dans une large perspective de purification et de progrès spirituel, toutes choses qui requièrent une grande confiance dans l’amour et la miséricorde de Dieu. Ainsi, les enfants pourront-ils peu à peu acquérir une grande délicatesse de conscience ; de plus, ils ne se décourageront pas quand il leur arrivera de s’écarter quelque peu du droit chemin.

L’Eucharistie est le sommet et le centre de toute la vie chrétienne. Pour recevoir la communion, non seulement l’état de grâce est requis, mais une grande pureté d’âme est tout à fait souhaitable. Il faut prendre garde, cependant, que les enfants ne s’imaginent pas que la confession est nécessaire avant la réception de l’Eucharistie même pour celui qui, aimant Dieu sincèrement, ne s’est pas écarté gravement de la voie des commandements divins.

 

AU SUJET DE QUELQUES EXPÉRIENCES NOUVELLES

 

4. Récemment, dans certaines régions de l’Église, à propos du premier accès aux sacrements de pénitence et d’Eucharistie, des expériences ont été faites, qui soulèvent le doute et la perplexité.

Pour anticiper à bon escient la communion des enfants, pour éviter dans la vie chrétienne à venir les perturbations psychologiques qui peuvent résulter d’une pratique prématurée de la confession, pour favoriser enfin une meilleure éducation spirituelle à la pénitence et une préparation catéchétique plus solide à la confession elle-même, certains ont pensé pouvoir admettre des enfants à la première communion, sans la réception préalable du sacrement de pénitence.

Pourtant, l’accès au sacrement de pénitence dès le début de l’âge de discrétion, pourvu qu’il soit précédé, comme de juste, d’une préparation catéchétique bienveillante et prudente, ne fait pas, en soi, de tort aux âmes des enfants. L’esprit de pénitence, grâce à l’enseignement catéchétique qui l’éduquera même après la première communion, pourra se développer davantage ; de la même manière, pourront grandir la connaissance et l’estime du grand don que le Christ a accordé aux hommes pécheurs par le sacrement du pardon et de la réconciliation avec l’Église (cf. LG, 11).

Néanmoins, dans certains endroits, s’est introduite la pratique d’intercaler ordinairement quelques années entre la première communion et la première confession. Dans d’autres endroits, les innovations ont été plus prudentes, soit qu’on n’ait pas autant différé la première confession, soit qu’on ait tenu compte de l’avis des parents qui préfèrent que leurs enfants accèdent au sacrement de pénitence avant la première communion.

 

ESTIMER LA PRATIQUE COMMUNE EN VIGUEUR

 

5. Le Souverain Pontife Pie X a déclaré : " La coutume de ne pas admettre les enfants à la confession, ou de ne jamais leur donner l’absolution, alors qu’ils ont atteint l’âge de raison, est à désapprouver absolument " (Décret Quam singulari, VII, AAS, 1910, page 583). On ne peut guère satisfaire au droit qu’ont les enfants baptisés de confesser leurs péchés si, au moment où ils atteignent l’âge de discrétion, ils ne sont pas préparés et conduits avec douceur au sacrement de pénitence.

Il faut aussi avoir devant les yeux l’utilité de la confession ; même lorsqu’elle ne porte que sur des péchés véniels, elle conserve sa valeur ; elle apporte un accroissement de grâce et de charité, elle développe les bonnes dispositions de l’enfant à l’égard de la réception de l’Eucharistie, et elle aide à parfaire la vie chrétienne. Il semble donc que l’utilité de la confession ne peut être exclue au nom de ces formes pénitentielles ou du ministère de la parole, par lesquelles on a raison de développer chez les enfants la vertu de pénitence. Tout cela peut être fructueusement réalisé en même temps que le sacrement de pénitence, lui-même préparé par une catéchèse convenable. L’expérience pastorale de l’Église, illustrée aujourd’hui encore par de nombreux témoignages, lui enseigne combien est favorable l’âge dit de discrétion, pour que la grâce baptismale des enfants, par le moyen d’une réception bien préparée des sacrements de pénitence et d’Eucharistie, porte ses premiers fruits, qui devront ensuite se développer avec l’aide d’une catéchèse prolongée.

Tout bien pesé, considérant qu’on ne peut en principe déroger à une pratique commune et générale qu’avec l’assentiment du Saint-Siège, ayant pris l’avis des Conférences Épiscopales, ce même Saint-Siège estime qu’il convient de conserver la coutume en vigueur dans l’Église, de faire précéder de la première confession la première communion ; ce qui n’empêche absolument pas de parfaire cette coutume de diverses manières : ainsi, par le moyen d’une célébration pénitentielle commune qui précède ou suive l’accès au sacrement de pénitence.

Quant aux raisons et circonstances particulières aux diverses régions, le Saint-Siège ne les néglige pas, mais il exhorte les Évêques, en cette affaire importante, à ne pas s’écarter de l’usage en vigueur, sans d’abord en avoir conféré avec lui dans un esprit de communion hiérarchique. Eux-mêmes ne laisseront, en aucune façon, les curés, les éducateurs ou les instituts religieux, commencer ou poursuivre l’abandon de la pratique en vigueur.

Dans les régions où se sont déjà introduites de nouvelles pratiques qui s’écartent notablement de l’usage, que les Conférences Épiscopales veuillent bien soumettre ces expériences à un nouvel examen ; si elles désirent ensuite les prolonger, qu’elles ne le fassent pas sans d’abord en avoir conféré avec le Saint-Siège, et que ce soit en plein accord avec lui qui les entendra volontiers.

Le Souverain Pontife PAUL VI, Pape, a approuvé, confirmé de son autorité et ordonné de rendre de droit public ce Directoire Général avec sa Note additionnelle, par lettre de sa Secrétairerie d’État n. 177335 du 18 mars 1971.

Rome, le 11 avril 1971, en la Résurrection du Seigneur.

 

 

Jean I. Cardinal WRIGHT, Préfet

+ Pierre Palazzini, secrétaire

 

 

N.d.T. - Dans la présente traduction,

les citations des divers textes du Concile Vatican II sont généralement reproduites d’après la traduction Les Actes du Concile, coll. " L’Église aux cent visages ", n- 16, 20, 21 ; Édit. du Cerf, Paris 1965-1966 ;

les expressions " contenu de la catéchèse " ou " contenu du message chrétien " correspondent au latin " materia catecheseos ", " materia nuntii christiani

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